On ne peut réfuter le fait qu'avec
« Identisick », les stéphanois de Benighted avaient frappé un grand coup sur la scène extrême française. Un album salué unanimement par la critique, et pour cause : un album brutal, ultra efficace et groovy à la fois, sublimé par un Julien Truchan utilisant avec maestria son plus bel organe (celui du haut coquinou !) pour notre plus grand plaisir. A part quelques hérétiques,
« Identisick » avait mis tout le monde d'accord. Dire que son successeur était attendu de pied et d'oreilles fermes relève donc du doux euphémisme.
Alors, on prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. Depuis 2005 quelques changements ont opérés pour le groupe. En effet, changement de batteur, Fred Fayolle ayant été remplacé par le tout jeune Kevin (Kikou pour les intimes) et puis changement de label, fini Adipocere Benighted œuvre désormais pour Osmose qui devrait, on n'en doute pas, faire de son mieux pour exporter nos frenchies comme ils le méritent.
Rentrons donc dans le vif du sujet. Autant le dire d'emblée ce nouvel album ne m'a pas autant emballé que son prédécesseur, et ce dès les premières écoutes. Mais j'en vois déjà trépigner dans le fond. Calmez-vous, loin de moi l'idée de dire que « Icon » est un mauvais album, non. Je n'ai seulement pas pris la claque que j'espérais prendre et qui avait été celle reçue à l'écoute d'
« Identisick ». Expliquons nous.
Après une première écoute attentive je dois avouer ne pas avoir été marqué par beaucoup de morceaux, mis à part les trois premiers et « Saw it all » qui avait déjà été mis à notre disposition bien gentiment. Au fil des écoutes et les morceaux se dévoilant petit à petit, mon opinion germa pour finir par se forger après un bon nombre de tours dans mon superbe lecteur CD. « Icon » m'a tout d'abord semblé assez proche de son ainé, aidé en cela par une prod similaire au son moderne très propre et puissant (issu du Kohlekeller studio pour les deux) pour finalement révéler un certain nombre de différences heureuses pour certaines, moins pour d'autres.
Premier effet kiss-cool de ce nouvel opus un feeling plus grind que sur
« Identisick » et qui se fait sentir dès l'entame de l'album avec l'explosive « Complete exsanguination », il en ressort un côté plus fougueux et hargneux tout au long de l'album. Les compos s'avèrent très rythmées, bourrées de changement de tempo et de riffs, donnant ainsi une bonne dynamique à l'ensemble qui ne s'installe jamais dans la monotonie. Chaque titre (ou presque) possède sa partie brutale, son riff thrashy (« Slut » à 1'09, « Saw it all » à 1'21, « Pledge of retaliation » à 2'02, « Icon » à 1'07), son riff plus lourd (« Slut » à 2'18, « Forsaken » à 1'30, « Pledge of retaliation » à 1'20). On retrouve également quelques passages plus mélodiques qu'à l'accoutumée, notamment sur « Grind wit » où la guitare puis la basse s'adonnent à une partition fort bienvenue, sur « Forsaken » à 2 minutes ; on notera aussi deux ou trois riffs plus techniques comme le début de « Forsaken » ou encore sur « Blindfolded centuries ». Eternel atout au sein de Benighted, Julien nous montre une nouvelle fois toute l'étendue de son talent à en faire pâlir encore plus Armande Altaï. A noter en plus que le monsieur a eu la bonne idée de ressortir de ses vieilles cordes vocales sa voix hurlée plus typée black (ça c'est juste pour que notre ami de chez Danone fasse un malaise vagal) et qu'il avait quelque peu délaissée précédemment. Concernant la nouvelle recrue officiant derrière les fûts, force est de constater que le jeune homme est bougrement impressionnant pour son âge (20 ans je vous le rappelle). Son jeu sans grande extravagance mais très carré et mature apporte une base rythmique solide à l'album.
Evidemment vu comme ça vous vous demandez sûrement ce qui a bien pu ne pas ma plaire dans cet album. Eh bien pour commencer je dois dire que certains riffs sonnent à mes oreilles de manière bien trop « monocorde » (au sens propre du terme), ceci évoquant toujours en moi un côté presque « néo métal » de par l' aspect simple de la technique (attention, je ne suis pas en train de dire que Benighted fait du néo métal hein, qu'on soit bien d'accord). Je pense à des riffs comme celui du début de « Slut », de « Saw it all » ou encore sur « Smile then bleed ». Non pas que le riff en lui même soit mauvais mais simplement cette impression de « je n'ai qu'une corde à ma guitare » qui me gène un peu. Pour être encore plus méchant (pour une fois) je pourrais même dire que certains riffs flirtent avec le métalcore (« Smile then bleed » à 2'42, le début de « Icon »), et qu'ils auraient certainement fait tache sur un album comme « I.C.P. », et pour couronner le tout trouver carrément certains titres un peu trop « faciles » pour du Benighted comme « Smile then bleed » par exemple qui n'est pas mauvais pour autant mais personnellement j'attends mieux de la part du groupe. A force de sortir de (très) bons albums on attise d'autant plus l'exigence de ses fans.
Une fois de plus les paroles traitent des errances de l'esprit humain, chaque chanson retraçant la lente chute d'un homme dans la psychose.
Globalement ce « Icon » m'apparaît comme un poil moins brutal que son prédécesseur, j'y trouve à peine ma dose de blasts, même si pour autant l'album ne manque pas d'intensité et d'efficacité. Mais pour moi ce n'est clairement pas l'album le plus brutal du groupe comme on le prétend au dos du promo. Ceux qui comme moi avaient adoré
« Identisick » y trouveront pour la plupart certainement leur compte, pour ma part je trouve ce nouvel opus un cran en dessous (même si je n'irais pas jusqu'à parler de déception faut pas exagérer non plus) et j'ai peur qu'il tienne moins bien sur la longueur que son ainé. A voir…
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