Si le nom de Sanguisugabogg et son Death Metal bovin et bas du front peuvent naturellement prêter à sourire (qui n’a pas en tête le clip de "Gored In The Chest" signé Troma avec ses zobs carnivores), on ne peut pas enlever aux Américains leurs qualités de travailleurs. Un petit peu moins de deux ans après leur premier album qui avait notamment permis d’en mettre plus d’un sur le chemin de ces énergumènes originaires de l’Ohio, voilà que ces derniers reviennent à l’a charge en ce début d’année 2023 avec sous le coude un nouvel album intitulé
Homicidal Ecstasy. Évidemment, c’est chez Century Media Records que ça passe, le label ayant flairé depuis déjà un petit moment le potentiel (commercial) chez cette jeune formation qui n’a jamais pris les choses trop au sérieux et qui derrière ses airs de groupes d’attardés (pour auditeurs tout aussi attardés) n’en reste pas moins brutalement efficace pour quiconque apprécie ce genre de Death Metal pas très fin.
Si la mémoire vous fait défaut, laissez moi vous la rafraichir. Nous avions quitté les Américains juste après la sortie de
Tortured Whole alors qu’ils opéraient sous la forme d’un trio. Aujourd’hui, les revoilà plus chauds que jamais sous celle d’un quatuor après le départ de Cameron Boggs (guitare) et les arrivées de Ced Davis (basse puis guitare) et Drew Arnold (basse puis guitare). Si je n’ai aucune idée de qui se charge désormais de la basse, il semble que ces ajustements de line-up aient été particulièrement bénéfiques pour Sanguisugabogg qui sans parler de métamorphose donne effectivement l’impression d’avoir désormais passé un cap.
Illustré par Caleb Butcher à qui l’on doit de nombreux autres collages tout aussi sympathiques,
Homicidal Ecstasy a été produit et enregistré à la maison par le batteur Cody Davidson. Si celui-ci n’a pas manqué de faire du bon boulot, notons tout de même qu’il a été bien aidé par quelques mains expertes puisque c’est en effet Kurt Ballou (guitariste de Converge et producteur de renom) qui signe le mixage alors que le mastering a quant à lui été confié à Alan Douches (All Out War, Atheist, Cannibal Corpse, Deicide et la liste est longue...). Une fois la touche "play" lancée, on se retrouve ainsi face à une production particulièrement musculeuse mais qui à néanmoins le bon goût de rester le plus naturel possible avec cette batterie bien raide dont la caisse-claire rappellera probablement de bons souvenirs aux amateurs de Brutal Death de la fin des années 90 et du début des années 2000.
Pour autant, aussi béton soit cette production, ce n’est pas elle qui constitue la plus grosse avancée de ce nouvel album mais plutôt la qualité de ses riffs toujours aussi débiles mais désormais dotés d’une force de persuasion bien plus prononcée. Cameron Boggs avait pourtant fait du bon boulot mais Ced Davis et Drew Arnold permettent ici à Sanguisugabogg de passer du stade de simple bête de foire rigolote à celui de groupe capable de redonner une certaine « noblesse » (avec toute la mesure qu’il est nécessaire d’avoir lorsque l’on parle d’une telle musique) à ce genre qu’est le Brutal Death.
Alors non, Sanguisugabogg ne révolutionnera pas le style d’autant qu’il en présente une version boursoufflée et lourdingue qui ne sciera certainement pas aux amateurs de BPMs mais force est de reconnaitre que ces morceaux patauds et écrasants sont tout simplement d’excellente facture et qu’ils ne souffrent d’aucuns de ces défauts que l’on peut souvent retrouver sur les sorties de ce genre (production en plastique, chant complètement cramé par excès de zèle (gruik gruik toutes les secondes et bruit de siphon mal débouché), riffs techniques et ultra-rapides mais cependant dénués de toute saveur...). Je l’ai déjà dit et vous le savez surement si vous lisez ceci, les Américains se sont fait un nom grâce à un Death Metal mid-tempo au groove particulièrement pesant. Un Death Metal obèse dénué de toute finesse et construit pour l’essentiel autour de riffs simples et répétitifs et de séquences bovines et décérébrées faites pour se taper la tête (vide donc) contre les murs... Cependant, les accélérations et autres excès de violence menés à coup de tchouka-tchouka et autres blasts ne manquent pas tout au long de ce
Homicidal Ecstasy qui brille très justement de ces coups d’éclats et autres fulgurances certes concises mais néanmoins brutales ("Pissed" à 1:41, "Testicular Rot" à 2:25, "Hungry For Your Insides" à 0:33, les premiers instants de "Skin Cushion", "A Lesson In Savagery" à 2:01 et ainsi de suite...). De la même manière, si le riffing peut paraître simple et un brin répétitif, on se rend tout de même compte en prêtant l’oreille avec attention qu’il y a plus à découvrir que ce que Sangusigabogg peut laisser paraître à travers cette image puérile de groupe néandertalien... Un constat qui s’impose dès "Black Market Vasectomy" grâce à cette séquence comprise entre 0:55 et 1:36 sur laquelle les riffs vont se faire beaucoup plus tortueux et qui peut s’appliquer à chaque titre suivant ou presque. D’une manière générale, les douze titres de
Homicidal Ecstasy s’avèrent extrêmement bien balancés avec toujours beaucoup de lourdeur mais aussi pas mal de contrastes avec justement ces accélérations plus ou moins radicales et plus ou moins longues. Un équilibre qui permet malgré les quarante-cinq minutes de l’album et son caractère parfois un petit peu répétitif de ne jamais trouver le temps trop long ni de s’ennuyer une seule seconde. Au contraire, c’est même tout l’inverse.
Alors oui, Sangusigaboog avec son nom à coucher dehors et son humour potache n’est pas le groupe le plus intelligent qui soit tout comme ses musiciens adeptes de musculation, de coupe mullet et de lunettes de soleil fluo tout droit sorties des années 80 transpirent une certaine idée de la beauferie. Pour autant, les Américains ne restent pas ici sur leurs acquis, profitant de l’occasion pour accoucher ici de leur meilleure sortie à ce jour. Encore une fois, le Death Metal particulièrement bovin de la formation ne sciera pas aux plus exigeants et/ou critiques (trop lourd, trop redondant, trop simple, trop bête et méchant, trop ceci, trop cela) mais en ce qui me concerne je suis séduit par ce
Homicidal Ecstasy qui sans rien véritablement changer montre un groupe capable de marquer plus durablement les esprits. Et ça, pour le coup, c’est très bien joué de la part de Sanguisugabogg.
PS : Je n’ai pas eu l’occasion de le placer dans ma chronique mais sachez tout de même que l'on retrouve Aaron Heard du groupe Jesus Piece en featuring sur le titre "Face Ripped Off". Voilà, see ya !
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