Bobby Gustafson mis à part, on ne peut pas dire que le combo new-yorkais ait subi l'emprise stylistique d'un de ses successeurs en particulier, Bobby « Blitz » Ellsworth (chant) et D.D. Verni (basse) formant indiscutablement l'épine dorsale du groupe. Certains ont bien essayé, à l'image de Joe Comeau et Sebastian Marino, dont les véléités power et groovy ont permis à OVERKILL de traverser sans trop de dommages les fatidiques années 90. Mais leur successeur, l'homme caméléon Dave Linsk, a depuis repris à son compte une partie de la recette, alliant rythmiques heurtées et leads thrashy à l'ancienne d'inspiration slayerienne. Autant dire qu'à ce niveau de similitude, pour le néophyte, cela fait plus de dix ans qu'OVERKILL sort, inlassablement, encore et toujours le même album. A l'inverse, coincé entre la période classique (la Bobby Gustafson era) et celle, plus moderne des guitaristes pré-cités, se trouve un entre deux assez singulier, dans la mesure où la paire Gant/Cannavino n'a jamais véritablement apposé une marque claire et définie sur les compositions du groupe. En effet, difficile de s'y retrouver entre un
« Horrorscope » magnifiquement sombre, affinant la formule initiée sur
« The Years Of Decay », et un
« I Hear Black » surprenant, voire déconcertant, qui voit OVERKILL s'aventurer en plein territoire sabbathien. Un album atypique appelant forcément un four commercial, surtout à l'heure (1993) où le thrash commence sérieusement à y laisser des plumes, les têtes pensantes Verni et Ellsworth reprennent les choses en main et sortent, avec « W.F.O. » (pour
wide fuckin' open - à fond les manettes comme disent les bikers), un pur album de thrash dans la grande tradition du genre. Back to formula.
Alors, « W.F.O. » ?
« Horrorscope » bis ? Que nenni. Il est dit qu'avec Merrit Gant et Rob Cannavino à son bord, jamais le vaisseau OVERKILL ne sortira le même skeud, renforçant par là même le sentiment d'avoir affaire à une belle bande de schizos. Ils sont donc plusieurs dans leurs têtes, ce qui ne les empêche pas de livrer ici un bon petit thrash incisif, frais et direct, flirtant souvent avec le hardcore ; tous les titres sont tous construits sur le même canevas : un riff implacable pour commencer, puis la section rythmique qui s'emballe, une basse omniprésente aussi vrombissante (sinon plus!) que les guitares et des backing vocals vampirisant une bonne partie des refrains, en parfaite complémentarité avec le registre haut perché d'un Bobby « Blitz » Ellsworth en grande forme. La plus grande différence avec les efforts précédents, c'est la complète disparition du côté obscur, le groupe optant ici pour la force brute et décomplexée de « Taking Over » ou « Feel The Fire », la naïveté en moins. Tour à tour rapides (« Fast Junkie », « Supersonic Hate », « They Eat Their Young ») ou headbangants (« Up To Zero », « What's Your Problem? »), quand ils ne donnent pas dans le mid-tempo brise nuque de rang (« Where It Hurts »), tous les titres, sans exception, sont d'une efficacité redoutable. Riffs bondissants, solis de grande qualité et patate d'enfer, telles sont les principales qualités d'un « W.F.O. » dont on retiendra particulièrement les deux dernières salves : l'irrésistible « Bastard Nation », hymne métallique au refrain ravageur dont la construction est un modèle du genre, et enfin « Gasoline Dream », sûrement la plus virulente du lot, et la seule à renouer un tant soit peu avec une
dark attitude malheureusement un peu trop sous l'éteignoir. On se consolera avec ce baroud d'horreur hanté par des lignes de basse diablement viscérales, avant l'arrivée des ghosts tracks en piste 98, OVERKILL jouant « Heaven And Hell » (BLACK SABBATH), « The Ripper » (JUDAS PRIEST) et « Voodoo Child » (SLIGHT REAPER) en répétition. Album solide et sans faille, « W.F.O. » rate de peu le statut de classique, la faute à un certain manque de fantaisie et à la (trop?) grande simplicité des compositions, le seul morceau un tant soit peu atypique étant l'hommage instrumental dédié au guitariste de SAVATAGE Criss Oliva (« R.I.P. (Undone) »), décédé à seulement trente ans dans un accident de voiture. A noter pour finir que le sample d'introduction de « The Wait/New High In Lows » est tiré du film
Carlito's Way de Brian De Palma (ou
L'impasse en VF). La scène, qui voit Al Pacino, chargeur vide et peur au ventre, tenter un coup d'esbrouffe verbal pour sauver sa peau, est absolument magnifique. On n'en dira pas autant de cet album mais « W.F.O. », qui se classe sans problème parmi les cinq meilleures productions du groupe, est l'occasion de vérifier qu'à l'époque, OVERKILL ne manquait pas de munitions pour faire parler la poudre.
3 COMMENTAIRE(S)
15/10/2011 21:05
Sinon rien à redire, un (très) bon album, groovy, headbanguant et ouais cette basse qui vient vous chiquer les mollets!
Mais quand même pas du niveau du génialissime "Horrorscope"!
12/07/2009 14:45
12/07/2009 14:40