Kaizen - Clear The Path

J'ai toujours eu des groupes "chouchous", vous savez le genre de groupes pas très connus que vous avez adoré dès les premières secondes et qui même si leur musique n'apporte rien de révolutionnaire vous laissent un souvenir indélébile. Et bien Kaizen en fait partie. Quand j'ai écouté pour la première fois le titre "Cathodictate" sur le sampler de HNH durant ce fameux été 2003, à St-Jean-de-Mont en Vendée (ville, en passant, que je ne peux que vous conseiller), ma seule envie fut de retourner à Paris le plus rapidement possible pour me procurer ce "Clear The Path". Malheureusement j'ai dû attendre tout ce putain de mois d'août et me contenter d'écouter "Cathodictate" en boucle. Ce n'est qu'en septembre que je pûs enfin acheter cette merveille et me prendre une des baffes les plus magistrales que j'ai jamais prises musicalement. Explications.

Kaizen est un groupe Français, de ma belle région d'Ile-de-France (les Yvelines pour être précis). Se limitant d'abord à des reprises de Sepultura, les Franciliens finissent par trouver leur propre style et sortent deux démos ("Leadership" en 2000 et "Supporting Continual Improvement" en 2001) qui rencontrent un franc succès. C'est en 2003 que Kaizen (doctrine économique japonaise de Toyota signifiant littéralement "processus d'amélioration continue") nous offre son premier LP et le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils n'ont pas fait les choses à moitié.

De l'intro industrielle sur fond de bêlements de moutons de "Leadersheep" au petit cadeau ulta brutal caché à la fin du disque sur "Neuronic Compressor", on ne s'ennuit pas une minute. Kaizen pratique une musique pour le moins énergique, entre power, thrash, indus et death, à la croisée de Sepultura, Fear Factory (sur Soul Of A New Machine) et Napalm Death. La volonté de brutaliser sauvagement l'auditeur est bien aidée par une production, réalisée par Alexis Phélipot (Misanthrope, No Return, Drowning, Kristendom...), très claire et über puissante (un peu à la Chaos A.D.). Les riffs, la plupart du temps mid-tempo et souvent saccadés, martelés en cadence par la double, sont tous des appels sauvages au headbanging. A retenir tout particulièrement "Cathodictate", le presque néo-métal "Spearhead Of Lies", le bondissant "Inner Force Control" et surtout, le meilleur titre de l'album, l'excellent "Dreaming" avec son riff thrash/death énorme (à partir de 0'42) et son final grandiose à la Davidian sur un solo planant du plus bel effet. Pour varier les plaisirs, de nombreux breaks sont utilisés, ainsi que des sons électroniques qui donnent un côté indus à Kaizen très sympathique ("Colorblind", "Out Are The Wolves"...). Les points positifs sont nombreux, on peut également citer la mise en avant de la basse qui n'est pas pour me déplaire ("Leadersheep", "Spearhead Of Lies", "Neuronic Compressor"...). Même si le mid-tempo est majoritaire, Kaizen sait accélérer quand il faut et je peux vous dire que ça y va sec. Les blasts bien bourrins de "Leadersheep" et de "Inner Force Control" ne me contrediront pas et montrent par la même occasion le talent du batteur (récemment parti du groupe snif!). Le chanteur lui est tout bonnement monstreux avec sa voix d'ours affamé. Il se paie même le luxe d'un petit passage en chant clair sur "Colorblind" et "Inner Force Control" très réussi, chapeau! Au niveau des textes, les paroles semblent tourner autour de la liberté de penser, un choix de thème difficilement blâmable.

Sur ces 38 minutes, Kaizen me fait l'effet d'un véritable rouleau compresseur. Si ça ne tenait qu'à moi je leur aurai bien filé un 9 mais je ne serai peut-être pas assez objectif. 8.5 est quand même un minimum et puis ça laisse un peu de place pour le prochain album qui ne devrait plus tarder et que j'attends avec impatience. Si vous ne connaissez pas encore ce groupe, jetez-vous dessus sans retenue vous me remercierez! Kaizen ça troue le cul, tout simplement.

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