On ne présente plus Benighted. Fleuron du métal extrême français, qui a prouvé via ses différents albums et ses innombrables prestations scéniques que Saint Etienne avait autre chose à offrir à la France qu’une ignoble tendance à aimer le vert (désolé, je suis Lyonnais). A ce titre, le groupe n’avait pas immortalisé encore de façon convenable ses représentations live, à l’exception d’un DVD bonus sur l’édition limitée d’
« Identisick », qui manquait un peu de consistance niveau son ; par contre c’était déjà une belle boucherie, même si le line up n’avait plus grand-chose à voir avec l’actuel, et il était donc bien temps de mettre tout cela à jour.
Et quelle plus belle occasion que le SYLAK OPEN AIR 2014 (dont vous retrouverez dans nos colonnes le live report complet, avec photos s’il vous plait) pour immortaliser la magnifique brutalité d’un concert de Benighted ? Un festival en plein air, quasiment à la maison (région Rhône Alpes represent’), avec tout un tas de copains pour animer la fosse, avouez qu’il y a avait pire comme conditions. Nous en arrivons donc à l’objet souvenir, ce double DVD / CD live, numéroté parait-il à 2000 exemplaires seulement (n° 1368 par ici), qui à mon niveau était forcément un achat obligatoire, ayant été au cœur de la fosse durant tout l’enregistrement (jeu concours Thrashocore : trouve Chris dans la fosse pendant le concert de Benighted. Indice : il a une tête et deux yeux, et moins de cheveux qu’il y a d’albums de gothique chez Keyser. Bonne chance !!). Première étape obligée : le son, qui est ENORME. On n’en attendait pas moins, mais c’est mieux en le disant. Alors oui, le son a été retouché c’est évident, notamment parce que j’ai un bon souvenir de légers loupés d’Olivier sur un solo ou deux (notamment celui de « Let the Blood Spill Between my Broken Teeth », complètement loupé), qui sont pourtant ici impeccable ; mais ne leur jetons pas la pierre, le numérique existe et ce serait con de s’en priver, et puis tout le monde le fait. Ce qui compte, c’est qu’en bagnole tu n’entendes plus le bruit de ton moteur, et reconnaisse le solo en oubliant les fausses notes, c’est ici le cas, et le reste n’importe peu.
Seconde étape, la prestation, qui est ENORME (comme un sentiment de « déjà vu », pas vous ?). Je ne vais pas m’étaler des heures entières sur ce point non plus, vous les connaissez aussi bien que moi, ils savent envoyer du pâté bien comme il faut, avec un Julien phénoménal de maîtrise sur son panel de vocaux, qu’il enchaîne à vitesse grand V avec une fluidité magistrale ; un Kevin Folley, alias « le roux qui blaste plus vite que son ombre », impeccable lui aussi ; et nos 3 magiciens des instruments à corde qui assurent avec fureur et précision l’essentiel des rythmiques et mélodies. A ce titre, Pierre le « nouveau » bassiste (suite au surprenant départ des 2/5 du line-up courant d’année dernière) remplace franchement bien Adrien aux backings vocals (« Collection of Dead Portraits » en tête), même si j’avoue pour le moment garder un souvenir plus marquant de ceux d’Adrien, justement. A concert exceptionnel, invités d’exception, et ce sont ici les chanteurs de Receuil Morbide et le bassiste historique de Benight’ Candy qui font une apparition respectivement sur « Prey » et « Slaughter / Suicide ». Ce dernier en profite pour slammer une fois le morceau fini, et Julien fera de même en plein milieu d’
« Asylum Cave », sans cesser de growler pour autant, classe.
Niveau image, le montage est nerveux sans être épileptique, et les plans sur le public permettent de prendre la température de la fosse sans les coups de coudes qui vont avec d’ordinaire. Chaque zicos a son instant de gloire, et quelques audacieux montages accompagnent particulièrement bien les morceaux (je ne sais plus sur quel titre, un passage blasté est accompagné chaque seconde d’un zicos différent à l’image, cela rend particulièrement bien à l’écran !)
J’apporterai un seul bémol à ce concert de louanges, une setlist qui n’a rien d’exceptionnel, elle : suivant le groupe depuis
« ICP », j’aurai adoré un petit « Stay Brutal » ou
« ICP », qui sont eux aussi taillés pour la scène. Sans doute que le changement brutal de line-up quelques mois avant le SYLAK a forcé le groupe à opter pour la sécurité niveau setlist, ce qui peut se comprendre. Pour être aussi parfaitement exhaustif, le DVD comporte également tous les clips du groupe (6 à date), qui permettent de parcourir le chemin parcouru entre un « Fœtus » en basse résolution (aussi bien musicalement que visuellement) et un « Experience your Flesh » bénéficiant d’une vraie ligne directrice en termes de clip et de morceau. Sont également inclus une dizaine de minutes bonus avec d’autres morceaux, d’une très bonne qualité sonore et visuelle, qui s’ouvrent sur un Braveheart et se finissent sur un
« Asylum Cave » bordélique à souhait, le public sur scène et Julien chantant l’intégralité du morceau porté par le public.
Excellente photographie de Benighted anno 2014, « Brutalive the Sick » était un achat obligatoire pour ma part, ayant vécu l’instant. A vous de mesurer l’intérêt vous concernant, mais en tout cas, au rayon « enregistrement vidéo live de musique qui fait mal aux oreilles », on est dans le haut du panier, et les frissons de plaisir auditifs seront nombreux, c’est promis.
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