Deicide a toujours soufflé le chaud et le froid. Un début de carrière quasi irréprochable avec quatre classiques qu'on ne présente plus, puis deux albums de fin de contrat à oublier et enfin un retour en grâce satanique avec
Scars Of The Crucifix et surtout le génial
The Stench Of Redemption qui prouvait à tous les sceptiques que le groupe pouvait très bien vivre sans les frères Hoffman. Mais, fidèles à leur réputation, les tueurs de Dieu retombent dans leurs travers sur un
Till Death Do Us Part mou du genou. Trois ans plus tard et avec le même line-up malgré le yoyo Ralph Santolla, Deicide refait surface.
To Hell With God, premier opus de Deicide chez Century Media suite au split avec Earache Records, allait-il ramener les Floridiens dans le droit chemin ou au contraire les faire plonger davantage dans les abîmes de la médiocrité?
À en juger par la pochette sublime et le digipack classe, on a vraiment envie de choisir la première solution. Et effectivement, disons le tout de suite,
To Hell With God est plus inspiré que
Till Death Do Us Part. Mais ce n'est pas encore la panacée. Bref, à l'image de la discographie des Américains, il y a à boire et à manger sur ce nouvel opus. Ce sont même les défauts qui sautent aux oreilles en premier lieu. En ligne de mire, une production trop claire qui manque de punch et d'agressivité, avec notamment une batterie sur-mixée au son plastique dommageable, ainsi que la voix surprenante de Glen Benton, moins gutturale que d'habitude malgré quelques retours à son timbre d'origine. C'est d'ailleurs un des aspects avec lesquels j'ai le plus de mal sur ce nouvel album. Le growl du barbu à la croix renversée sur le front a toujours été l'une des marques de fabrique du combo de Tampa et c'est un peu comme si le groupe avait perdu un peu de son identité. Heureusement, l'alternance et la superposition avec ses célèbres shrieks est toujours d'actualité. On notera aussi une influence thrash plus marquée que d'habitude. Le riff d'ouverture d'"Angels Of Hell", c'est du Exodus tout craché!
Mais ce qui plombe le plus
To Hell With God, c'est bien son hétérogénéité. Les riffs jouissifs côtoient ainsi les riffs douteux et les tueries ("To Hell With God", "Save Your", "Servant Of The Enemy", "Into The Darkness You Go", "How Can You Call Yourself A God") les titres plus anecdotiques ("Witness Of Death", "Conviction", "Angels Of Hell, "Hang In Agony Until You're Dead") voire carrément mauvais comme ce "Empowered By Blasphemy" et son riff sautillant ridicule, même pour un groupe amateur, qui en fait un des morceaux les plus faibles jamais composés par Deicide. Les Américains ont d'ailleurs du mal à accrocher l'auditeur tout de suite, les morceaux ayant la fâcheuse tendance à mettre du temps à dévoiler leurs qualités. Ou disons plutôt qu'il faut un moment avant de mettre de côté les riffs bidons pour se concentrer sur un ensemble malgré tout de bonne qualité.
Parce que oui, il y a de la qualité, sinon je n'aurais pas mis un 7/10 (note maximum toutefois, il ne faut pas non plus exagérer!). En dépit d'une évolution sur certains points, on retrouve quand même le Deicide que l'on connaît. Les Floridiens reviennent ainsi à des titres death metal plus courts (3 minutes), simples, efficaces et accrocheurs, notamment sur les refrains. Pas mal de groove également ainsi qu'une quantité de blasts satisfaisante. Je n'adhère pas au son de batterie mais il faut avouer que Steve Asheim sait toujours envoyer la sauce. Un Steve Asheim qui a à nouveau composé la grande majorité des morceaux, aidé toutefois de Jack Owen sur quelques titres. Concernant Ralph Santolla, le bonhomme s'est bien repris et pose de sacré bons solos mélodiques et inspirés tout au long de l'album. Je ne comprends toujours pas ce que fout un cul bénit dans un groupe anti-chrétien mais ses interventions illuminent les morceaux, bien qu'elles sonnent parfois un peu trop similaires. Le solo d'"Into The Darkness You Go" à partir de 2'21 est carrément génial. Ces leads heavy apportent de la couleur à des morceaux sombres et evil sans les dénaturer, même si je suis sûr que certains les pointeront du doigt comme cela avait été le cas pour
The Stench Of Redemption. Enfin, Deicide ne serait pas Deicide sans les thématiques blasphématoires bêtes et méchantes qu'on retrouve ici avec plaisir. Rien de tel qu'un bon vieux Jesus-bashing pour se défouler!
To Hell With God n'est pas
The Stench Of Redemption même s'il aurait bien voulu mais il remet un peu les choses en place par rapport au morne
Till Death Do Us Part. Le groupe ne retrouvera sans doute jamais son meilleur niveau mais cet album reste tout à fait correct malgré quelques côtés agaçants comme certains riffs vraiment mauvais, cette production trop claire ou le chant plus audible de Benton. Non, Deicide n'est pas encore mort. L'Enfer devra attendre.
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