Bloody Alchemy - Reign Of Apathy
Chronique
Bloody Alchemy Reign Of Apathy
Après avoir donné pas mal de concerts et vu en son sein un changement de guitariste l’heure est à la confirmation pour le quatuor, un peu plus de deux ans après la sortie du réussi
« Kingdom Of Hatred ». Si celui-ci voyait quelques petites baisses de régime et erreurs de jeunesse, il fallait quand même souligner le boulot effectué par le groupe qui montrait déjà un gros potentiel malgré le jeune âge de ses membres. Du coup avec de l’expérience supplémentaire et un vécu scénique plus important il faisait peu de doutes qu’ils allaient franchir un palier avec leur Death/Thrash ultra-classique mais qui passait très bien le cap des écoutes.
Et effectivement dès les premières notes de « Betray The Braves » on sent que les gars ont pris de la bouteille, car ça démarre à fond les ballons via une vitesse mise à l’honneur et une brutalité bien affirmée, où se mêlent des parties plus lourdes et écrasantes sur un riffing particulièrement sombre et froid. Si au niveau de la construction ça reste dans la droite ligne du précédent opus on s’aperçoit néanmoins que la production y est plus massive et l’écriture plus affûtée, ce qui amène de fait plus de densité dans ce grand-écart rythmique de qualité (où Max Otero de MERCYLESS vient donner de la voix en tant qu’invité). Cette alternance va d’ailleurs se retrouver dans la foulée sur l’ultra-rythmé « No Justice No Peace » parfait pour headbanguer et porté par une accroche qui ne faiblit à aucun moment, à l’instar des tous aussi réussis « Battlefield », « No One Talks, Everyone Walks » et « Martyrs ». Ces trois compositions d’obédience classiques montrent là-encore les progrès réalisés par ses géniteurs, car là-où auparavant à schéma identique une certaine linéarité pouvait se faire sentir il n’en est là nullement question (pour la première grâce au côté uppercut qui se mêle à une lourdeur massive, quand aux deux autres c’est l’ajout d’un long solo léché tout en fluidité qui renforce cette sensation).
C’est d’ailleurs un autre point positif à souligner car les leads signés du nouveau venu sont franchement convaincants, et on sent qu’il se fait plaisir en les jouant tant il a tendance à les étirer mais sans jamais en faire des caisses (ce qui est fort appréciable). D’ailleurs l’apport de cette recrue de choix va se faire également sentir chez ses camarades de jeu au niveau des riffs et par l’ajout de plans modernes, où ils osent sortir de leur zone de confort. Cela va être marquant sur le surprenant « Look What You’ve Done » aux accents Melodeath, dont l’inspiration semble provenir du SOILWORK de la grande époque, et prouve que même en faisant quelquechose de différent l’entité garde une vraie cohérence, même si cette compo aurait pu être encore meilleure en étant un raccourcie. Si ce léger souci de longueurs apparait ici et là (ce « Reign Of Apathy » dure quand même quarante-huit minutes) il n’affecte en rien l’écoute et le plaisir auditif auquel on a droit, comme avec la doublette « We Strive Against »/« Alone » à la facette Metalcore étonnante de prime abord. En effet on retrouve ici ce penchant moderniste via le son des guitares et dans la façon dont les passages écrasants sont foutus, que l’on retrouve durant la majeure partie du temps. Ceci montre là-encore une certaine prise de risque de ses auteurs qui testent leurs limites et essayent de nouvelles choses sans se louper, même si ces deux titres sont finalement plus passe-partout et moins marquants que les autres.
Une fois franchit tous ses obstacles avec beaucoup de facilité on est déjà presque arrivé au bout de cette galette, puisque surgit « A Perpetual Process » qui durant sept minutes va montrer toute la palette technique des jeunots où accélérations et ralentissements sont de sortie, portés par un groove imparable. Car l’ensemble se montre super remuant et on ne peut s’empêcher de headbanguer au milieu de ses cassures et variations qui conservent malgré tout un point de fixation, jusqu’à sa conclusion en fade-out qui sert de prétexte à l’apparition d’une outro (présente sous forme de nappes de claviers). Cependant alors que tout semble indiquer qu’on en a terminé une ultime rasade retentit sous le nom de « Kill The Tyrants », et qui vu le nom scandé ne va pas faire de quartier. Effectivement ce bonus est carrément la plage la plus radicale et brutale de tout ce long-format où la vitesse ne va baisser que lors de rares accalmies, afin de mieux déverser son message et mettre dans la bataille les ultimes forces disponibles. Nul doute qu’elle fera un carton sur scène et servira probablement à clôturer les futurs shows tant sa simplicité de façade et sa rage serviront d’exutoire aussi bien à ses géniteurs, qu’au public venu les voir.
Car il est certain qu’avec cette nouvelle page dans sa courte histoire BLOODY ALCHEMY a confirmé les espoirs placés en lui sans tambour ni trompettes, mais simplement à force de travail et de volonté sans avoir besoin d’un marketing intensif et trompeur. Il offre donc aujourd’hui un disque très efficace où la simplicité et l’entrain priment sur le surplus technique (ça ne se prend pas la tête de ce côté-là), et où l’énergie déployée se mêle à une mélodie discrète mais présente, et surtout appréciable. Montrant que la valeur n’attend pas le nombre des années et s’éloignant légèrement de son style initial le désormais trio (le bassiste ayant récemment quitté l’aventure) n’a pas à rougir au sein d’une scène nationale à la concurrence exacerbée, et tient la dragée haute à de nombreux musiciens en activité (malgré un vécu personnel et musical inférieur), signe d’un avenir qui continue de s’annoncer radieux pour lui.
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