Cela fait bien longtemps que l’on n’a pas eu ici une bonne chronique de Metallica. Attention, ce n’est pas que les écrits de Chris ou de Keyser m’aient donné envie de me tirer une balle dans la tête mais plutôt que le groupe de San Francisco est selon moi à côté de la plaque depuis maintenant un sacré paquet d’années. En fait, je fais partie de ceux pour qui Metallica s’est arrêté après l’éponyme de 1991. Et pour tout vous dire, le seul album que j’ai dû écouter en entier depuis (en dehors des quatre premiers qui tournent évidemment religieusement et de manière régulière), ce doit être
Death Magnetic parce qu’à l’époque on avait sût me le vendre comme il fallait. Mais le fait est que je n’y suis jamais revenu et qu’il y a bien peu de chance pour que je m’inflige à nouveau ce genre de déconvenue. Comme tout le monde j’ai déjà entendu le son de casserole dispensé par Bob Rock sur
St Anger, bien sûr je me suis également farci certains des clips diffusés avant la sortie de
Hardwired... To Self-Destruct, bien sûr j’ai déjà tenté de forcer un peu le destin quitte à me faire violence (
Load au secours...) mais non, putain non, Metallica c’est aujourd’hui ter-mi-né. Je le sais. Et cela malgré l’énorme respect que j’ai pour ces gars et ce qu’ils ont réussi à créer en leur temps.
J’aurai moi-aussi aimé pouvoir vous parler des quatre premiers albums du groupe mais comme je suis malheureusement arrivé après la bataille pour prétendre pouvoir le faire, il ne me reste aujourd’hui plus grand-chose sous le coude ayant encore de la valeur à mes yeux. Mais l’actualité fait parfois bien les choses et la réédition récente de ce sympathique EP qu’est
The $5.98 E.P. Garage Days Re-Revisited me permet ainsi de mettre pour la première fois les mains dans une chronique des Four Horsemen. Et ce n’est pas fini car j’ai peut-être encore deux/trois petites choses en tête dont j’aimerai pouvoir parler. Mais ça, ce sera pour une prochaine fois...
Sorti en août 1987 (je vous laisse faire les maths),
The $5.98 E.P. Garage Days Re-Revisited n’est pas un simple disque de Metallica vendu à l’époque trois francs six sous (enfin $5.98) mais un disque de reprises par quatre amateurs de (Post) Punk et de Heavy Metal. D’une durée particulièrement contenue puisque celui-ci n’excède pas les vingt-cinq minutes, ce court EP de seulement cinq titres va voir les quatre Californiens reprendre du Diamond Head, Holocaust, Killing Joke, Budgie et The Misfits (grosso modo les groupes préférés de Lars Ulrich, Cliff Burton et James Hetfield). Un retour aux toutes premières heures de Metallica, un clin d’œil évident à ses amours de jeunesse mais aussi un moyen d’introduire à leurs fans de l’époque le remplaçant du regretté Cliff Burton décédé un peu moins d’un an auparavant dans un tragique accident de tour bus. Et oui,
The $5.98 E.P. Garage Days Re-Revisited est en effet le premier disque de Metallica à voir figurer le transfuge de Flotsam & Jetsam, monsieur Jason Newsted. Enfin, pour en terminer avec les présentations, sachez que le titre de ce EP fait directement référence à la face B du single
Creeping Death sorti en 1984, intitulé
Garage Days Revisited et sur laquelle figure deux reprises, une de Diamond Head ("Am I Evil ?") et une de Blitzkrieg ("Blitzkrieg").
Si la version originale de ce disque se monnaie aujourd’hui pour une vingtaine d’euros minimum (en tout cas pour la version CD), il est possible de faire l’acquisition de ces quelques titres à moindre frais grâce à l’album
Garage Inc. sorti en 1998. Mais pour cela il faudra se farcir un Lars Ulrich portant une casquette à l’envers et une tenue de garagiste Midas pour tout le monde. Nah... Pour les autres, c’est à dire ceux qui souhaiteraient enrichir leurs étagères de ces récentes rééditions proposées par Blackened Recordings, sachez qu’elles sont proposées dans une version remasterisée dont une édition longbox. Enfin pour le prix, compter désormais 8,99€ minimum grâce à cette petite chose que l’on nomme inflation.
De "Helpless" à "The Small Hours" en passant par "The Wait" ou encore l’enchaînement de ces deux titres des Misfits que sont "Last Caress" et "Green Hell", Metallica va livrer d’une manière générale des interprétations particulièrement fidèles aux version originales, poussant même le vice jusqu’à utiliser certains effets sur la voix de James Hetfield pour apporter une certaine substance propre au morceau dans sa version première (le cas de "The Wait" notamment). A l’inverse, malgré ce souci du détail, on note également quelques petites différences, puisque toujours sur cette reprise de Killing Joke les éléments électroniques introduit par le groupe de Jaz Coleman sur le refrain n’ont pas été repris ici. Même constat sur "Helpless" ou Hammett posera un solo sorti de son imagination et sur "Crash Course In Brain Surgery" de Budgie où Metallica va s’autoriser avec ce break façon "apéro", deux autres solos que l’on ne trouve absolument pas sur la version de 1974. Le premier de Kirk Hammett et le second d’un Jason Newsted à qui on a laissé la possibilité de s’exprimer. D’ailleurs, la production lui rend ici plutôt justice (hin hin) puisqu’on l’entend effectivement très bien sur chacune de ces cinq reprises. Cinq titres qui vont permettre à Metallica de varier les plaisirs en changeant de registre. Le groupe va ainsi passer d’un titre Heavy Metal ("Helpless") à quelque chose de beaucoup plus lourd, notamment grâce à cette production bien plus imposante qui va faire de "The Small Hours" un morceau qui aurait pu trouver sa place sur le Black Album mais aussi des titres Post Punk/Goth ("The Wait"), Hard Rock 70’s (la reprise de Budgie) et Horror Punk mélodique et catchy ("Last Caress/Green Hell"). Le EP se termine sur les notes d'un "Run To The Hills" particulièrement mal accordé donnant au titre
...Garage Days Re-Revisited tout sons sens tant on dirait un groupe d'adolescents qui viennent de faire la découverte de leurs instruments.
Petite bouffée d’air frais dans une discographie d’un Metallica qui à l’époque n’était pas là pour amuser la galerie,
The $5.98 E.P. Garage Days Re-Revisited se déguste avec grand plaisir, déjà parce que les quelques titres dispensés par les Four Horsemen tranchent très nettement avec ce que le groupe avait sorti jusque-là mais aussi parce qu’ils permettent de mettre en lumière les diverses influences du groupe et de chacun de ses membres. Un détail que je n’avais pas saisi à l’époque où j’ai découvert ce disque mais qui permet pourtant d’expliquer pas mal de choses, notamment concernant leur début sur
Kill ‘em All. Cet EP est aussi le premier sur lequel figure un Jason Newsted dont la fonction n’a pas encore été altérée par des egos démesurés. Finalement,
The $5.98 E.P. Garage Days Re-Revisited se veut la représentation d’un groupe qui malgré les événements récents (la perte brutale de leur ami et bassiste Cliff Burton), semble encore touché par une certaine insouciance et une honnête légèreté. Deux sentiments qui s’apprêtent bientôt à disparaître définitivement.
1 COMMENTAIRE(S)
08/08/2018 08:29
Mais ça, c'était avant le drame !!