Terrifier - Weapons Of Thrash Destruction
Chronique
Terrifier Weapons Of Thrash Destruction
Le Canada a toujours eu de sérieuses prédispositions en matière de Thrash. De Razor à Sacrifice en passant par Exciter, Infernäl Mäjesty ou encore Slaughter, voilà autant de groupes qui ont su faire parler du Canada à une époque où le Thrash était pourtant dominé sans commune mesure par les Américains et les Allemands.
Aujourd’hui encore, ce pays souvent moqué par ses voisins frontaliers (qui n’a pas en tête Terrance & Philippe de South Park ?), continue de fournir des seconds couteaux qui ont pourtant tout du premier choix. Venu tout droit de Kelowna, en Colombie Britannique, Terrifier est clairement de ceux-là.
Formé en 2003, le groupe évolue d’abord sous le nom de Skull Hammer avant de changer de patronyme courant 2012 pour celui de Terrifier. Depuis, les Canadiens ont sorti un EP, un split et deux albums dont le dernier en date, paru en janvier sur Test Your Metal Records s’intitule Weapons Of Thrash Destruction. Histoire de jouer encore un peu plus la carte du cliché, les Canadiens ont confié l’artwork de ce dernier à l’illustrateur Andrei Bouzikov, bien connu de la scène Thrash pour ses travaux colorés et pas toujours de très bons goûts. Mais pour le coup, celui-ci est plutôt réussi avec un vaisseau spatial qui balance des lasers verts dans tous les sens, des immeubles qui explosent, un gars en costume qui crame et quelques thrashers chevelus en marche pour une révolution musclée.
Alors quoi, Terrifier fait du Thrash. La bonne affaire. Tous les groupes cités au-dessus le faisait déjà il y a près de trente-ans. Pas de quoi s’extasier... Sauf que, si effectivement les Canadiens n’ont rien de neuf à proposer, force est de constater qu’en dépit d’un anonymat assourdissant, le groupe maitrise son sujet sur le bout des doigts. D’ailleurs je ne vous raconte pas la tête que j’ai fait en découvrant pour la première fois le Thrash sur-vitaminé de ce groupe qui m’était alors complètement inconnu. Il ne s’est pas passé un morceau sans que, alors assis sur mon canapé face à mon ordinateur, je me laisse aller à headbanger vigoureusement. Putain, ce pied !
La force de Terrifier, le groupe la puise dans son énergie et des compositions redoutables menées à un rythme d’enfer (ça cavale dur chez les Canadiens), un riffing nerveux à l’efficacité des plus redoutables et à des solos (putain ces solos !) absolument incroyables à vous hérisser le poil de bonheur. Une recette qui en matière de Thrash semble d’une banalité déconcertante mais que j’ai rarement vu aussi bien appliquée ces dernières années par les groupes de la nouvelle génération. On se croirait presque revenu à l’âge d’or des Exodus, Testament, Forbidden et autre Heathen. J’ai bien dit presque parce que la production moderne (alliant puissance et équilibre) mais pas exagérée ne trompera personne sur l’origine de la marchandise.
Une production au service d’un Thrash sévèrement burné qui n’a que faire des mid-tempos et préfère coller l’auditeur à son siège à coup de tchouka-tchouka particulièrement virulents et quasi interrompus (il y a même quelques blasts de temps à autre), de riffs simples mais ultra speed, de mosh part parfois tapissées de double et de shreds de virtuoses qui ne laissent aucun doute quant aux capacités techniques de sa paire de guitaristes, Brent Gallant et Rene Wilkinson. Si les deux en imposent déjà par la rapidité d’exécution de leurs riffs, les soli sont de purs moments de démonstration technique à rendre dingue n’importe quel apprenti guitariste. De la démonstration certes, mais non sans un véritable feeling. Osez me dire qu’il n’y rien qui se dégage de ces moments de pure jouissance que l’on peut retrouver sur "Reanimator" à 3:52, "Deceiver" à 4:11, "Nuclear Demolisher" à 3:15, "Skitzoid Embolism" à 1:30 et 3:04 (en référence au fameux Total Recall de Paul Verhoeven), "Drunk As Fuck" à 2:25 et 3:26, "Bestial Tyranny" à 2:51 ou encore "Sect Of The Serpent" à 4:25. Putain, rarement ai-je eu autant envi de faire du air guitar. Quel panard (oui, ça doit bien faire la troisième fois que je le dis dans cette chronique, c’est vous dire à quel point je prends mon pied) ! Bref, le travail sur les guitares (riffs, solos, jeu de réponses entre Brent Gallant et Rene Wilkinson, technique, rapidité…) est particulièrement impressionnant et permet notamment à Weapons Of Thrash Destructionde se hisser aisément parmi les découvertes/nouveautés Thrash de l’année 2017. Aucun doute là-dessus.
Je crois que j’ai été assez clair quant à mon enthousiasme face à ce deuxième album des Canadiens de Terrifier qui m’a pris par surprise comme rarement auparavant. Si vous appréciez le Thrash, qu’il soit technique et/ou rapide, moderne et/ou de l’ancienne école, vous ne pouvez pas en connaissance de cause passer à côté de cette petite pépite qui offre tout ce que ce style a de meilleur à offrir. Un disque incroyablement féroce et d’un niveau technique saisissant qui devrait réjouir même les plus aigris en la matière. Sans surprise, Weapons Of Thrash Destruction devrait naturellement trouver sa place dans mon bilan de fin d’année. D’ici-là, n’hésitez pas à prendre le train en marche car ça en vaut vraiment la peine.
| AxGxB 25 Avril 2017 - 1996 lectures |
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9 COMMENTAIRE(S)
citer | Je me le repasse presque une fois tous les deux jours, en ce moment. Impossible de s'en lasser, c'est devenu un de mes classiques en thrash revival. |
citer | Batu 12/05/2017 23:07 | note: 8.5/10 | Petite pépite. |
citer | Pas particulièrement un amateur de mon côté mais je dois bien avouer que ça poutre pas mal quand même cette histoire ! |
citer | AxGxB 27/04/2017 10:20 | note: 8.5/10 | Pas de quoi messieurs. Ce disque mérite d'être écouté par tous les amateurs du genre. |
citer | rivax a écrit : MoM a écrit : Havok en mieux. Y a un côté un poil plus original et "engagé" dans l'écriture
pas mieux.
Et j'adore l'artwork, c'est un vrai artwork de groupe thrash, ce côté film d'horreur des années 80 totalement assumé.
Je verrai Havok après-demain en live, je te dirai ce que donnent leurs titres joués sur scène Mais l'album, j'ai écouté un morceau ça m'a suffi de voir qu'on est loin de Time is Up.
Pour l'artwork, c'est kitsch à souhait, et je suis de ton avis |
citer | MoM a écrit : Havok en mieux. Y a un côté un poil plus original et "engagé" dans l'écriture
pas mieux.
Et j'adore l'artwork, c'est un vrai artwork de groupe thrash, ce côté film d'horreur des années 80 totalement assumé. |
citer | Belle découverte oui, merci |
citer | C'est vrai que c'est très bon ça ! Je ne connaissais pas du tout mais super découverte en tout cas ! Merci |
citer | Havok en mieux. Y a un côté un poil plus original et "engagé" dans l'écriture (je veux dire qu'on sent que les mecs donnent tout, je sens pas ça paresseux du tout, ils ont un vrai plaisir communicatif).
J'aime ce revival qui fait du bien avec une prod impec' ! Les mecs ont compris que c'est tambour battant, sans compromis, mais avec un sens rythmique implacable que se joue le Thrash. Entre Warbringer, Distillator et ça, 2017 envoie sec dans ce style ! |
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9 COMMENTAIRE(S)
04/12/2020 14:13
12/05/2017 23:07
28/04/2017 15:24
27/04/2017 10:20
26/04/2017 12:47
pas mieux.
Et j'adore l'artwork, c'est un vrai artwork de groupe thrash, ce côté film d'horreur des années 80 totalement assumé.
Je verrai Havok après-demain en live, je te dirai ce que donnent leurs titres joués sur scène Mais l'album, j'ai écouté un morceau ça m'a suffi de voir qu'on est loin de Time is Up.
Pour l'artwork, c'est kitsch à souhait, et je suis de ton avis
26/04/2017 09:13
pas mieux.
Et j'adore l'artwork, c'est un vrai artwork de groupe thrash, ce côté film d'horreur des années 80 totalement assumé.
26/04/2017 09:09
26/04/2017 08:57
25/04/2017 18:04
J'aime ce revival qui fait du bien avec une prod impec' ! Les mecs ont compris que c'est tambour battant, sans compromis, mais avec un sens rythmique implacable que se joue le Thrash. Entre Warbringer, Distillator et ça, 2017 envoie sec dans ce style !