Amateurs de
Snakes for the Divine, bandez tout ce que vous voulez ! High On Fire est de retour plus dur que jamais avec
Luminiferous, album succédant à l'un peu trop timoré
De Vermis Mysteriis. Oubliez les concepts un peu fumeux – bien que présents ici par des histoires de voyage au Pérou ayant marqué Matt Pike, celles-ci sont racontées désormais par le fer et les muscles – ou encore les tracklists « hit and miss » de certains longue-durées des Ricains, ici pleinement fidèles à l'image qu'on aime se donner d'eux : celle d'un Conan en guerre, fier, roublard, guidé par le sang de ses ennemis à verser et le sien à faire vibrer. L'ultrametal au cœur.
En effet,
Luminiferous est peut-être bien ce que High On Fire a fait de mieux dans sa longue carrière. Sans invalider d'autres œuvres fortes en sensations comme
Blessed Black Wings – la troupe de Matt Pike est de celles qui, comme Bolt Thrower, donnent l'impression de toucher une certaine perfection le long de leur discographie –, ces nouvelles cinquante-quatre minutes tiennent si fermement cette ambiance de mystique partagée la hache au vent qu'elles ne font jamais redescendre. Dès la furieuse « The Black Plot », le trio paraît se donner corps et âme à ses rêves de combattants aux membres disproportionnés, à commencer par ce chant fiévreux, gourmand de luttes contées les lèvres pleines d'appétit. On en a vécu des rencontres avec des impitoyables mercenaires dans le metal, de ceux qui font le concours à qui sera le plus barbare, bourré, bourru ou impressionnant : considérez-les désormais au mieux comme bon second, les hauts en feu se lançant dans la bataille avec une telle exubérance, que ce soit dans son centre (les brûlots « Carcosa » et « The Sunless Years » par exemple) ou en la contemplant de leurs yeux émerveillés (les belles et sanglantes « The Falconist » et « The Cave », véritables ballades de Cimmérien), qu'ils font s'imaginer compagnon de fortune tombant dans une joie sadique à trancher au sein d'un décor sauvage, dru, filmé par John Milius.
Plus qu'une compilation de riffs headbanguants (qui vous feront vite acheter de nouveaux feuillets si vous commencez à vouloir les noter), de détours amenés avec intelligence (Ahah, cette blague ! Le cerveau se trouve dans les biceps maintenant ?) ou de choix artistiques fameux (des crânes et des yeux rouges : autre chose ?), c'est bien cette grâce toute metal qui compte ici, celle qui ne fait voir la lumière que dans l'enflammé et la beauté dans l'image d'une prairie indifférente aux cadavres saignant sur elle. Bien sûr, tout est déjà connu chez High On Fire, de son mélange entre stoner, thrash et doom faisant se rejoindre des formations tutélaires aussi différentes que Slayer et Mötorhead à ces plaisirs d'Ostrogoth qu'il aime donner en long et large : il s'affirme cependant comme l'un des seuls à même de magnifier ces choses comme elles demandent à l'être, par des proportions monumentales sans aucune retenue dans leurs coups secs (« Slave the Hive ») ou des peintures du chaos grignotant la totalité du monde (le final « The Lethal Chamber », menaçant jusqu'à ses derniers instants). Une générosité inattendue tant elle est rare, dont seuls peuvent se targuer, à part les Ricains, les précieux
Horn of the Rhino – ce qui est loin d'être un hasard pour qui les a déjà écoutés.
Tout à prendre et rien à jeter sur
Luminiferous ! S'il manque ici un « To Cross the Bridge » ou
« Snakes for the Divine » pour asseoir définitivement la suprématie de High On Fire, son déroulement constamment tendu où les baisses de rythme ne se font pas en régime ainsi que des instruments épiques en toutes occasions, d'un Matt Pike bestial à une batterie tenue par Des Kenzel prenant souvent la part du lion, font qu'il ne faut pas passer à côté de lui. De quoi donner à son quotidien des allures d'épopée écrite par Robert E. Howard, incertaine et aventureuse. Ô combien plus vivante.
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03/01/2017 10:33
07/07/2015 12:21