Si les vaillants New-Yorkais ont traversé mieux que d’autres des années 90 douloureuses pour le thrash (exception faite de l’atypique
« I Hear Black », les autres albums sortis durant cette période ont tous reçu un accueil critique favorable), « Necroshine » sent toutefois fort la fin de cycle pour une paire de six-cordistes amenée à faire ses valises. Ce sera dans la foulée pour Sebastian Marino (ANVIL), à peine plus tard pour un Joe Comeau (ANNIHILATOR) qui jouera les prolongations sur le dispensable album de reprises « Coverkill ». Comme les duettistes Rob Cannavino et Merritt Gant avant eux, les deux compères ont donc été gagnés par l’usure, au contraire des piliers Bobby « Blitz » Hellsworth et D.D. Verni, sans oublier le fidèle Tim Mallare, qui tiendra bon jusqu’à
« ReliXIV ». Un line-up stable avant l’habituelle fuite des talents donc, pour une dernière incursion dans un univers plus power thrash que véritablement speed, avec toutefois moins de réussite que sur un « From The Underground And Below » groovy à souhait.
Car si la continuité stylistique saute immédiatement aux oreilles (notamment la lourdeur rythmique, héritage du règne de PANTERA et MACHINE HEAD sur la scène américaine), l’inspiration à géométrie variable dont font preuve les géniteurs des inoubliables
« Horrorscope » et
« Ironbound » débouche sur quelques séquences pénibles, comme ce « 80 Cycles » interminable, ou encore un « Dead Man » final qui n’incite pas vraiment à déterrer le cercueil verdâtre de la cover. Même le title track, qui se fraye encore régulièrement une place dans la setlist du groupe en concert, aurait nécessité quelques coupes franches pour gagner en efficacité, mais le plus gênant reste encore la raréfaction des solis et autres séquences mélodiques au profit d’une regrettable sécheresse rythmique, un comble au vu de l’habileté des guitaristes en la matière (le gros point fort de
« The Killing Kind »), comme en témoigne le break salvateur de « Stone Cold Jesus ». Alors certes, OVERKILL a de beaux restes sur des titres comme « Revelation », sur lequel la sœur de Bobby se paye un caméo convaincant (second guest sur « Let Us Prey »), ainsi que sur l’entraînante « My December » et « Let Us Prey », comme par hasard les morceaux où le tempo s’accélère un minimum. Mais en dehors que quelques retours de flamme (les fans de heavy thrash à l’ancienne apprécieront particulièrement une piste comme « Blackline »), le résultat reste à moitié convaincant, Bobby persistant à mettre en veilleuse sa voix si particulière pour ne pas heurter la sensibilité des jeunes brutasses ne jurant que par Rob Flynn. Du OVERKILL par trop dénaturé ? Il y a un peu de ça, même si l’échec cuisant du « Green » de FORBIDDEN vient tempérer ce jugement. Car au final, si l’on fait le bilan, les Américains ne s’en sont pas si mal sortis avec une trilogie power qui se défend (le dernier tiers thrash de « I Am Fear » fait toujours son petit effet et l’on revient volontiers vers les deux opus précédents), allant même jusqu’à repousser jusqu’en 2004 la traversée du désert essuyée à l’époque par bon nombre de leurs congénères. On est quand même en droit de préférer l’option plus extrême expérimentée par TESTAMENT sur « Demonic » et surtout « The Gathering » !
2 COMMENTAIRE(S)
08/10/2012 16:09
T'as tout à fait raison Toto, un album très inégal qui peine à réellement décoller à l'image d'un opening track bien poussif là où le groupe nous avait régulièrement habitué à des brûlots ultra efficaces. Un album à réécouter tous les 5 ans histoire de...
08/10/2012 14:30