Appelés à succéder à Bobby Gustafson, les guitaristes Rob Cannavino et Merritt Gant avaient fait forte impression sur ce qui reste comme l'album le plus solide des new-yorkais, le très inspiré
"Horrorscope". Moins dense mais plus efficace que le remarquable
"The Years Of Decay" (terminé les titres à rallonge de plus de 8 minutes),
"Horrorscope" ne souffrait aucune faiblesse et alignait onze titres thrash irréprochables, confirmant l'orientation plus sombre prise par le groupe aux dépends de premiers pas heavy thrash dans le sillage de "Armed And Dangerous" ou "Spreading The Disease" (ANTHRAX). On attendait donc "I Hear Black" de pied ferme, d'autant que pour une fois, les gardes du temple OVERKILL (le chanteur Bobby Ellsworth, le bassiste D.D. Verni) ont lâché la bride aux derniers arrivants en partageant les compos de manière plus démocratique. Le line-up de l'album précédent est donc reconduit entièrement, à l'exception du batteur Sid Falck, blessé lors d'un accident de tour bus et remplacé par l'excellent Tim Mallare (ex-M.O.D.), lequel tiendra la barraque new-yorkaise jusqu'au faiblard
"ReliXIV" (2005).
Faiblard, c'est d'ailleurs l'adjectif qui colle à priori le mieux à ce "I Hear Black" franchement déroutant de prime abord. Très différent de ses devanciers, cet album se singularise par l'absence quasi totale de titres rapides, exception faîte d'un "Weight Of The World" bien modeste en la matière. Teinté d'une mélancolie sourde (l'intro et le break de "Undying", la lancinante "Shades Of Grey", sous l'influence évidente de BLACK SABBATH) et d'une atmosphère poisseuse pour le moins inhabituelle, "I Hear Black" a tout du coup de bambou deux ans après une réussite qu'on a tôt fait de ranger au rayon chef d'oeuvres isolés. En cherchant bien, on trouve bien quelques traces du OVERKILL de naguère dans les soubresauts rythmiques de "Dreaming In Columbian", l'épaisseur de "World Of Hurt" ou encore le riff d'ouverture tranchant du plus traditionnel "Just Like You". Mais le coeur de l'album est ailleurs, dans la charpente groovy de compositions plus aventureuses comme "I Hear Black", "Ignorance & Innocence" ou "Feed My Head", où la lourdeur l'emporte clairement sur la vitesse d'exécution. Pour le coup, si l'on fait abstraction du registre particulier du chanteur Bobby "Blitz" Hellsworth (toujours aussi habité), OVERKILL sonne quasiment comme un groupe de stoner ! La production plutôt rèche d'Alex "The New Order" Perialas renforce le caractère live de l'ensemble, la batterie claquant systématiquement la porte au nez de guitares rythmiques presque sous l'éteignoir.
Reste que, s'il souffre de la comparaison avec "Horroscope" et consorts, cet album atypique a le charme des brebis métalliques égarées, ce goût de l'accident et de l'expérimentation qu'on regrettera plus tard sur les beaucoup plus conventionnels
"Necroshine" ou
"Killbox 13". Doté de très bons solos de guitare, "I Hear Black" accouche même d'un petit classique, la dansante "Spiritual Void", dont l'interprétation live sur le DVD "Wrecking Everything" est une pure merveille. Peu avares en trouvailles (le chant plaintif de "Blitz" sur "Shades Of Grey", la basse pesante sur "Feed My Head"), généreux en pains (l'inutile instrumentale "Ghost Dance", les choeurs ridicules de "Undying"), OVERKILL livre un sixième album bancal mais à l'originalité certaine, dont on retiendra principalement la gueule d'atmosphère, un bon sens du groove et les débuts réussis de Tim Mallare.
4 COMMENTAIRE(S)
21/09/2008 17:25
16/10/2011 00:01
Pareil ça fait un peu que je l'ai pas écouté. Un album quand même sacrément mou du genou qui clairement ne fait pas le poids face à un "Horrorscope" ou "The Killing Kind".
11/08/2008 10:45
10/08/2008 22:17