Le plaisir inénarrable de choisir un groupe totalement au hasard dans la liste des demandes en attente et de se rendre compte qu’on a pioché une bombe…
ENMITY, c’est d’abord un casting ahurissant, notamment :
Steeve « Zuul » Petit (chez
NO RETURN depuis 2000 et l’album
« Self Mutilation » ou encore
ZUUL FX) au micro,
George Kollias (
NILE,
SICKENING HORROR) à la batterie ainsi qu’un tas d’invités prestigieux dont
Karl Sanders (
NILE),
Max Otero de
MERCYLESS ou encore
David Roustany du trop méconnu
ALEISTER, que les plus anciens tels que moi avaient découvert en 1995 sur la compilation
« Brutale Generation » avec le titre « Bastard » et qui ne se lassent toujours pas d’écouter les deux seuls mais excellents albums parus à ce jour :
« Tribal Tech » (1994) et
« No Way Out » (2019).
Je vous présente dès à présent mes excuses pour cette séance de
name dropping mais cela m’a paru important de bien planter le contexte et ainsi expliquer la haute explosivité de «
Demagoguery ». En effet, même s’il s’agit d’un premier album sous ce nom, tous les musiciens sont sévèrement aguerris aux musiques extrêmes, les sept compositions devant donc être comprises comme étant celles de personnalités chevronnées qui n’ont plus grand-chose à prouver, tant en termes de savoir-faire que de « crédibilité metal ».
Le pendant négatif d’une telle concentration de sommités est qu’on a déjà connu des réunions encore plus prometteuses et qui se sont avérées être de petites bouses inoffensives, je pense par exemple à
KILLER BE KILLED qui ne fait aujourd’hui rêver personne si ce n’est les coiffeurs-barbiers. Bref, tout cela pour dire que même si le plat sent bon la France et le champignon, nous ne sommes hélas pas à l’abris d’un goût insipide. Et bien heureusement tel n’est pas le cas avec les un peu plus de trente minutes que dure cet album. Le style est pourtant totalement balisé : un bon vieux et gras
thrash death metal comme
NO RETURN le faisait si bien (j’insiste sur ce temps imparfait), mixé et masterisé à la perfection par
Jean-François Dagenais qui s’y entend pour faire sonner un groupe.
Ici, ça ne cherche pas à taper dans le mélodique suédois ni à écrire des refrains entraînants en voix claire. La seule ambition est de déployer le plus de puissance possible, de balancer des gros bastos en rafales et de ne pas se laisser piéger par une technique trop envahissante. Pourtant, les mecs ont le niveau, la question n’est pas là, il suffit d’entendre ce que balance
Michael Perwira dans son groupe de
brutal death TROJAN pour être convaincu que personne n’a perdu de sa verve avec l’âge. A ce titre,
ENMITY semble faire davantage office de cours de récréation pour l’ensemble des protagonistes, un espace où ils peuvent jouer
à la fraîche, décontractés du gland. Et ils banderont quand ils auront envie de bander.
Du coup, quand les musiciens rentrent dans le dur, c’est vraiment très dur. L’auditeur se mange le gros mur du son : rythmiques épaisses comme les bras de Maïté, solos flamboyants, chant bien vénère et double pédale qui te colle des palpitations, des hémorragies internes. Pouvait-on sincèrement demander autre chose ? Bon, j’avoue, au regard du pedigree, je n’aurais pas été contre quelques plans plus complexes car c’est mon péché mignon mais comme le quintette a plutôt choisi de se cotiser pour acheter un gros rouleau compresseur, je fais contre mauvaise fortune bon cœur et me laisse assommer sans rien dire par les coups de batte assénés en continu.
Je sais bien que le groupe est international mais, tant pis, chauvinisme oblige, je dirai qu’encore une fois la France est à la pointe de ce qui se fait de mieux en matière de
metal et que même si le
thrash death n’est
à priori pas mon style de prédilection, des albums de la trempe de «
Demagoguery » sont trop rares pour être ignorés. Une belle fessée, sèche et sans débat.
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