Mezzrow - Then Came The Killing
Chronique
Mezzrow Then Came The Killing
Considéré par certains connaisseurs comme le meilleur groupe de Thrash suédois de son époque, Mezzrow n’a pourtant jamais eu la reconnaissance que certains semblent prêt à lui accorder. Pire, il fait depuis déjà belle lurette partie de ces groupes dont personne ne parle, condamné à l’indifférence générale comme tant d’autres avec lui...
Formé en 1988 à Nyköping sur les cendres de Necromancy, Mezzrow va enchaîner les démos (Frozen Soul puis The Cross Of Tormention sur lesquelles un certain Nicke Andersson d’Entombed a d’ailleurs posé ses lignes de basse) avant d’être approché par Active Records, label anglais chez qui sont passés quelques groupes tels que Merciless, Atheist, Candlemass, Therion ou bien encore Obliveon. Un deal concrétisé par la sortie en 1990 de Then Came The Killing, seul et unique album des Suédois. Après une ultime démo parue l’année suivante, le groupe décide pourtant de mettre fin à ses activités en 1992. Treize ans plus tard, vraisemblablement gagnés par un sentiment de nostalgie, les trois frères Karlsson décident de réactiver Mezzrow le temps d’un dernier concert qui donnera lieu à la sortie d’un double DVD signant définitivement la fin des Suédois.
Alors quoi, est-ce que ce premier album de Mezzrow est aussi incroyable que certains tentent désespérément de nous le faire gober sur YouTube à coup de "criminaly underrated", "best Thrash album from Sweden" et autre "masterpiece" ? Ma foi, on dirait bien que oui. En tout cas une chose est à peu près certaine, si vous êtes amateurs de Thrash et que vous ne connaissez pas encore Then Came The Killing, je mets ma main à couper que vous risquez fort de tomber sur le cul à l’écoute de ces trente-neuf minutes. Pourquoi cela ? Et bien tout simplement parce qu’un tel album ne devrait pas croupir dans l’ombre ni dans l’anonymat depuis aussi longtemps. Parce que tout amateur de Thrash qui se respecte devrait headbanger aussi souvent que possible sur ces quelques brûlots largement influencés par ces groupes de la Bay Area. Puisant effectivement son inspiration du côté de San Francisco, Mezzrow marche sans vergogne dans les pas d’un certain Testament. Un mimétisme relativement flagrant qui ne doit pas pour autant faire oublier la qualité de ces neuf compositions (huit pour la version LP) de ce premier album ni-même toute cette énergie et cette passion insufflées par les cinq suédois tout au long de ce disque qui continue encore de me surprendre par son efficacité qui n’a rien à envier aux ténors californiens.
Véritable usine à riffs, Then Came The Killing s’impose sans difficulté comme un vrai petit bijou de Thrash en provenance direct de la fin des années 80 (celui-ci a été enregistré fin 1989). Un secret extrêmement bien gardé qui ne demandait (et ne demande encore) qu’à être révélé aux oreilles de tous les amateurs de ce genre de délices sous amphétamines. Aidé par une production puissante et compacte (peut-être un tout petit peu trop), les deux guitaristes Zebba et Staffe Karlsson vont s’en donner à cœur joie grâce à un riffing tout en nerfs et à des solos à vous hérisser le poil. Et si les deux suédois n’ont vraiment rien inventé, leur science du riff suffit néanmoins à faire de chaque composition un pur moment de plaisir. Du palm mute en veux-tu en voilà, sous forme de mid-tempo histoire de s’échauffer les cervicales (les débuts de "Then Came The Killing" et "Ancient Terror", "The Final Holocaust", les premières secondes de "Frozen Souls" et de "Prevention Necessary"...) avant d’attaquer les choses sérieuses lors de ces accélérations à vous rendre complètement dingue ("Then Came The Killing" à 0:39, "Ancient Terror" à 0:41, "Frozen Soul" à 0:31, "Distant Death" à 0:34, "Where Death Begins" à 0:20, etc). Loin d’être des bras cassés, les deux hommes vont également nous dispenser de quelques solos dignes de ce que le Bay Area a produit de mieux dans le genre comme sur "Then Came The Killing" à 2:10, "Ancient Terror" à 0:51 et 3:15, "The Final Holocaust" à 2:34, "Frozen Soul" à 2:22, "Distant Death" à 2:27. Enfin, on trouvera également de nombreux moments au groove insolent ("Then Came The Killing" à 1:08, "Ancient Terror" à 1:01, "The Final Holocaust", "Frozen Holocaust" à 1:22, "Distant Death" à 1:06, les débuts de "Where Death Begins" et "The Cross Of Torment"...). Bref, une véritable leçon de Thrash qui n’a certainement rien à envier à toutes celles qu’on put dispenser des gars comme Alex Skolnick ou Gary Holt dans leur carrière.
Surtout qu’à l’image de ses aînés dont il s’inspire, Mezzrow n’est pas là pour enfiler des perles, menant ses assauts pied au plancher soutenu par un batteur qui n’a de cesse de cavaler, suivant la cadence de feu imposé par les deux guitaristes. Côté chant, la voix d’Uffe Pettersson n’est pas sans rappeler celle de Chuck Billy avec ce grain un peu rugueux et ce côté très américain un brin développé. On sent en tout cas très bien toute la colère et la rage qui anime chacune de ses paroles.
Véritable point d’orgue de sa courte discographie, Then Came The Killing est un très bon album de Thrash, remplissant le cahier des charges de tout ce que l’on peut attendre d’un album de ce genre. Mais même si je prends un putain de panard à chaque écoute, il faut tout de même lui reconnaître quelques défauts. Premièrement, tous les morceaux sont construits exactement sur le même mode. Une introduction mid-tempo suivi par une franche accélération puis un passage plein de groove et hop, on ré-attaque de plus belle. Certes c’est très efficace mais aussi très convenu surtout lorsque l’on ne change pas une seule fois de formule pendant trente-neuf minutes. Fier de ses influences, Then Came The Killing manque aussi un peu de personnalité. Le spectre des Californiens de Testament est ainsi constamment présent à l’écoute de ce premier album de Mezzrow. Bon, personnellement ça ne me gêne pas le moins du monde mais certains d’autres pourraient le voir autrement. Enfin, où est la basse ? Dommage que celle-ci n’ait pas eu le droit de citer lors du mixage car cela aurait certainement permis de relever l’ensemble et nuancer l’impression de compression de la production. Enfin là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est surtout que Then Came The Killing est festival de riffs et de cavalcades Thrash tous plus jouissifs les uns que les autres !
| AxGxB 16 Juillet 2018 - 884 lectures |
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