Mencea - Dark Matter Energy Noir
Chronique
Mencea Dark Matter Energy Noir
Aujourd'hui, Thrashocore attire votre attention sur un phénomène de société honteusement passé sous silence par les médias généralistes, voire par certains de nos confrères trop obnubilés par le retour des dinosaures METALLICA, AC/DC ou GUNS N' ROSES. Alors que le gouvernement s'enquiert à chaque rentrée de la santé de nos aînés depuis la mortelle canicule de 2003, bien peu s'inquiètent de l'élévation du taux de décès chez les metalheads, anormalement élevé en ces temps de réchauffement climatique. Car le métalleux, qui aime à souffrir le martyre en période estivale, tout de noir vêtu et engoncé sous le poids d'une lourde veste en cuir, a la peau fragile. Combien de dark fashion victimes ayant subi les affres d'une chaleur torride lors d'un banal réapprovisionnement en 1664 chez l'épicier du coin ? A tous ces oubliés de la nation, le laboratoire Indie Recordings propose un traitement death thrash nouvelle génération à base d'un produit naturel directement importé de Grèce, le MENCEA. La crème du metal moderne dixit Daniel Bergstrand, producteur en chef de ce nouveau produit miracle couvrant un large spectre d'influences, de MESHUGGAH à SOILWORK en passant par STRAPPING YOUNG LAD et IN FLAMES.
Avec une présentation pareille, si MENCEA était chinois, on commencerait à s'inquiéter sérieusement mais le sanctuaire d'Athéna et des chevaliers du zodiaque a suffisament oeuvré dans le développement durable (SEPTIC FLESH, NIGHTFALL, ROTTING CHRIST) pour s'attirer les faveurs de nos plus fins testeurs en musiques extrêmes. Aussi, passé une première exposition à l'efficacité limitée (au vu de la voix, franchement death, on s'attend à une musique plus brutale), on n'hésitera pas à s'enduire d'une deuxième couche de ce “Dark Matter Energy Noir” assez riche et travaillé pour tenir la distance. Les allergiques au death mélo bas de gamme, brûlés au troisième degré par les ritournelles de chant des clones de Bjorn “Speed” Strid et Anders Friden peuvent mettre le nez dehors sans frémir, nulle trace de chant clair sur ce premier album. Dans un registre clairement extrême mais assez impersonnel, Andy Giolmas s'en sort plutôt pas mal, alternant grognements death classiques avec quelques incursions black plus sauvages. Mais n'attendez pas de MENCEA un skeud brutal à sens unique, seulement destiné à cimenter les conduits auditifs. Si, en dehors du chant, on trouve bien quelques éléments typiquement death metal (les blasts bienvenus sur “The Holy Cast” et “The Passing”), les guitares s'orientent vers un death thrash à la scandinave, entre la syncope d'un MESHUGGAH et les riffs racés d'un SOILWORK, en moins mélodique (pas de solos ici bas). L'adjonction de nappes de claviers favorise la filiation avec STRAPPING YOUNG LAD (le riff introductif de “Eminence” rappelle l'album éponyme), même si les sonorités spatiales éloignent MENCEA de l'intensité de son illustre modèle. Les meilleurs moments de “Dark Matter Energy Noir” tirent d'ailleurs leur force d'un astucieux mélange des genres, quand des riffs à la suédoise s'entrecroisent sur fond de samples atmosphériques et de hurlements black fort à propos (sur “Ardad”, au démarrage très AMON AMARTH ou encore “Deep In The Under”).
Enregistré aux 210 studios à Berlin par les deux guitaristes, Stamos Koliousis et Vangleis Labrakis (mixé par Bergstrand), l'album bénéficie d'une production impeccable qui met en valeur tous les instruments, à l'exception de la basse, plutôt en retrait par rapport au reste. Une répartition égalitaire de l'espace sonore qui permet à MENCEA de mener astucieusement sa barque au confluent du thrash, du death mélo et du death pur et dur, même si les aficionados de brutalité sans partage relèveront le manque d'intensité d'un album trop occupé à tirer la quintessence du trio SYL/SOILWORK/MESHUGGAH pour s'aventurer sur des terres moins défrichées. Mais l'efficacité, rééle, du beaume fraîcheur MENCEA (existe aussi sous forme de spray) et la noirceur de l'univers du combo grec vous permettra de sortir en pleine lumière sans perdre leur lividité naturelle. Voilà donc une nouvelle sortie de qualité de la part d'Indie Recordings après l'excellent “From Dusk Till Dawn” de STONEGARD, en attendant la sortie du nouveau BRUMISATOR, leur prochaine livraison doom death atmosphérique en provenance des émirats.
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