Inutile de présenter une nouvelle fois The Austrasian Goat, projet déjà abordé ici par mes chroniques de
Stains of Resignation et
Paved Intentions. Julien Louvet jouit d'une certaine renommée dans le milieu du black metal, de par sa productivité ahurissante (remise récemment sur le devant de la scène grâce à l'édition CD de la compilation
Principles of Disillusion par Music Fear Satan) ainsi que de nombreuses collaborations au sein d'autres formations (Death To Pigs, Yrsel, Devilish Cheat...). Un nom récurrent dont le premier album sorti en 2007 sur I Hate et 213 Records a fait grand bruit.
Par contre, vous n'allez pas échapper à une énième référence à la région d'origine de Julien Louvet qui, ici plus que dans ses autres sorties, prend une place importante dans l'intérêt que je lui porte. The Austrasian Goat vient de Lorraine, et ce premier album en est imprégné dans ses moindres recoins. Si à son écoute je pense déjà à des entités aussi différentes que Jesu, Nortt ou Xasthur, le one man band se sert de ses influences pour créer une musique qui lui est propre. Mécanique, nihiliste, éthéré et funéraire, ce premier jet rappelle avant toutes choses ces endroits décharnés de la vallée de la Fensch, où les immenses usines d'une période florissante sont laissées à l'abandon, comme des cloques de rouille balafrant le paysage. Un monde à l'arrêt, coincé entre recherche d'un second souffle et glorification d'un passé qui ne cesse pourtant de pourrir sous nos yeux.
Impossible pour moi, qui ai grandi dans cet environnement, de ne pas être touché par ces neuf compositions (comprenant une reprise de Grief, la haineuse « I Hate the Human Race ») dont les répétitions paraissent figurer cette atmosphère de terre repliée sur elle-même, laissée au bord de la route du Progrès. Si quelques sursauts apparaissent, ces quarante-deux minutes sont majoritairement constituées d'une boite à rythme bloquée en première vitesse ainsi que des guitares congelées mettant dans un état semblable à un coma artificiel. Une musique jusqu’au-boutiste dans la lente asphyxie qu'elle cherche (et réussit) à transmettre, dévitalisant le corps pour le rendre pareil à cette voix fantomatique, lointaine et acrimonieuse.
The Austrasian Goat n'est cependant pas un disque qui, comme cela se fait habituellement, souhaite enfermer l'auditeur dans une ambiance crasseuse. Bien que moins serti d'arrangements en tous genres que le mélancolique
Stains of Resignation, il possède une certaine beauté qui fait passer aisément les rythmiques et mélodies d'escargot dont il se sert. Il y a derrière la voix acide de Julien Louvet et ses instruments quelque chose d'onirique, presque majestueux, qui transforme en caresses les gifles de sa boite à rythme autoritaire. Une qualité donnant à cet album une aura irréelle mais aussi un défaut, le caractère extrêmement soigné de l'ensemble ne permettant pas d'aller au bout de ce désespoir qui le traverse. Cet entre-deux ayant du mal à choisir entre noirceur totale et charme de la grisaille me laisse partagé, à la façon d'une durée totale qui, si elle s'arrête avant l'ennui, ne donne pas le temps de totalement s'imprégner de l’œuvre.
Mais, encore une fois, je ne peux que ressentir des liens avec cette musique, en tout point marquée par ma terre natale. Si ne pas avoir grandi là-bas n'empêche pas de l'apprécier, elle résonne d'une façon particulière chez moi. Ah ! Dire qu'au moment de sa sortie, je l'avais dédaigné, préférant acheter d'autres albums plus attirants que du funeral ! Considérez ce texte comme des excuses.
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