On peut dire que je l'aurai attendu celui-là, et je ne pense pas avoir été le seul tant
Clear The Path avait mis tout le monde à genoux en 2003. Dès ce premier album, Kaizen fût considéré comme l'un des meilleurs espoirs de la scène métal française.
Il y a 2-3 mois, le morceau "Therapy", extrait du nouvel album des Franciliens était proposé sur le Net. Et là c'est le drame, le titre ne m'accroche pas du tout et je ne retrouve pas la rage communicative de
Clear The Path! Kaizen se serait-il planté, endormi par tous les louanges reçus en 2003? Le titre de son nouvel album s'avérerait-il prémonitoire pour le groupe?
Lorsque j'ai pu enfin écouter
Sink, la réponse s'est rapidement faite à mes oreilles: sûrement pas! Je poussais alors un soupir de soulagement, content de voir que Kaizen ne serait pas l'un de ces trop nombreux groupes à avoir sorti un excellent album pour retourner dès le prochain dans les méandres de l'anonymat.
Premier coup d'éclat: la production. Concoctée par Mark Mynett (Kill II This) dans son studio de Manchester, celle-ci est d'une puissance et d'une clareté rares, relativement proche du son de
Clear The Path mais en plus soignée. On distingue parfaitement tous les instruments des uns des autres qui forment pourtant un tout compact et ravageur. Autant dire qu'on s'en prend plein la tête pendant 45 minutes!
Concernant l'évolution artistique, Kaizen suit le chemin que
Clear The Path avait tracé (ou plutôt dynamité). Gloire ici aux riffs mid-tempo plus ou moins rapides, saccadés, et suivis comme leur ombre par une double pédale monumentale, à la manière d'un Fear Factory des grands jours (à noter que c'est Laurent Caradec qui a enregistré ses parties de batterie mais qu'il a quitté le groupe avant la sortie de l'album, remplacé par Fabien Rault). C'est ultra-efficace, catchy, groovy (putain de basse!), headbangant à mort et accrocheur sans être raccoleur (certains riffs flirtent pourtant avec le néo brutal). En gros, c'est un peu comme la mère de Cartman, difficile de ne pas rentrer dedans! Les tueries "Solitude In Misery", "Swarm Of Locusts", "Walls Divided", et "Gangrene" sont données vainqueurs par KO! On note également la volonté d'être encore plus direct que sur
Clear The Path, avec notamment la supression quasi totale des samples qui conféraient à Kaizen un côté indus sympathique. Le combo ne garde ainsi d'indus que la production froide. Le chant clair, avec lequel Johann Porcher faisait quelques tentatives pourtant réussies, a lui complètement disparu. Place uniquement à ses grognements d'ours bien maîtrisés même si Johann se laisse parfois aller à quelques hurlements plus éraillés ("Sunless"). Les seules concessions à l'efficacité pure et dure sont les deux instrumentaux, "Disassembly" avec sa guitare acoustique enregistrée comme avec le son d'une vieille tape, et "Descending", jolie outro mélodico-mélancolique au piano. C'est une bonne idée de les avoir insérés mais leur placement en fin de CD laisse à désirer. Il eût été plus judicieux de mettre "Disassembly" à la 6ème ou 7ème place plutôt qu'à la 9ème, afin de laisser plus d'espace entre les deux.
Venons-en maintenant au principal reproche de cet album, qui fait que malgré la qualité de celui-ci,
Clear The Path lui reste supérieur.
Sink manque d'accélérations et se cantonne trop à son mid-tempo certes efficace mais un peu redondant parfois. J'aurais ainsi préféré un rythme globalement plus rapide. Ca me saute aux oreilles quand j'écoute "Gangrene" (morceau dont le début ultra bourrin apparaissait en bonus caché à la fin de
Clear The Path): les gros blasts et la furie presque grind du début en font le meilleur morceau de l'album. Ca blaste également sur "Walls Divided", "Therapy" et "Quicksand" mais un peu plus n'aurait pas été du luxe. Et même si Kaizen ne cherche pas à blaster à tout va (ce n'est après tout pas du brutal death), le groupe aurait pu appuyer sur l'accélérateur plus souvent en gardant plus d'influences thrash.
Voilà pourquoi ce
Sink est quand même une petite déception, comparé à ce
Clear The Path si magistral. Ne vous y trompez pas non plus, ce nouvel album de Kaizen reste très compétitif, bourré de riffs efficaces et puissants entre power, death, néo brutal et hardcore (mosh-parts inside), avec ce jeu de double pédale sur les riffs saccadés qui a toujours autant d'effet sur mes cervicales. Servi en plus par une production à faire pâlir n'importe quel groupe américain à la mode, Kaizen confirme son talent pour le bon gros métal des familles. J'espère seulement que pour sa prochaine livraison, le groupe n'hésitera pas à accélérer davantage...
3 COMMENTAIRE(S)
11/12/2005 13:53
10/12/2005 19:26
10/12/2005 18:30