Triumvir Foul - Spiritual Bloodshed
Chronique
Triumvir Foul Spiritual Bloodshed
Triumvir Foul avait débarqué fin 2015 avec un premier album éponyme qui m'avait rapidement converti à sa cause. Un death aux bons relents old-school et aux pures ambiances putrides qui font éructer d'un plaisir malsain. Mais outre des sonorités faisant courber l'échine, ce long format se présentait comme l'un des plus éminents porte-étendard du collectif Vrasubatlat. Et le groupe tenait – et tient encore – son rôle de prédicateur à la perfection, faisant office de passage vers un au-delà abscons et nuisible. Deux mots qui prennent davantage de sens et d'importance à l'écoute de leur second long format Spiritual Bloodshed, beaucoup plus hermétique et opaque. Un retour aussi inattendu que rapide me concernant – au vu du background des, désormais, deux musiciens Ad Infinitum et Cendentibus – mais parfaitement maîtrisé.
Car après vous avoir laissé au pas de son temple, offrant une première vision en plan large et nettement distincte, le groupe ouvre en grand ses portes pour vous engloutir et vous faire fondre en son sein. Conglomérat de membres et de chairs – masse informe – dont l'esprit est tout droit tourné vers Vrasubatlat. Un obscurantisme davantage prononcé qui annonce la couleur – noir de jais – de cette nouvelle œuvre. Autant dire qu'à la vue du climat délétère et anxiogène actuel, de l'inhumanité ambiante couplés aux paysages apocalyptiques de la Provence dus à la bêtise crasse, Spiritual Bloodshed se pose là comme parfaite bande son... Un Enfer chromé d'où s'échappe une musique aussi désincarnée qu'austère, vous prenant à la gorge dès l'introduction « Asphyxiation ». La formation mue – tout en gardant ses bases – vers quelque chose d'encore plus monstrueux et insaisissable, aidée en cela par une production très massive, organique et bien équilibrée. Cedentibus semble vouloir pulvériser votre cage thoracique, se déchaînant comme un beau diable sur ses fûts – notamment sur le morceau d'ouverture ou encore le percutant « Disemboweled Pneuma » – tandis que les guitares, nerveuses et acérées, sont autant de lames qui viennent lacérer votre corps durant les 38 minutes que dure cet album. Le sentiment d'oppression ne fera que monter crescendo du long et éprouvant « Serpentine Seed » – qui débute par une grosse agression en règle (rhââ cette lead !) avant de vous engluer dans des passages mid et low tempo pernicieux – jusqu'au final « Vrasubatlatian Rites » scellant de la plus belle des manières la cérémonie par des ambiances funestes (rhââ cette lead ! part. II) avec, en particulier, une introduction et une outro des plus évocatrices.
Pourtant, contrairement à son prédécesseur, je n'ai pas accroché dès la première écoute – restant figée suite à ce bloc monolithique pris en pleine face. Ce n'est qu'au second essai que l'ensemble a finalement réussi à se frayer un chemin, les différents éléments paraissant émerger peu à peu du brouillard. Ces derniers viennent en effet exploser de temps à autre dans ce chaos d'abîmes, que ce soit les parties noises – travail d'orfèvre effectué par les membres de session SVN (Dagger Lust, Pissblood, Herukrat) et D.F. (Predatory Light, Mortiferum) – posant le décor et distillant le malaise mais également ces riffs tant blasphématoires qu'hallucinés (me renvoyant, par exemple, à un Altars of Madness) davantage utilisés ici et mis en relief. Cependant la noirceur domine nettement sur Spiritual Bloodshed, Triumvir Foul suivant à la lettre les préceptes de Vrasubatlat avec cette volonté à vouloir corrompre les chairs et les esprits. Et le duo y met les formes par une brutalité accrue – vous prenant rapidement à la gorge dès « Asphyxiation » –, un côté cryptique plus poussé (jusqu'aux titres, cf. « Vomitous Worship in Rotten Tombs », par exemple, digne de Ritual Chamber) ainsi que des atmosphères froides et occultes (tissant davantage de liens avec des formations telles que Teitanblood) surlignant un peu plus l'aspect misanthropique de l'entité. Un appel à vos inclinaisons les plus basses, à votre ruine, que mène parfaitement Ad Infinitum par son timbre caverneux et habité – parfaitement secondé par T.T. (Witch Vomit, Dagger Lust, Pissblood,...), invité qui officie aussi à la guitare. Des vocaux presque inhumains, animés d'une certaine folie (« Entranced by Filth »), qui vous crachent leur atrabile au visage et accentuent cette sensation d'étouffement.
La paire Ad Infinitum/Cedentibus poursuit son œuvre de destruction massive tout en gardant sa propre ligne directrice mais an corsant son propos et durcissant le ton. En résulte un Spiritual Bloodshed plus personnel mais exigeant dont le seul dessein est de vous faire vous vautrer dans le stupre. Il faudra donc vous accrocher, l'hermétisme ainsi que le côté massif pouvant en rebuter plus d'un et d'une, pour vous familiariser avec les ténèbres.
Flies and filth... alone you are reborn to see
I alone... to be sworn to disease
Cries in vile hands and revolted in hate
Lie upon and contort on your knees
Die, alone and transpire in the haze
Eyes consume every morsel of flesh
Crying alone... you are born to see
I alone... to be sworn to disease
HAIL VRASUBATLAT
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