High On Fire - Snakes For The Divine
Chronique
High On Fire Snakes For The Divine
Puisqu'à ma grande surprise aucune chronique du trio d'Oakland ne figurait encore sur Thrasho, corrigeons ce flagrant manque de goût en causant du petit dernier en date, « Snakes For The Divine », cinquième full length d'un combo formé en 1998 par Matt Pike (du groupe de doom SLEEP), George Rice et Des Kensel. Ayant découvert le groupe en live avec l'excellent « Blessed Black Wings » du temps où Relapse avait pris les américains sous son aile, j'ai vite été séduit par l'authenticité et l'incroyable énergie déployée par la bête, qui semble avoir été spécialement conçue pour les fans de MOTÖRHEAD en recherche d'une puissance similaire, quoique moins prévisible, mais également plus riche et extrême. Aux confluents du thrash, du doom et du stoner, HIGH ON FIRE emprunte autant aux vieilles gloires du metal de la première heure – Matt Pike a grandi avec SLAYER, JUDAS PRIEST ou encore METALLICA – qu'aux héraults des seventies désormais sanctifiés comme BLACK SABBATH ou LED ZEPPELIN, sans jamais se départir d'une fougue thrash qui les rapproche, en terme d'impact, d'un KYLESA, autre éminent animateur de la cause sludge/stoner. Au croisement de plusieurs genres à priori peu propices à la conciliation, il n'est donc pas surprenant que HIGH ON FIRE se soit rapidement imposé comme une figure de proue du genre métallique dans son ensemble, la qualité de ses productions et de ses performances scéniques lui valant, à l'heure ou j'écris ces lignes, d'ouvrir pour METALLICA sur la tournée européenne des Four Horsemen.
L'approche résolument rock et brute de décoffrage de HIGH ON FIRE combinée à l'interprétation rageuse de Matt Pike (littéralement habité quand il se produit sur les planches) et à la dimension épique des morceaux – le title track et « How Dark We Pray » frayent au-delà des huit minutes de durée – forment le ciment d'un contenu musical béton et recouvert de nombreuses aspérités sonores que l'amateur de productions cliniques et javélisées à l'extrême aura peut être du mal à encaisser, le caractère glaireux et on ne peut plus éraillé des lignes de chant du sieur Pike pouvant présenter un obstacle insurmontable pour qui cherche une ritournelle à siffler sous la douche. Froide la douche, il va sans dire, à l'image de la reprise en main brutale d'une « Frost Hammer » à vous glacer le sang à compter de 4 :42, pour un début d'album pied au plancher comme le groupe nous y a habitué ; tempo enlevé, fureur lead incontrôlable et rythmiques fougueuses domptées à grand peine par l'irréprochable section rythmique Kensel/Matz, tout juste prête-t-on une attention distraite aux véléités mélodique d'un Matt Pike chanteur sur l'excellent break mélodique de « Frost Hammer », « Snakes For The Divine » et ses leads entêtantes d'ouverture ouvrant le bal des vampires de manière on ne peut plus carnassière, toutes canines dehors et avec l'évidente soif d'en découdre à l'ancienne, sans autre forme de procès qu'une exécution sommaire sur la place du village avec une masse et un pieu. Une approche traditionaliste et quasi old school, à l'instar de lyrics inspirés de la littérature d'épouvante (Clive Barker, H.P. Lovecraft) qui légitiment le recours à l'artwork de comic books sur « Death Is This Communion » ou le « Snakes For The Divine » qui nous concerne. En bons artisans du metal donc, les américains parsèment leur nouvelle offrande de passages aussi éruptifs que brillants, tout en ménageant l'auditeur avec quelques incursions doom du plus bel effet comme sur la processionnaire « How Dark We Pray » ou la délicieusement envoûtante et sabbathienne « Bastard Samourai », pas loin d'être le meilleur extrait avec la furieuse « Frost Hammer » sus-mentionnée.
Ces bases ainsi posées (ça c'était pour vous donner envie de vous pencher sur leur cas), « Snakes » n'est pas sans défauts, à commencer par la production à l'étouffée d'un Greg Fidelman qui va finir avec un contrat sur sa tête à force de tirer vers le bas les groupes qu'il prend en charge. Car indépendamment de la plus value artistique apportée en studio – si l'on en croit Matt Pike, Greg Fidelman leur a été d'une grande aide sur le plan créatif – force est de constater le caractère profondément inoffensif des derniers skeuds sorti sous son patronage, d'un « World Painted Blood » qui n'avait pas besoin de lui pour battre de l'aîle à un « Death Magnetic » limite honteux dans ce domaine. Au tour de HIGH ON FIRE de voir sa puissance naturelle mise sous l'éteignoir d'une prod permettant certes de distinguer tous les instruments mais dont l'insigne faiblesse finit par pénaliser le groupe, malgré tous les efforts déployés ici pour livrer un contenu rageur et dynamique. Pour ne rien arranger, l'album et les morceaux sont un peu trop longs, HIGH ON FIRE tirant ici sur la corde rythmique à de nombreuses reprises sans que la répétition des riffs n'apporte la moindre plus value à des titres comme « Fire, Flood & Plague », pour n'en citer qu'un parmi les dernières salves du skeud, bien moins inspirées que les trois premières. Redondance et lassitude ternissent donc le tableau d'une deuxième partie de programme qui fait regretter la hargne des livraisons précédentes, « Blessed Black Wings » en tête, même si dans l'absolu « Snakes For The Divine » reste très recommandable pour qui découvrirait HIGH ON FIRE. Typiquement l'exemple de l'album moyen/bon qui aurait gagné à être boosté par une prod faisant la part belle aux guitares et dont on guettera l'interprétation live pour voir ce que les nouveaux morceaux ont vraiment dans le ventre.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
9 COMMENTAIRE(S)
citer | lkea 13/08/2013 21:42 | note: 8/10 | Boucherie ultra metal. |
citer | Crom-Cruach 28/03/2012 12:08 | | Juste pour dire que Matt Pike est toujours bien tendu du slip et que "De Vemis Mysteriis" (merci Lovecraft !!) possède quelques morceaux brise-nuques comme on aime (tel Bloody Knuckle) ... en alternance avec des trucs plus lourds voir pachydermiques (comme Madness of an architect).
Après deux écoutes, un bon High On fire quoi !! |
citer | Je n'ai que Death is this Communion, d'eux, mais j'ai adoré. Cette chro m'aura rappelé d'acheter Snakes ! |
citer | Barak 02/05/2010 17:02 | note: 8.5/10 | Bah pour moi, c'est juste le meilleur album du groupe. Une sacrée claquasse! |
citer | Loin de la folie d'un blessed black wings, le tempo est beaucoup trop ralenti et l'ensemble pas assez gras pour du high on fire! Déçu même si la qualité de certains riffs est indéniable |
citer | Je n'ai que Surrounded By Thieves de HOF, qui dans mon souvenir est bien poisseux, et dont la prod a le côté étouffé que tu mentionnes, mais elle colle parfaitement à la musique trouvé-je. |
citer | Arnaud 02/05/2010 10:31 | note: 8/10 | Un bon album, il n'égalera pas "Blessed Black Wings" qui reste pour moi un incontournable des années 2000, mais il y a de trés bon morceaux une nouvelle fois.
Peut-être un peu moins épique que "Death Is This Communion", mais beaucoup plus direct et intense, le jeu de Kensel à la batterie en témoigne, je trouve qu'ils pas mal misé sur l'efficacité.
Seul défaut pour moi, c'est qu'il y 4 titres absolument monstrueux, les 3 premiers qui ouvrent l'album et le jouissif "How Dark We Pray" (quelle ambiance !!! ), les riffs sont géniaux, c'est varié (ce côté je rentre dans une nouvelle dimension sur "Frost Hammer" par exemple, l'énorme intro de "Bastard Samuraï" et j'en passe). Tout ce que le trio peut offrir de meilleur. Le reste paraît bien fade à côté, un peu basique, linéaire et pas aussi captivant.
Dommage, mais pas de quoi bouder son plaisir d'avoir un nouveau HOF. |
citer | Ikea a écrit : Très bonne chronique !
Pour High On Fire, je n'ai écouté que "Blessed Black Wing" (j'ai aussi Death Is This Communion mais pas encore jeté une oreille dessus...) qui donne bien envie de regarder, un whisky à la main, deux bombasses se battre dans la boue.
Merci bien Ikea! Ma préférence va à "Blessed Black Wings" mais ce nouvel album n'est pas mauvais pour autant. |
citer | lkea 01/05/2010 20:35 | note: 8/10 | Très bonne chronique !
Pour High On Fire, je n'ai écouté que "Blessed Black Wing" (j'ai aussi Death Is This Communion mais pas encore jeté une oreille dessus...) qui donne bien envie de regarder, un whisky à la main, deux bombasses se battre dans la boue. |
AJOUTER UN COMMENTAIRE
9 COMMENTAIRE(S)
13/08/2013 21:42
28/03/2012 12:08
Après deux écoutes, un bon High On fire quoi !!
03/05/2010 07:25
02/05/2010 17:02
02/05/2010 11:38
02/05/2010 10:58
02/05/2010 10:31
Peut-être un peu moins épique que "Death Is This Communion", mais beaucoup plus direct et intense, le jeu de Kensel à la batterie en témoigne, je trouve qu'ils pas mal misé sur l'efficacité.
Seul défaut pour moi, c'est qu'il y 4 titres absolument monstrueux, les 3 premiers qui ouvrent l'album et le jouissif "How Dark We Pray" (quelle ambiance !!! ), les riffs sont géniaux, c'est varié (ce côté je rentre dans une nouvelle dimension sur "Frost Hammer" par exemple, l'énorme intro de "Bastard Samuraï" et j'en passe). Tout ce que le trio peut offrir de meilleur. Le reste paraît bien fade à côté, un peu basique, linéaire et pas aussi captivant.
Dommage, mais pas de quoi bouder son plaisir d'avoir un nouveau HOF.
01/05/2010 21:31
Pour High On Fire, je n'ai écouté que "Blessed Black Wing" (j'ai aussi Death Is This Communion mais pas encore jeté une oreille dessus...) qui donne bien envie de regarder, un whisky à la main, deux bombasses se battre dans la boue.
Merci bien Ikea! Ma préférence va à "Blessed Black Wings" mais ce nouvel album n'est pas mauvais pour autant.
01/05/2010 20:35
Pour High On Fire, je n'ai écouté que "Blessed Black Wing" (j'ai aussi Death Is This Communion mais pas encore jeté une oreille dessus...) qui donne bien envie de regarder, un whisky à la main, deux bombasses se battre dans la boue.