Après un retour à un niveau de qualité quasi inespéré avec deux albums exemplaires (l’énorme
« Ironbound » et le très réussi
« The Electric Age »), OverKill marquait légèrement le pas il y a trois ans avec un
« White Devil Armory » loin d’être mauvais mais n’atteignant pas le niveau d’excellence affiché sur ses deux prédécesseurs. Pas d’inquiétude pour autant, même si les papis du thrash sont capables du meilleur comme du pire, mon côté optimiste – renforcé par un « Mean Green Killing Machine » tout à fait engageant – m’incitait à garder confiance en cette nouvelle offrande des New Yorkais. Il n’aura fallu qu’une ou deux écoutes pour que l’optimisme se teinte de déception. Même si tout n’y est pas à jeter, « The Grinding Wheel » s’avère l’album le plus faible du groupe de ces dix dernières années à mes yeux. Dommage.
Une fois n’est pas coutume, je jetterai d’entrée de jeu les coupables à la vindicte populaire, car s’il existe un principal défaut, plombant irrémédiablement pour moi un album possédant bien par ailleurs quelques qualités, il porte un nom : le riffing. C’est donc la paire Dave Linsk/Derek Tailer que je me dois d’appeler au pilori tant la prestation proposée sur cette heure frôle ce qu’OverKill a pu produire de plus mauvais. Une paire de six cordistes qui nous avait pourtant tellement enchanté sur
« Ironbound » et qui sur « The Grinding Wheel » semble souffrir d’une panne d’inspiration telle qu’en plus de faire les fonds de tiroirs riffiques elle en viendra même à s’auto-repomper (ce qui n’est jamais un bon signe vous en conviendrez). Comment diable défendre des riffs indignes d’OverKill comme ceux de « Goddamn Trouble » ou « Shine On » ? Même en pleine gueule de bois un dimanche matin je n’oserais pas proposer ça… D’aucuns pourront les trouver accrocheur, à la limite, mais quelle pauvreté de composition ! Aucun vrai riff de tueur, ceux qui vous font redresser le sourcil, vous mordre la lèvre et headbanguer frénétiquement les poings serrés. Et sans tomber tous aussi bas (heureusement sinon on touchait le fond !) la plupart des titres souffriront de ce manque d’inspiration flagrant à l’instar d’un bien fade « Come Heavy » au riffing heavy-rock qu’on dirait sorti de « Load »/« Reload » ou encore d’un éponyme qui tombera assez rapidement aux oubliettes et dont on ne retiendra que l’accélération salvatrice et la fin plus sombre presqu’épique. Malheureusement, non content d’avoir perdu son inspiration en bas du manche, Dave Linsk nous offre ici l’une de ses plus piètre prestation soliste, incapable de pondre ne serait-ce qu’un seul bon solo sur l’ensemble de ces dix titres (hormis peut-être celui de « Goddamn Trouble » et encore) quand il ne tombe pas complètement dans le bas de gamme honteux (c’est quoi ce début de « The Long Road » façon Maiden du pauvre et cette lead toute pourrie, sérieux ?!). Difficile vous me direz de poser des solos de tueurs sur des compos aux bases bancales… Enfin pour parachever ce qui pourrait s’apparenter à un assassinat en règle, en plus d’un DD Verni transparent (dommage vu la pertinence de ses quelques interventions !), OverKill en finit même par se mordre la queue sur une « Our Finest Hour » qui sonnera surtout comme une resucée d’ « Electric Rattlesnake » en moins bien ou encore ce break mélodique à 3’19 sur « Shine On » reprenant allégrement la progression d’accords de l’intro de « Bare Bones ». Bref les points d’achoppements sont ici nombreux.
Heureusement tout n’est pas complètement noir et malgré ces (gros) défauts, « The Grinding Wheel » gardera au moins pour lui une bonne dynamique d’ensemble notamment grâce à cette bonne vieille énergie punkisante qui électrise un thrash à papa toujours bien exécuté à défaut de s’avérer excessivement inspiré et épaulée de nombreux sing alongs vigoureux venant aider – s’il en était besoin – un Bobby Elsworth toujours au top de sa forme. Car s’il y a bien un élément qui tient ici parfaitement son rôle c’est encore une fois le charismatique frontman qui nous offre une prestation, elle, irréprochable. Et malgré les mauvais points attribués aux deux gratteux reconnaissons tout de même les quelques bons moments qui empêchent « The Grinding Wheel » d’échoir dans la case
mauvais albums. Si mon jugement semble sévère, deux ou trois titres tirent tout de même leur épingle du jeu à commencer par « Mean Green Killing Machine », l’énergique « Let’s All Go To Hades » (et ses faux airs de « The Goal Is Your Soul »), « Red White and Blue » ou encore « The Wheel » qui s’avère un titre bien efficace malgré un riffing sommaire et une intro à oublier au plus vite. Allez on aura bien aussi quelques petits breaks bien sentis à se mettre sous la dent (« Our Finest Hour » à 3’52, « Red White And Blue » à 2’26) mais ce sera bien maigre au final.
J’ai probablement la dent un peu dure mais comme le dit le vieux dicton
»qui aime bien châtie bien ». J’attends tellement à chaque nouvel album des New Yorkais que la déception est d’autant plus vite arrivée. S’il m’a énormément déçu aux premières écoutes, j’avoue que les dernières lui ont fait grapiller un demi-point en plus mais vraiment le riffing souffreteux parfois indigne d’OverKill ainsi que les leads rachitiques m’empêchent d’aller plus haut. « The Grinding Wheel » sera de ces albums qu’on ressort une fois tous les trois ans quand on a fait plusieurs fois le tour des moments forts de la discographie. Allez, rendez-vous dans trois ou quatre ans pour redresser la barre !
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12/05/2017 21:12
12/05/2017 09:33