Tribal Gaze - The Nine Choirs
Chronique
Tribal Gaze The Nine Choirs
Suivre aujourd’hui de près l’actualité de la scène Death Metal est devenu un exercice particulièrement fastidieux qui implique bien souvent de passer beaucoup trop de temps devant un ordinateur (enfin ça c’est ce que dit madame)... Il faut dire qu’entre les sorties qui jour après jour s’enchainent à un rythme effréné, ces jeunes formations aux dents longues prêtes à prendre la place de n’importe quel vieux croulant et tous ces groupes à la réputation nettement plus affirmée, il y a en effet largement de quoi faire. Aussi, vous excuserez mes quelques semaines de retard au sujet de ce premier album de Tribal Gaze.
Paru en septembre dernier sous les couleurs du label californien Maggot Stomp chez qui Tribal Gaze a trouvé refuge en début d’année, The Nine Choirs marque le retour des Texans après seulement quinze mois d’absence (sept si l’on compte ce split à rallonge sur lequel figure un titre qui n’a d’ailleurs rien d’inédit). Alors oui, je comprends qu’il faille battre le fer tant que celui-ci est encore chaud mais à vrai dire je ne m’attendais pas à un retour aussi prompt de la part des Américains. Quoi qu’il en soit, ces derniers sont bel et bien de retour alors ne comptez pas sur moi pour les ignorer.
Devenu quintette avec l’arrivée l’année dernière du batteur Cesar De Los Santos (Kombat), le groupe a mis les petits plats dans les grands en s’offrant les services de Taylor Young (enregistrement et mixage) et Brad Boatright (mastering). Comme à leur habitude, les deux hommes signent une production parpaing tout à fait idéale pour ce genre de Death Metal chaloupé où les mid-tempos sont effectivement nombreux. En effet, les Texans n’ont jamais été très portés sur la vitesse (bien que le groupe ne rechigne jamais à corser le ton) ce qui explique aisément pourquoi The Nine Choirs va mettre l’accent une fois de plus sur la capacité des Américains à insuffler du groove, beaucoup de groove, à leurs compositions. Cela passe notamment par un riffing très lourd et particulièrement cadencé qui tout de suite va insuffler énormément de rythme à l’ensemble. Un rythme très marqué face auquel il est bien difficile de ne pas se laisser aller à dodeliner généreusement de la tête ("Cold Devotion" à 0:40, "And How They Wept For Eternity" à 0:41, "With This Creature I Return" à 0:17, "To Gather In Its Presence" à 0:40, "Jealous Messiah" à 0:37, "Shapeless Sovereign" à 0:39, "Jungle Rituals" à 2:00 et j’en passe). Ces riffs, s’ils peuvent sembler un brin patauds et pas très fins cachent pourtant une certaine expertise technique qui permet notamment de densifier le propos des Texans grâce à quelques séquences plus complexes qu’il n’y parait de prime abord (on pense parfois à) Cannibal Corpse comme par exemple sur le titre "As A Thousand Voices Sing"). Dans le même ordre d’idée, on appréciera que Tribal Gaze continue d’amener une touche mélodique à ses compositions grâce à l’ajout de quelques leads et autres sympathiques solos ("Cold Devotion" à 4:19, "And How They Wept For Eternity" à 2:51, "To Gather In Its Presence" à 2:32, "As A Thousand Voices Sing" à 2:40...).
Si le focus est mis effectivement sur ces séquences mid-tempos au groove débordant et autres passages plombés particulièrement lourdingues, cela n’empêche pas Tribal Gaze d’accélérer la cadence à maintes reprises. Si le groupe se plait à la jouer Thrash de temps à autre ("And How They Wept For Eternity" à 0:05 et 2:22, les premiers instants de "To Gather In Its Presence" et ses faux-airs de Power Trip ou de "Jungle Rituals"...), il prend également un malin plaisir à durcir son propos lors de séances de blasts nettement plus corsées ("And How They Wept For Eternity" à 2:32, les derniers instants de "With This Creature I Return", les premières mesures de "As A Thousand Voices Sing", "Jealous Messiah" et de "Shapeless Sovereign", "Jungle Rituals" à 0:39...). Des instants qui font un bien fou puisqu’ils permettent de trancher significativement avec ceux plus chaloupés évoqués dans le partager précédent.
Hormis cet artwork étrange, The Nine Choirs ne réserve aucune mauvaise surprise. Les Texans de Tribal Gaze poursuivent en effet leur petit bout de chemin en franchissant ici de bien belle manière l’étape toujours un petit peu compliquée du premier album. Certes, tout cela manque encore un petit peu de personnalité mais ce serait mentir que de dire qu’on ne prend pas de plaisir à l’écoute de ces trente-cinq minutes en apparence bien débiles mais finalement plus intéressantes et travaillées qu’il n’y parait une fois que l’on prend la peine de s’y pencher avec sérieux. Bref, Tribal Gaze s’en sors ici très bien et c’est tout ce qu’on lui demande.
| AxGxB 6 Décembre 2022 - 1126 lectures |
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