Certains groupes sont vraiment sympas avec nous, pauvres chroniqueurs bénévoles dévoués que nous sommes et j’aimerais les en remercier. Je ne fais aucunement allusion ici à une quelconque pratique de corruption du personnel du webzinat à laquelle Thrashocore s’est toujours refusé de céder (du moins tant que les tarifs proposés ne seront pas dignes de ce nom). Non je pense ici à ces groupes qui, par l’extrême médiocrité ou la qualité irréprochable de leurs sorties, rendent tellement facile notre exercice chroniquatoire qu’un petit remerciement est la moindre des choses. Je crois même savoir que mon ami Thomas Johansson a fait livrer l’été dernier quelques chocolats fourrés au cyanure à Mr Mustaine en guise de remerciement pour « Super Collider ». A mon tour je souhaiterais ici même remercier Julien, Olivier, Kevin, Éric et Adrien qui en sortant la tuerie qu’est « Carnivore Sublime » me rendent la tâche si facile.
Mine de rien cela fera bientôt quinze ans que nos frenchies préférés enchaînent les albums avec une qualité quasi constante maintenue sortie après sortie à quelques poils de couille près, des débuts black du groupe jusqu’au grind-death actuel en passant par le bon gros death gras et groovy. Tout en suivant la ligne directrice qui est la sienne, Benighted n’a jamais réellement sorti deux fois le même album. Mieux, Benighted n’a jamais sorti un mauvais album et ça peu de groupes peuvent s’en vanter. Dans un milieu où certains crient inlassablement au manque d’originalité, laissez-moi hurler de joie à la constance de qualité. Si
« Asylum Cave » avait été plutôt très bien accueilli dès sa sortie « Carnivore Sublime » semble prendre un chemin encore plus radieux tant les avis paraissent unanimement dithyrambiques le concernant, et à juste titre. Je dois avouer que personnellement je me suis toujours demandé si un jour Benighted arriverait à faire mieux qu’
« Identisick » qui, aux côtés d’ « I.C.P. » il est vrai, représentait pour moi l’album extrême quasi parfait. Plus j’écoute ce nouveau bébé et plus je me dis que ce moment est peut-être finalement arrivé.
Si sur la forme « Carnivore Sublime » (enregistré une fois de plus au Kohlekeller Studios et bénéficiant donc d'un son en béton) se rapproche beaucoup de son prédécesseur notamment aux premières écoutes, il prend d’emblée le parti d’une ligne bien plus brutale tant le groupe maintient la pression du début à la fin sans AUCUN temps mort. De la violence gratuite et expéditive de « X2Y » au groove irrésistible de « June and the Laconic Solstice » il est purement et simplement impossible de s’ennuyer ou de piquer du nez. « Carnivore Sublime » ne souffre d’aucun titre plus faible que le reste, tout est d’une qualité invraisemblable de la première à la dernière seconde. Et d’une intensité ! Mazette ! C’est bien simple Benighted n’a jamais autant labouré nos tympans. A ce titre tirons un sacré coup de chapeau à Kevin Foley qui réalise ici sa meilleure prestation avec le groupe, d’une brutalité et d’une intensité sans nom. C’est une véritable boucherie avec du blast beat par quintaux pendant le plus clair de l’album et juste ce qu’il faut de groove, un vrai régal ! Non mais écoutez-moi ce « Slaughter/Suicide » sans déconner ! Et si la section rythmique est irréprochable, on peut en dire autant du travail des guitares puisque la paire Oliver / Adrien a su une fois de plus enfanter d’une armée de riffs gardant la patte Benighted évidemment avec parfois un petit goût acide un peu plus prononcé. Quoiqu’il en soit pas d’inquiétude, le groove inhérent au combo est toujours intact et « Carnivore Sublime » comme ses ainés regorge de passages imparables à s’en dévisser la caboche (« Noise » à 59’’, « Slaughter/Suicide » à 28’’, « Spit » à 1’12, « Defiled Purity » à 1’19, le début de l’excellente « Jekyll » puis à 1’10, le titre éponyme à 3’58, « Les Morsures du Cerbère » 26’’ et 56’’, « June and the Lunatic Solstice » à 17’’ puis 1’22). Personne n’était, je suppose, très inquiet de la prestation de Julien qui nous gratifie ici de son habituelle alternance de growl puissant et grassouillet, de gruiks mordants et d’éructations hystériques épaulé de temps à autres par les lignes plus hardcore d’Adrien comme ce dernier en a l’habitude avec F Stands For Fuck You (dont les trois membres font désormais partie de Benighted soit dit en passant). Dissertant une fois de plus d’esprits pas totalement sains (on parle de cannibalisme cette fois-ci, c’est bien ça ?), Mr Truchan apporte une nouvelle fois cette couleur vocale bien propre à Benighted et si délectable. Venu prêter main forte à Julien (qui n’en n’avait pas réellement besoin hein) Michael Kern (Mortal Decay) vient montrer son joli brin de growl sur le titre de clôture mais le featuring le plus intéressant restera indéniablement celui du frontman de Shining invité à pousser la chansonnette avec le groupe sur « Spit », Kvarforth qui viendra aider notre frontman à rendre l’ambiance encre plus malsaine avec ses lignes de chant torturées apportant un vrai cachet vicieux au seul titre de l’album récupérant au passage quelques légers relents black metal. Toutefois Julien pousse tellement son growl vers le putride sur la fin de « Collection Of Dead Portraits » qu’on en viendrait presque à se demander s’il n’a pas réinvité son pote Majewski.
Dernier enregistrement avec Éric à la basse (remplacé il y a peu par Alexis Lieu) et premier avec Adrien à la guitare, « Carnivore Sublime » m’a totalement scotché dès la première écoute et s’impose d’emblée comme l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur album du groupe. Extrêmement brutal, rapide, groovy mais surtout totalement cohérent, homogène et sans aucune fausse note de la première à la dernière piste ce nouveau bébé se cale d’entrée de jeu dans les starting-blocks pour les meilleurs albums de l’année 2014. Je le place pour le moment au même niveau qu’
« Identisick » que je tenais jusqu’ici pour indétrônable. Seul le temps permettra peut-être de les départager. En attendant ne vous trompez pas « Carnivore Sublime » est une énorme tuerie, un incontournable, un indispensable pour tout fan de metal extrême. Oui môssieur !
NB : la version limitée top moumoute de l’album comprendra un cd bonus comprenant des reprises de Rammstein (« Du Riechst So Gut »), Aborted (« Meticulous Invagination ») et Machine Head (« Old »), les deux premières ayant déjà été dévoilées par le groupe, ainsi que quatre titres live et deux version démos.
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