A l'heure où bon nombre de formations thrash de la première heure profitent du regain d'intérêt concernant la dite scène pour 1) faire la tournée des festoches (SACRED REICH, FORBIDDEN) 2) envisager la sortie d'un nouvel album (EXHORDER) 3) opérer un véritable comeback (EXODUS et DEATH ANGEL, de nouveau de la partie depuis 4/5 ans), soulignons la résistance d'un groupe comme OVERKILL qui, contre vents et marées, mène inlassablement sa barque au gré de changements de line-up souvent salvateurs. Car si le duo D.D. Verni (basse)/Bobby « Blitz » Ellsworth (chant) tient bon la barre du navire depuis ses débuts discographiques en 1984, le combo new-yorkais a vu défiler pas moins de six guitaristes différents après que Bobby Gustaffson ait décidé de mettre les voiles en 1990. Au duo Gant/Cannavino ont succédé Joe Comeau et Sebastian Marino, bientôt supplées par Dave Linsk (ANGER ON ANGER) et, pour la première fois à la guitare rythmique, Derek Tailer (bassiste chez S.M.F., le combo de Dee Snider) sur « Killbox 13 ». Sans se renier, OVERKILL a donc évité le naufrage en adjoignant à son thrash frondeur des éléments power/groovy loin d'être putassiers, et qui ont eu pour effet de renforcer la touche hardcore du groupe en live. Une statue pour OVERKILL, dernier bastion de la résistance thrash avec SLAYER dans les années 90 ? Pareille ténacité et constance dans l'effort mérite d'être soulignée.
Mais toute médaille a son revers et on voit mal comment OVERKILL pourrait ramasser les fruits d'un long et dur labeur maintenant que le genre est revenu (un peu) en grâce aux yeux du public et des médias, le capitaine Verni et son barreur Ellsworth payant logiquement 25 ans d'efforts ininterrompus pour maintenir à flots le vaisseau OVERKILL. En découle une série d'albums prenant l'eau de toutes parts comme
« Immortalis » et « ReliXV », où l'usure physique et mentale de l'équipage commence clairement à se faire sentir. Dernière sortie recommandable en date, « Killbox 13 », s'il amorce l'idée d'un déclin qu'on ne souhaite pas irrémédiable, reste néanmoins suffisament costaud pour mener à bon port les amateurs de riffs tranchants et de rythmiques bien étanches. Faisant suite à l'excellent
« Bloodletting » (2000), ce douzième album mis en boite par Colin Richardson comporte son lot de tueries taillées pour les planches, à l'instar de l'opening track « Devil By The Tail ». Plus carré que jamais, OVERKILL, s'il ne démord pas de l'option mid tempo massif validée depuis « From The Underground And Below », se permet un clin d'oeil évident à SLAYER à 2:44, leads saignantes à l'appui. Un morceau redoutable mettant en exergue les qualités de screamer de Bobby Ellsworth, qui signe (une dernière fois ?) des refrains de grande qualité. Aussi à l'aise sur les compos les plus énervées (la brise nuque « Damned », la très thrashy « I Rise ») que sur les titres les plus rock n'roll (« The Sound Of Dying », et son molestage en règle de l'écolier Angus à 2:32), la voix la plus singulière du thrash avec celle de Zetro colle parfaitement au feeling plus sombre de « Until I Die » ou « No Lights », qui confèrent un peu de variété à un « Killbox 13 » pour l'essentiel coulé dans le béton. La superbe « Until I Die » surtout, qui ressuscite l'ambiance des titres fleuves de
« The Years Of Decay », pour un résultat plus brut et condensé, s'achevant sur le seul véritable passage rapide de l'album. Deux rayons de noirceur bienvenus dans un ensemble malheureusement un peu trop lisse (Colin Richardson oblige, les guitares se taillent la part du lion dans le mix) où OVERKILL donne parfois dans le très commun (les avaries « Struck Down » et « Unholy »). Dommage également qu'un titre aussi lourdingue que « Crystal Clear », copier/coller de la nullissime « 80 Cycles », vienne flanquer par terre la dynamique du tracklisting, plutôt bien agencé malgré quelques passages trop conventionnels sur « The One » et « The Sound Of Dying ». Reste une fin de traversée où le groupe sort les rames, en dépit de la cadence d'une section rythmique Tailer/Mallare souquant dur à l'approche de la terre ferme. Le moussaillon Dave Linsk, une nouvelle fois impeccable, n'a hélas pas grand chose à faire, si ce n'est placer les meilleurs leads possibles dans le mince espace alloué par les vieux loups de mer Verni et Ellsworth. Sans inciter à la mutinerie, OVERKILL gagnerait quand même à ne pas laisser croupir ses meilleurs matelots en fond de cale, sous peine de sombrer corps et biens dans les profondeurs de la bay (area ? Ah non merde, 'sont de la côte est).
2 COMMENTAIRE(S)
01/11/2011 14:32
Je te trouve un peu dur, pour moi c'est un très bon album (le dernier?). Certes plutôt axé mid-tempo mais c'est pas une nouveauté et perso ça ne me dérange aucunement car ça reste ultra headbangant (le meilleur exemple à 2'55 sur "Devil by the tail", riff par ailleurs totalement repompé sur un titre de "The killing kind").
A part "Crystal clear" qui est effectivement très poussive et inutile, "Struck down" est aussi en dessous du reste mais justement pour ma part je trouve le reste d'un excellent niveau avec des putains de riffs! Et "Until I die" est effectivement une tuerie.
J'aime aussi beaucoup "The sound of dying"!
31/03/2009 13:30