Mercyless - The Mother Of All Plagues
Chronique
Mercyless The Mother Of All Plagues
Tu connais mon point de vue sur le death metal. Genre que j’ai adoré à ses débuts (j’avais 15 ans en 89…), que j’ai toujours suivi, que je ne comprends plus depuis plus de 20 ans tant les photocopieuses se sont multipliées à l’infini, l’inspiration partie en fumée (n’abordons pas, pour préserver les plus fragiles, la décrépitude d’un monstre comme Morbid Angel) et l’originalité remisée au caveau. Pourtant, en suivant attentivement ça et là les posts et autres chroniques de mes camarades, il m’arrive encore – très rarement, soyons francs – de trouver chaussure à mon pied. Et parmi ces groupes que je n’ai jamais lâchés, Mercyless figure en bonne place. Abject Offerings m’avait sidéré à sa sortie et le controversé Coloured Funeral ne m’avait pas déstabilisé mais, au contraire, avait achevé de m’emballer. Passées les erreurs de parcours COLD et Sure to be Pure, Unholy Black Splendor et surtout Pathetic Divinity s’étaient finalement positionnés de sorte que Mercyless retrouve son trône.
Mother of All Plagues débarque ainsi en 2020, dans ce contexte discographique plutôt très favorable et, pour ma part, il ne me convainc pas totalement pour les raisons que je vais tenter, au mieux, d’exposer.
Infection – qui pourrait renvoyer à la Covid 19 même si tel n’est pas l’idée du groupe – pose des bases que l’on croirait tirées d’Abject Offerings, articulée sur des bruitages menaçants, comme une sorte d’incantation satanique. Cette intro brève permet d’amener l’auditeur au vif du sujet, Rival of the Nazarene introduisant le death metal reconnaissable entre mille du combo français. Un death qui n’appuie pas sur la lourdeur du propos mais qui accentue au contraire un riffing plus typiquement thrash, les vocaux de Max Otero étant eux-mêmes davantage axés sur l’agression que sur la profondeur du timbre. Un death où les soli prennent une place réfléchie, qui créent une cassure ou une relance (vers les 3’ sur Rival of the Nazarene ; le pont à mi-parcours sur Banished from Heaven ; le solo endiablé sur Bring me his Head) et qui n’oublie pas les lignes mélodiques (le final de Rival of the Nazarene).
La diversité des titres et des ambiances a toujours fait la force de Mercyless. On retrouve cette patte ici même puisque dès Banished from Heaven, la vitesse d’exécution reprend le dessus mais, précisément, dès que le pont central intervient, le mid-tempo donne une autre couleur, un autre visage au titre, plus doom, plus souterrain (Laqueum Diaboli). La remarque peut également être faite avec Inherit the Kingdom of Horus dont le pont ultra doom brise littéralement la dynamique du morceau pour mieux la relancer par la suite. De ce point de vue, la basse est très présente dans le mix ; sur Bring me his Head ou All Souls are Mine par exemple, on perçoit parfaitement sa rondeur.
Mais, et c’est là que je veux en venir depuis le début, en dépit de ces quelques morceaux de bravoure, de cette science de la composition inhérente au combo, la dynamique globale de l’album est assez… molle. Pour preuve : aucun morceau quasiment ne dépasse les 4 minutes et pourtant, parfois, le temps paraît long. Confusion est un interlude inutile, qui casse le début de dynamique installée depuis Banished. Inherit the Kingdom of Horus et surtout The Mother of All Plagues traînent en longueur sans apporter une quelconque touche d’intérêt, classiques parmi les classiques. Descending to Conquer manque cruellement de pêche. Litany of Supplication qui clôture l’album, finit en queue de poisson.
Si les très nombreux soli qui parsèment les titres offrent, on l’a dit, des respirations bienvenues, leur abus aboutit également, à mon sens, à briser la brutalité qui s’était installée et qui tirait certains titres vers les abysses (sur Inherit the Kingdom of Horus, le titre le plus doom, la voix caverneuse de Max Otero colle bien… le solo dénature cette descente aux enfers ; Litany of Supplication, très doom/heavy dans l’esprit, même remarque ; All Souls are Mine, brutal à souhait et ralentit indûment par des solis à mon sens inutiles).
Tu l’auras compris, il y a dans ce nouveau Mercyless beaucoup de bonnes choses : de la diversité, des morceaux fouillés, un vrai travail de composition, comme toujours. Un grand groupe ne se perd jamais vraiment ; il peut s’égarer mais revient assez fréquemment à son talent. Pour autant, j’ai trouvé The Mother of All Plagues moins dynamique, moins dense, moins pertinent finalement que les précédentes réalisations du combo alsacien, la faute à un abus de soli qui ne servent pas toujours la musique et à quelques titres plus dispensables.
| Raziel 13 Mars 2021 - 1319 lectures |
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