S’il est un acquis avec LOUDBLAST, c’est justement de n’en avoir aucun. Au fil d’une longue carrière débutée en 1985, les Lillois ont toujours pris le parti de surprendre, faisant évoluer le contenu de leurs albums au gré des changements d’humeur et de personnel. Le line-up de
« Frozen Moments Between Life And Death » intégralement reconduit, on pouvait néanmoins s’attendre à une déclinaison plus ou moins proche de ce
comeback album réussi, et globalement bien mieux accueilli que « Planet Pandemonium » en son temps. Pour tout dire, vu la forme affichée par les Louds sur scène lorsqu’ils nous balancent « Emptiness Crushes My Soul » dans les gencives, on s’en serait largement contenté, même si Stéphane Buriez n’est pas homme à se contenter de livrer un album de plus. Voilà pour la première bonne nouvelle, la seconde étant que le résultat dépasse toutes les attentes que peut susciter un skeud de LOUDBLAST en temps normal.
Première constatation, « Burial Ground » prend le contrepied total de l’album précédent et ce dès le titre d’ouverture, un « A Bloody Oath » déstabilisant au possible. Remisées au placard, la grosse prod et les rythmiques rouleau compresseur qui insufflaient ce qu’il fallait de modernisme à des compositions thrash death d'obédience old school. Inquiétant, lugubre et rampant, ce titre très sombre prend racine dans le black originel, mystique et primitif de la première heure (« The Path »), alternant séquences lourdes et passages rapides à des années lumières des bienfaits prodigués par un toupa toupa thrash classique. Passé maître dans l’art du décalage, LOUDBLAST déstructure ses schémas de jeu habituels sur un premier tiers d’album misant gros sur une ambiance de catacombes. Le chant, tour à tour plaintif, caverneux et possédé d’un Stéphane Buriez transfiguré participe de la tempête stylistique s’abattant sous le crâne des fans stupéfaits. Qu’arrive-t-il à notre institution thrash death ? Plus l’on plonge dans la noirceur de titres comme « Ascending Straight In Circles » et « Darkness Will Abide », plus ressurgit le spectre de quelques chef d’œuvres du metal noir comme « Ceremony Of Opposites » (« Soothing Torments », à 1 :33), « Gothic » (« Soothing Torments » encore, à 2 :09) et autres « Brave Murder Day ». On savait tout l’amour que porte LOUDBLAST aux séquences lourdes mais jamais le groupe ne s’était autant abreuvé à la source doom death. Même lorsque le tempo s’emballe, ce n’est pas l’abattage à la double pédale d’Hervé Coquerel (très juste tout du long, qui accompagne au mieux ses partenaires plus qu’il n’emballe la machine) que l’on retient en premier lieu mais bel et bien ces riffs, vénéneux et torturés (« Ascending Straight In Circles », « Abstract God »), qui distillent un venin bien plus mortel qu’une énième bordée de blast-beats. N’en déplaise à ceux qui regretteront ad vitam aeternam que le groupe n’ait pas pris le train brutal death en marche, la déchirante « The Void » achèvera de convaincre tous les autres : définitivement, le mid tempo reste l’arme fatale d’un LOUDBLAST très loin de sacrifier son identité sur l’autel du renouveau stylistique.
Car les caractéristiques du LOUDBLAST que l’on aime n’ont pas disparu, bien au contraire. Mises en valeur par ce bain de jouvence extrême ô combien salvateur, elles ont rarement autant séduit que sur ces réminiscences heavy de l’excellent
« Fragments ». « From Dried Bones », au leitmotiv aliénant et surtout l’infernale « I Reach The Sun », sur laquelle Buriez reprend à son compte le phrasé caractéristique de David Vincent. « I Reach The Sun », ou comment poser les bases d’un classique à l’aide d’un riff on ne peut plus simple et d’un growl fantastique ! Drakhian, dans un registre démonstratif à l’ancienne rappelant un peu le travail de Marek Pajak sur le dernier VADER, est quant à lui la lumière qui perce à intervalles réguliers de cet océan de ténèbres. De leads mélancoliques en soli aussi cristallins que chez CORONER, il apporte sa pierre au monolithe de noirceur érigé par un groupe qu’on n’attendait plus à pareille fête. Fascinant de la première à la dernière note, « Burial Ground » est si bon qu’il se hisse au niveau de tous les chefs d’œuvres des années 90, ceux dont on trouvait trace sur les premières compils Metallian et les catalogues d’obscures distros alors réservées aux aventuriers. Le genre de miracle susceptible de remporter non seulement les suffrages des fidèles, mais aussi de réunir sous une seule et même bannière les acteurs des chapelles thrash, death, doom et black.
12 COMMENTAIRE(S)
16/02/2017 13:43
Le seul bémol pourrait être le son de la batterie un peu plat mais cela ne gâche pas grand-chose finalement, du bien beau boulot.
04/11/2014 19:00
j'ai eu beau me le faire dans les 2 sens, y'a rien à faire. (hormis peut-être "the path" mais qui est tellement éloigné de l'esprit de Loudblast..)
Qu'est-ce qu'il est chiant cet album !
04/11/2014 18:24
03/11/2014 23:29
03/11/2014 23:19
faut pas tendre la perche comme ça au vieux con que je suis...
03/11/2014 20:04
03/11/2014 18:23
29/05/2014 23:04
J'en ai mis un autre
Merci.
29/05/2014 22:46
J'en ai mis un autre
29/05/2014 22:25
29/05/2014 09:57
Mais mis à part ça, il est clair que c'est un album qui tournera encore un bon moment !
29/05/2014 08:22