Benighted - Identisick
Chronique
Benighted Identisick
S'il y a un album qui était très attendu sur la scène brutale française c'était bien celui-ci. Il y a 3 ans, Benighted mettait la scène extrême à genoux avec « Insane Cephalic Production », son 3ème album, une perle de brutalité maitrisée. Avec cet album Benighted amorçait alors un changement de style, délaissant quelque peu son côté black (cf « Psychose ») pour accentuer le trait death et surtout injecter une bonne dose de groove à leur musique. Il en résultait un album d'une puissance assez phénoménale, une musique brutale mais jamais ennuyeuse. Grâce à cet « I.C.P.», Benighted s'est définitivement fait un nom pour tous les amateurs de sensations musicales fortes!
Voilà pourquoi cet « Identisick » était tant attendu! Et on imagine la pression qui peut peser sur les épaules d'un groupe au moment d'accoucher du successeur de L'album qui leur a ouvert les portes de la reconnaissance. Et les pauvres auditeurs que nous sommes de stresser en attendant le-dit album, ayant en tête les nombreux groupes s'étant cassé la gueule au moment où l'on attendait le plus d'eux ! (je ne citerai aucun nom…). J'ai moi-même été contraint d'augmenter ma consommation quotidienne de bières pour compenser la perte de ventre que le stress et l'anorexie engendrés par l'attente de cet album avaient provoqué chez moi.
Trêve de galéjades voyons donc ce que ce nouvel opus a dans le ventre!
Tout d'abord, pour avoir une vision d'ensemble, disons qu'il continue fidèlement sur la lancée d' « I.C.P. ». Les fans de ce dernier ne devraient donc pas être trop décontenancés. Les influences black ont ici quasiment disparu (sauf peut-être ce passage de 2'00 à 2'10 sur « Identisick » ou quelques légers relents sur « The twins ») et Julien n'utilise plus ce côté de sa voix. Pour ce qui est de la production il n'y a vraiment rien à redire tant elle frôle la perfection : le son des guitares est énorme, la batterie parfaitement mixée (avec une double pédale peut-être un peu plus en retrait que sur « I.C.P. »), une basse bien présente…bref tout est réuni pour servir la puissance des compos du groupe. Une prod puissante, lourde et tranchante comme un scalpel! Le tout ayant été enregistré aux studios Kohlekeller en Allemagne.
L'album démarre en trombe avec la géniale « Nemesis » et dès les premières secondes on est plongé dans l'ambiance : gros blast, grosse voix… et ces riffs purement jouissifs et groovy comme c'est pas permis! Même ma grand-mère headbanguerait là-dessus!… Je dois avouer que l'entame de cet album est vraiment vraiment parfaite ; et par entame j'entends les 3 premiers morceaux qui ne souffrent d'aucun défaut. Tous regorgent de blasts à foison, de riffs thrashisants excellents (sur « Nemesis » à 1'00 puis 2'38 ; sur « Collapse » à 1'04 et 2'50) et de mosh parts redoutables (sur « Nemesis » à 1'54 ; sur « Collapse » de 0'53 à 1'15…), bref je ne vais pas non plus disséquer toutes les chansons il y aurait bien trop de boulot! « Identisick » enchaîne avec son début très thrashy et son petit solo tout à fait sympatrique (première chanson où Julien chante en français). Un titre à l'image de l'album : bourré de changements de rythme et de riffs, avec ces vocaux impeccables (et même quelques sing alongs sur la fin…) qui donnent immanquablement envie d'onduler son petit corps musclé.
Attention, je ne mets pas ces 3 morceaux à part parce qu'ils seraient les meilleurs de l'album mais tout simplement parce que ce sont eux qui nous introduisent à ce nouvel album et il est vrai que j'ai été assez scotché! Pour autant le reste de l'album n'en est pas moins bon.
« Sex addicted » poursuit l'aventure avec un invité de marque en la personne de Leif de Dew Scented, nous offrant un duo vocal convaincant, et on aura même le droit à un petit break…flamenco! « Mourning affliction » m'obligera une fois de plus à utiliser les termes « groove » et « mosh » dans cette chronique (ce passage à 2'27 qui est purement fait pour briser le plus de cervicales possibles) et à souligner l'énorme grunt de fin ; tandis que « The twins » nous offrira quelques relents un peu blackisants mais rien à voir avec ce que le groupe faisait il y a quelques années. S'ensuivent « Ransack the soul » (quelle voix au début!), « Blind to the world » et son petit solo bien senti, « Spiritual manslaughter » (2ème titre chanté en français) et « Iscarioth » qui clôt l'album en beauté avec ses gimmicks de guitare excellents sur le refrain, une chanson qui amène un peu de mélodie dans ce monde de brutes (attention c'est pas du suédois non plus… ;-) ).
Mais Benighted s'est rappelé à ce bon vieil adage « Quand y'en a plus y'en a encore! » en nous proposant gentiment une magnifique reprise des maîtres Napalm death avec « Suffer the children » (un des grands classiques des anglais, issu de mon album fétiche « Harmony corruption ») avec leur compatriote Kris de Kronos en invité. Autant vous dire que cette reprise botte le cul mes amis!
Le groupe a vraiment travaillé ses compos pour éviter toute lassitude de l'auditeur, et c'est réussi! Les chansons sont bourrées de riffs différents, de changements de rythme incessants passant par toutes les formes imaginables. C'est cela qui donne son côté si « groovy » à la musique de Benighted. Jamais une chanson ne se résume à un blast de 3 minutes ou à une accumulation de blasts. Les titres sont variés, aérés et l'on ne sait jamais ce qui peut se cacher au détour d'un refrain…un blast? Une mosh part? un plan bien thrash?
Chapeau bas également au hurleur en chef Julien Truchan qui martyrise ses cordes vocales comme un aliéné, assurant des voix ultra gutturales sans pour autant donner dans le porcinet enragé (une sorte de mix entre Beheaded et Prostitute Disfigurement), des voix criées tout aussi efficaces et surtout mariant les deux à merveille. N'oublions pas Fred Fayolle qui livre une vraie démonstration de martelage de fûts en bonne et dûe forme qui est pour beaucoup dans ce groove énorme qui ressort de l'album.
Pour les paroles, Benighted erre toujours dans les couloirs de cet hôpital psychiatrique où les tourments de l'âme humaine sont mis à nus (recherche de son identité, personnalité multiple etc…). Ce qui n'empêche pas d'égratigner nos sociétés modernes à travers la religion (« Spiritual manslaughter ») ou les progrès scientifiques à outrance (« Blind to the world »).
Ajoutez à cela un artwork très travaillé et soigné, vous obtenez un album auquel on ne peut objectiver que très peu de défauts…ben oui, lesquels d'ailleurs?
N.B. : le tout est agrémenté pour les premiers servis d'un DVD regroupant un clip de la chanson « Nemesis » extrait des sessions d'enregistrement et des extraits live de Mâcon et du Killer Fest (où l'on peut entendre « Spiritual manslaughter » extrait de ce nouvel album ainsi qu'un « Suffer the children » en duo avec Svencho et qui se termine avec la moitié de la salle sur scène en un beau bordel de chevelus!). On peut alors se rendre compte de la furie qui se dégage d'un concert de Benighted (même si le son est parfois un peu fouilli).
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