Evoked - Immoral Arts
Chronique
Evoked Immoral Arts (EP)
Malgré ses onze années de carrière, on ne peut pas dire qu’Evoked ait fait beaucoup parler de lui. En tout cas ici sur Thrashocore c’était jusque-là le néant puisqu’avant cette chronique il n’y avait absolument rien, pas même une page pour le groupe...
Je profite donc de leur récent retour aux affaires pour vous présenter ces sympathiques allemands. Formé en 2013 quelque part en Rhénanie du Nord-Westphalie, le groupe entame un chemin tout ce qu’il y a de plus classique avec les sorties entre 2014 et 2016 sur Go Fuck Yourself Productions (Graveyard Ghoul, Hellsodomy, Luzifer...) d’une démo, d’un split et d’un EP. Remarqué par ses pairs, Evoked signe alors un contrat avec le label F.D.A. Records pour la sortie en 2019 d’un premier album intitulé Ravenous Compulsion. Un disque qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit aura su ravir les amateurs de Death Metal à l’ancienne et notamment tous les clients des premiers albums d’Asphyx et Pestilence. Cinq ans plus tard, les Allemands remettent modestement le couvert avec la parution encore toute fraîche d’un nouveau EP paru une fois de plus sur F.D.A. Records, label allemand pourvoyeur d’excellents seconds couteaux tels qu’Apparition, Dehuman Reign, Invictus, Revel In Flesh, Scalpture, Slaughterday et quelques autres encore...
Intitulée Immoral Arts, cette nouvelle contribution affichée à un petit peu plus vingt minutes attire d’emblée le regard grâce à l’illustration particulièrement réussie de Timon Kokott. Si c’est lui qui a déjà réalisé celle qui orne Ravenous Compulsion, on lui doit également d’autres travaux pour des groupes comme Darkness, Illdisposed, Horn, Runespell, Scalptture ou Writhing. Bref, un curriculum-vitae plutôt convaincant pour un artwork à l’ancienne des plus plaisants. Quant à la production, celle-ci est signée des mains de Marko Sundermann (enregistrement) et Marco Brinkmann (mixage et mastering), deux compatriotes ayant déjà collaboré (notamment le second) avec Attic, Carnal Tomb, Cruel Force, Cryptic Brood, Diabolic Night, Vulture et toute une tripotée d’autres formations plus ou moins dignes d’intérêt.
Au programme de ce nouveau EP, un Death Metal dépouillé et poussiéreux aux accointances Thrash absolument évidentes. Cinq titres qui une fois de plus vont faire très largement écho aux premières productions de Pestilence (surtout) et Asphyx (un petit peu moins) grâce à une interprétation diablement efficace qui à défaut d’originalité ne devrait pas manquer de mettre les auditeurs d’accord. En effet, à l’exception de cette production naturellement plus musclée et flatteuse qui trahit la fraîcheur du produit, on se croirait dès les premières secondes de l’excellent morceau-titre revenu en Europe à la toute fin des années 80. Mené le couteau entre les dents à coups de cavalcades thrashisantes et autres galopades particulièrement haletantes, ces cinq nouvelles compositions ne font pourtant pas montre d’une brutalité débordante (en dépit de quelques fulgurances plus soutenues comme par exemple sur la conclusion de "Immoral Arts" ou sur "Behind The Eyes" à 1:53). Cependant, ces dernières n’en demeurent pas moins hyper dynamiques grâce à cette cadence globalement soutenue qui insuffle ainsi à Immoral Arts une véritable énergie ainsi qu’à quelques passages moins tendus mais bien souvent au groove nettement plus prononcé.
À l’ancienne également, tous ces riffs Death / Thrash pas bien compliqués qui suivent ou imposent (on ne sait pas trop) ce tempo relativement enlevé caractérisant ce nouveau EP. Un riffing simple et hyper efficace qui malgré son caractère quelque peu répétitif rentre bien en tête. À noter que l’on trouve également quelques solos et autres leads tout au long de ces vingt minutes ("Immoral Arts" à 2:32, "A Nameless Grave" à 3:09, "Behind The Eyes" à 4:12). Ces derniers en plus d’apporter un peu de mélodie supplémentaire et contribuer au passage à ces ambiances de caveau poussiéreux et humide participent également à renforcer cette impression de dynamisme évoquée plus haut.
Et si tous ces éléments ne suffisaient pas à évoquer chez vous les réminiscences d’un certain Pestilence, le chant particulièrement écorché et abrasif de Simon Alexander Wind devrait largement vous y aider. Un mimétisme assez saisissant qui forcément ne va pas contribuer à ce qu’Evoked développe un semblant de personnalité mais qui, parmi toutes ces formations ayant opté pour un growl plus profond et caverneux, fait toujours plaisir à entendre même si ces "clones" ne sont pas non plus ce qui manque dans le milieu.
Sans surprise notamment pour tous ceux qui suivent les aventures d’Evoked depuis au moins leur premier album il y a cinq ans, Immoral Arts devrait constituer pour les autres qui découvriront la musique des Allemands avec ce EP une belle petite gifle derrière la tête. Ce que nous offre la formation n’est peut-être pas nouveau ni très sorcier mais sa formule n’en reste pas moins ultra efficace pour qui apprécie ce genre de Death Metal biberonné au Thrash des années 80. Effectivement, les ficelles sont épaisses et franchement pas très subtiles mais le plaisir n’en est pas moins garanti à l’écoute de ces cinq titres en forme d’hommage au Pestilence des années 80. Simple, efficace et avec ce goût de reviens-y qui souvent permet de faire la différence, Immoral Arts est ce que l’on peut appeler un retour réussi.
| AxGxB 19 Juin 2024 - 358 lectures |
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