Bellator - I
Chronique
Bellator I (EP)
"Zog Zog"
Le Maître : Wilk, tu es réveillé par un grondement sourd dans le sol. Il fait encore nuit noire et tu ne vois rien.
Wilk : Je réveille Torick
Torick (Roleplay) : "Ho là, qui me réveille de si bonne heure"
Wilk (Roleplay) : "C'est moi, ami nain, peux-tu utiliser ton infravision pour regarder autour, j'ai l'impression que quelque chose approche?"
Torick : Je regarde au loin
Le Maître : Tu distingues des ombres confuses, avec des mouvements, comme une marée, mais surtout, tu sens un remugle inimitable : ça pue l'orc à plein nez. Une aube timide se lève et vous prenez conscience de la sinistre réalité : pendant la nuit, votre petit campement dissimulé dans un repli du terrain a été encerclé par une immense armée d'orcs, gobelins et kobolds qui attend patiemment le lever du jour pour attaquer la paisible cité de Kronus qui ne se doute pas du péril imminent.
Torick (roleplay) : "Diantre, il faut immédiatement aller prévenir la garnison, Wilk, réveille le magicien et faites diversion, je vais foncer dans le tas pour me frayer un chemin jusqu'aux portes de la ville"
Wilk : Mais....
Torick, : Je prends ma hache et je fonce tête la première vers les portes de la ville en balançant des moulinets rageurs pour me frayer un chemin dans le tas d'orcs et je pousse le cri de guerre de mon clan : BELLATOOOOOOOOOR
J'aime à croire que le concept de BELLATOR et de son premier disque, I est né comme cela, au cours d'une de ces soirées de roliste où après des litres de café et des dizaines de clopes, les gamers laissent libre cours à leur instinct et, incarnant totalement leur avatar, se lâchent complètement. Oui, BELLATOR évoque l'incarnation Thrash Metal d'une bande de potes nourris à Tolkien, Eddings, WOW et AD&D. Et pour l'inspiration et le climax, le gang a choisi l'univers dans lequel il est le plus à son aise : celui des terres légendaires foulées par les races fantastiques, où règnent la magie et l'entropie, les courageux paladins, les orcs sanguinaires, les elfes délicats et les nains héroïques.
Originaire d'Angers, le power trio réuni en 2012 s'est jusqu'alors illustré en live comme l'attestent les nombreuses photos de concerts habillant le livret intérieur de l'EP. Musicalement, c'est thrasho-technico-bourrin : de la rythmique grasse comme un bide de nain, une batterie imprimant un rythme martial aux compos, une guitare lead alternant du riff brutal et des échappées féériques, avec un petit côté celtiques ("Padnom").
Choix suffisamment rare pour être souligné : les angevins chantent en français et à deux voix. Un chant grave tirant parfois sur le growl et un second plus aigu qui lui fait écho ("Petit Orc" et "Bellator"). Les paroles n'ont certainement pas été écrites par un elfe, mais elles s'inscrivent parfaitement dans le ton général du méfait décrivant de manière fort crue et inquiétante les différentes étapes d'un conflit opposant orcs et humains. Au coeur de la mêlée, on n'a pas vraiment le temps de compter fleurette ni d'enfiler des perles. Ce n'est pas finement ciselé, ce n'est pas profond, il n'y a pas plusieurs clés de lecture. C'est guerrier. Le choix du français et l'élocution claire des interprètes permettent de comprendre ce qu'ils chantent et donc de situer les enjeux narratifs : la charge de l'armée orc ("Petit Orc"), l'issue sinistre de la bataille ("Padnom"), l'organisation de la contre offensive ("Bellator" et "Blood Eagle"). Avec une telle thématique, le gang aurait pu tomber dans le trip samples en folie en mode ALEA JACTA EST, mais il nous épargne ces clins d'oeil pesants, se contentant de quelques discrets bruits d'épées entrechoquées sur "Padnom".
Musicalement parlant, ça joue à bride abattue. Les guitares dialoguent ("Fromior Agard"), le batteur tricote, quelques soli de guitare apportent une touche de fraîcheur bienvenue ("Padnom", "Bellator", "Blood Eagle") et la production organique et précise donne une belle patine aux compos. BELLATOR est parfaitement à son aise dans un Thrash dont il suit le cahier des charges à la lettre. Vous pourriez trouver ces compos convenues et peu audacieuses, c'est vrai, mais pour un premier projet, la musique des angevins a le mérite de la cohérence et d'une exécution juste. Le combo se fend aussi d'un chouette petit instru ("Epic") dont la narration musicale cohérente avec le noeud de l'histoire qu'elle est censée marquer arrive à point nommé en milieu tracklist en venant casser le rythme imposé par les chanteurs.
Tout le disque respire le champ de bataille, les empoignades brutales, les bras arrachés, les crânes écrasés, les hurlements des blessés qui retiennent les intestins qui leur dégoulinent du ventre. Certes tout n'est pas parfait dans l'univers de BELLATOR mais l'un dans l'autre, le voyage initiatique proposé par le trio a un petit goût de revenez-y et j'espère qu'ils donneront bientôt une digne suite à ce premier chapitre plein de promesses.
| rivax 6 Mai 2017 - 661 lectures |
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