Impliqués l’un et l’autre dans de nombreux projets, Rory Flay et Mike Stone auront mis un petit peu plus de trois ans pour donner une suite au très sympathique
Urine Of Abomination, court EP de seize minutes qui par son format condensé nous avait évidemment laissé un petit peu sur notre faim. Cette fois-ci, les deux garçons se sont montrés plus généreux puisqu’ils reviennent faire parler d’eux avec sous le coude un troisième album intitulé
Onslaught To Seraphim. Paru en juillet dernier chez Vrasubatlat et Invictus Productions, celui-ci voir le retour des Américains avec huit nouvelles compositions pour une durée de trente-quatre minutes.
À l’occasion de ce troisième album, le groupe de Portland s’est entouré de collaborateurs toujours aussi sérieux et impliqués. On retrouve ainsi le guitariste Max Bowman (Mortiferum, Caustic Wound...) qui tient ici le rôle de guitariste (lead) de session après avoir été déjà sur les planches pour Triumvir Foul courant 2018. Côté enregistrement et production, c’est Andrew Oswald (Adzalaan, Ash Borer, Dagger Lust, Predatory Light, Superstition...) et Dan Lowndes (Cruciamentum, Blasphematory, Cerebral Rot, Lantern, Ritual Necromancy...) qui signent l’enregistrement, le mixage et le mastering de
Onslaught To Seraphim pour un résultat beaucoup plus abrasif et dépouillé que sur le précédent EP de la formation. Enfin, pour en terminer avec ces présentations d’usage, sachez que l’artwork a été confié au Canadien connu sous le patronyme d’Abomination Hammer (Azothyst, Fuoco Fatuo, Invocation, Leviathan...) et qui pour l’occasion livre une oeuvre moite et suffocante dans l’esprit des précédents travaux du regretté Timo Ketola.
Alors quoi de neuf du côté de Triumvir Foul ? Eh bien pas grand chose à vrai dire puisque le duo reprend ses cliques et ses claques là où il les avait laissé trois ans auparavant en y apportant cependant quelques petits changements subtiles, notamment dans son dosage. Le groupe renoue ainsi avec ce Death Metal sombre et poisseux qu’il expérimente et pratique depuis plus de huit ans maintenant. À la manière de ses prédécesseurs,
Onslaught To Seraphim est lui aussi marqué par ces nombreux assauts suffocants et intenses. Des instants de violence pure mis en exergue par des riffs entêtants et rugueux ainsi que quelques leads infernaux, une basse cinglante particulièrement métallique à l’approche quasi-industrielle, une batterie volontaire aux patterns variés et dynamiques et pour terminer un growl arraché et possédé qui va notamment contribuer au développement de ces atmosphères viciées et malfaisantes qui planent insidieusement tout au long de ces trente-quatre minutes. De fait, Triumvir Foul n’est toujours pas là pour faire semblant et s’impose une fois de plus par la force. Mais pas que...
En effet, à la différence des précédents travaux de la formation, on trouve sur
Onslaught To Seraphim davantage de séquences rampantes et sournoises. Certes, celles-ci étaient déjà de la partie précédemment mais elles ont ici gagné un petit peu de terrain pour faire de ce troisième album un disque moins frontal et effectivement plus nuancé. Les éternels primitifs et autres têtes de pioche qui ne jurent que par le sacro-saint blasts s’en iront peut-être crier au scandale mais premièrement, le Death Metal de Triumvir Foul n’a rien perdu de sa superbe, à la fois sombre, intense et légèrement dissonant avec toujours en toile de fond ces atmosphères suffocantes et pernicieuses. Deuxièmement, le groupe évite également l’écueil d’une formule trop redondante (ce qui n’est pas forcément plus mal quand on en arrive à sortir son troisième album) pouvant limiter la portée de ses compositions et de leur efficacité. Enfin, ces passages effectivement plus présents non pas non plus complètement cannibalisé ceux menés le couteau entre les dents. Ces derniers, que l’on peut notamment apprécier sur des titres tels que "Presage", "Flesh Diocese", "Domini Befallen (To Doom)", "Bašmu Enthralled, Horned Creations", "Serpents' Gnash For War" ou "Slither Of Corruption (The Demise Of The Three Serpents)", apportent ainsi ce relief nécessaire pour ne pas avoir le sentiment de subir un album certes efficace et rentre-dedans mais au final un peu trop monotone et limité.
S’il continue ainsi son petit bout de chemin sans trop faire de vagues, Triumvir Foul a su néanmoins apporter un semblant de variation à sa formule. Certes, ce n’est pas de la sorte que le duo révolutionnera quoi que ce soit (et d’ailleurs il s’en fout bien et nous aussi) mais pour tous ceux qui suivent la formation depuis maintenant quelques années, ce parti-pris qui consiste à offrir davantage d’équilibre entre passages soutenus et moments plus en retenus permet d’expérimenter une facette non pas nouvelle mais tout simplement ajustée. Quoi qu’il en soit, si le groupe risque probablement de ne pas convaincre tout le monde parmi ses fidèles avec ce dosage revu et corrigé, il n’en reste pas moins qu’
Onslaught To Seraphim est un excellent album, à la fois ultra-efficace lors de ses assauts les plus mortels et particulièrement menaçant et habité dans ses moments les plus rampants. Bien joué.
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