Void - Horrors Of Reality
Chronique
Void Horrors Of Reality
Faire du neuf avec du vieux, un créneau qui dans les musiques qui nous intéressent ici sur Thrashocore est essentiellement la norme et dont on s’accommode bien volontiers puisque disons-le clairement, le Metal extrême n’est pas vraiment une musique tournée vers l’avenir. Rétrograde au possible et respectueux d’un cahier des charges qu’il convient de ne pas trop bousculer sous peine d’assister à de nombreuses levées de boucliers, il s’appuie malgré les années et les générations qui passent sur des acquis qui, pour certains, sont vieux de plus de quarante ans... Un modèle passéiste auquel continue d’adhérer une bonne partie de la jeune génération et cela quel que soit le genre pratiqué.
C’est le cas notamment des Américains de Void qui à travers ces nombreux clichés partagés sur Instagram semblent prêts à nous faire revivre l’âge d’or du Thrash californien des années 80 et 90. De ces hi-tops délicieuses dont j’aimerais moi-même avoir certaines paires à la maison (notamment ces Nike Air Command Force rendues célèbres par le film White Men Can’t Jump) à ces jeans délavés en passant par ces franges bien rétros ou encore ces grosses lunettes Oakley, tout chez ces jeunes garçons nous invite à un voyage dans le temps.
Formés à Lafayette, Louisiane, en 2019, Void va contrairement à d’autres formations pressées d’en découdre mettre quatre ans avant de sortir son premier album. Certes, il y a bien eu quelques singles auparavant ("Welcome" et "Losing My Sanity" en 2021, "Godfather" en 2023) mais pas de quoi exciter les foules. Sorti en 2023 en autoproduction, Horrors Of Reality est donc pour le moment la première production sérieuse des cinq Américains menée par les frangins Davenport.
Outre ce logo engageant à l’esprit résolument 80’s, l’illustration colorée d’Andrei Bouzikov (Municipal Waste, Toxic Holocaust, Cannabis Corpse, Condition Critical, Nocturnal Graves...) est à n’en point douter l’un des premiers atouts visibles de ce premier album. Une porte d’entrée qui ne demande qu’à être franchie et qui, si vous êtes amateurs de Thrash, ne devrait pas manquer de rester grande ouverte...
En effet, Void a beau n’avoir absolument rien de neuf à offrir, sa relecture particulièrement efficace de ce Thrash californien de la fin des années 80 (on pense pas mal à des groupes comme Testament, Exodus, Megadeth, Forbidden et toute la clique) s’avère tout ce qu’il y a de plus enthousiasmante, notamment pour qui goûte à tout ce qui le caractérise. Auréolé d’une production soignée où chaque instrument va trouver sa place de manière équilibrée et naturelle, Horrors Of Reality va effectivement réunir tout au long de ces quarante minutes tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un album de Thrash digne de ce nom. Sans grande surprise, cela commence évidemment par un riffing efficace qui, s’il manque encore peut-être un peu de flamboyance par moment, n’en reste pas moins convaincant par sa versatilité, sa dynamique et son inspiration certaine. Évidemment, on se gardera bien d’aller crier au génie mais les raisons de faire la fine-bouche sont tout de même bien peu nombreuses ici. Cela est d’autant plus vrai que les Américains nous gratifient tout au long de l’album d’excellents leads et autres soli qui, en plus d’entretenir cette fougue induite par ce riffing évoqué précédemment, vont également apporter une bonne grosse dose de mélodie particulièrement réjouissante. De "First In, Last Out" à 2:12 à "Feeding Frenzy" à 1:17 en passant par "Godfather" à 2:19 puis 2:39, "Voodoo" à 2:36, "Think Fast!" à 3:05, "Mirror Maze" à 2:41 et 4:16 ou les premières selon de "Witching Hour", difficile en effet de ne pas succomber aux charmes et à l’efficacité de ces séquences rondement menées et débordantes de feeling.
Outre ces guitares qui évidemment tiennent le haut du pavé, Horrors Of Reality brille également par sa dynamique variée. Certes, fulgurances et cavalcades exécutées têtes dans le guidon constituent naturellement l’essentiel de ces quarante minutes mais le groupe originaire de la Nouvelle-Orléans n’est pas sans calmer le jeu et nuancer son propos en de nombreuses occasions. Avec "Horrors Of Reality" Void s’offre par exemple une entrée en matière horrifique plutôt sympathique avec cet orgue baroque rappelant le générique de Tales From The Crypt (dans une version tout de même moins théâtrale) alors qu’avec "Ghost In The Attic" celui-ci vient simplement lever le pied à l’aide d’un interlude instrumental et mélodique d’excellente facture avant de repartir évidement à la charge dès le titre suivant. On pourrait également évoquer parmi les quelques exemple les plus flagrants les titres "Godfather" et "Voodoo" qui hormis de petits passages plus soutenus engagés plus ou moins à mi-parcours préfèrent tous les deux se la jouer de manière un poil plus posé (du mid-tempo ayant conservé une énergie évidente). Bref, les Américains ne sont pas qu’adeptes de cavalcades et autres chevauchées rythmées et prennent le temps d’apporter un petit peu de contraste à leur formule.
Après les jeunes garçons de Labyrinth, Void est l’autre bonne surprise Thrash de ces derniers mois. Certes, Horrors Of Reality ne date pas d’hier (février 2023) mais je mets ma main à couper que nous ne sommes pas nombreux en France a avoir déjà croisé la route de ces Américains. Quoi qu’il en soit, si les Testament, Exodus, Metallica, Forbidden et autres groupes de Thrash californien de la grande époque sont votre tasse de thé, il y a fort à parier qu’il en sera de même pour Void qui, à l’heure où j’écris ces lignes, vient tout juste de signer sur Shadow Kingdom Records (Cruel Force, Manilla Road, Night Devon, Pagan Altar, Sacrifice...) pour la sortie de son deuxième album annoncé pour 2025. Il y a donc fort à parier qu’on attende à nouveau parler de ce groupe de Lafayette qui avec ce premier jet à su viser juste.
| AxGxB 2 Septembre 2024 - 334 lectures |
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