Après avoir mis de l'eau dans sa cuve à riff acérés - qui avait fait de
« Horrorscope » l'une des pierres angulaires du thrash des early 90's - sur un
« W.F.O. », sympathique mais moins convaincant, qui mettait l'accent sur des influences plus hardcore et groovy qu'à l' accoutumée, la paire Gant / Cannavino quitte purement et simplement le navire Overkill; Rob étant parti assouvir sa passion pour les grosses cylindrées et Merritt poursuivre une carrière que lui seul connaît. Quelle épreuve plus difficile pour un groupe de thrash que la perte de ses deux guitaristes? L'événement qui pour beaucoup de formations aurait signé purement et simplement un arrêt de mort signera pour Overkill un véritable second souffle, « The Killing Kind » culminant sans problème dans le top 3 des meilleures sorties des new yorkais (pour moi en tout cas, certains élargiront peut-être au top 5). La bande à Bobby « Blitz » Ellsworth avait en effet beaucoup à perdre (la paire Gant – Cannavino ayant fait bien plus que la simple relève de Bobby Gustafson) et une grande inconnue à affronter: qui pour remplacer les deux snipers (même si tout le monde sait bien que les rennes du bestiau sont tenues par le maigrichon aux bouclettes et son acolyte qui n'avait pas encore ses faux airs de mafioso)?
Exit donc Rob et Merritt, welcome Joe Comeau (ex-Liege Lord, ex-Ramrod et futur vocaliste pour deux albums chez Annihilator) et Sebastian Marino (ex-Anvil pour un album, ex-Ramrod), deux six-cordistes débarqués de nulle part ou presque avec une tâche des plus difficiles, au beau milieu de ces années 90 qui ont vu tant de groupes de thrash se vautrer en beauté (qui a dit Kreator?). Un coup d'oeil vers la note aura gâché tout suspense, vous l'avez compris les deux new-comers font bien plus que de la figuration en assénant sur « The Killing Kind » parmi les meilleurs riffs du combo (« God-Like » en tête), soutenus en cela par l'assise rythmique Tim Mallare / DD Verni une fois de plus irréprochable. Overkill réussit le pari d'un album ne souffrant d'aucun temps mort où chaque titre, même pris isolément, est une petite pépite. Tantôt martial (« Battle »), tantôt méchamment féroce (« God-Like » avec son intro [clin d'oeil au « Kill Again » de Slayer?] à mettre à genoux tous les culs de jatte du monde et son riff, ce putain de riff!, « Let Me Shut That For You », « Feeding Frenzy » instru où la divine basse de DD Verni tient le premier rôle), misant à nouveau sur des accents plus hardcore (« Certifiable », les lignes de chant de « Cold Hard Fact »), parfois presque épique (la courte intro impériale de « The Cleansing » et « The Mourning After / Private Bleeding ») ou franchement mélodique (l'intro au piano de « The Mourning After / Private Bleeding » encore, ses arpèges, son refrain et son solo magnifiques [raaah ce passage à 3'08!]), renouant avec des titres aux ambiances bien tranchées et sombres (« Burn You Down / To Ashes »), les new yorkais semblent une nouvelle fois intouchables. Et ce n'est pas un Blitz en état de grâce qui viendra prouver le contraire tant il pose ici ses lignes parmi les plus enragées et convaincantes (« Battle » [malgré des
« Yeah yeah » qui en agaceront probablement certains], « God-Like », « Bold Face Pagan Stomp ») et déservant des refrains rapidement repris en choeur par un auditeur totalement hypnotisé par tant de maîtrise (un « God-Like » endiablé à brailler sous la douche, « Let Me Shut That For You » [
« Waste a time, waste a prime time. Hey! Let me shut that for you! »]).
« The Killing Kind » ou dix titres qui font mouche, bourrés jusqu'à la moëlle de riffs imparables, de soli moins démonstratifs peut-être mais tellement bien sentis (« God-Like », « Burn You Down / To Ashes », « The Mourning After / Private Bleeding ») et de breaks assassins (double break même sur « The Cleasing » à partir de 3'00 et surtout 3'23 [passage dont le riff sera totalement repompé pour le break de «Devil By The Tail»], « Burn You Down / To Ashes » à partir de 4'21 et jusqu'à une envolée finale digne des plus grands classiques du thrash, « Cold Hard Fact » à 3'44) comme autant de flèches touchant le plein coeur de la cible. On tutoie à tel point la perfection (on n'est franchement pas loin de « Horroscope » pour moi) que j'en ai même du mal à cibler un quelconque défaut: un « Bold Face Pagan Stomp » un poil de cul en dessous du reste? Une vitesse d'exécution moyenne qui aurait pu être un chouïa plus élevée? Peut-être... Toujours est-il qu' Overkill nous sert là une nouvelle fois une leçon ès thrash US, servie par une production aux petits oignons qu'on aimerait retrouver chez nombre de groupes aujourd'hui, apogée du milieu de carrière d'un groupe conquérant et inspiré qui se refuse obstinément à proposer deux fois de suite le même album (Blitz et ses sbires allant même jusqu'à flirter avec quelqu' influence quasi indus sur « Save Me » tiré de son successeur, un « From The Underground And Below » de bonne facture qui résonne comme un écho à
« W.F.O. »). Indispensable pour tout fan du groupe qui se respecte, et pour n'importe quel fan de metal ayant un tantinet de bon goût.
« YOU BETTER
LET ME
IN
MOTHERFUCKER!!! »
4 COMMENTAIRE(S)
07/12/2014 05:29
16/10/2011 23:22
Je peux comprendre. Moi j'adore quand les metalleux se font mielleux -quand c'est bien fait- c'est mon côté sentimental. Le solo est magnifique quand même non? Et puis je la préfère à "Promises" par exemple...
Sinon effectivement c'est le meilleur de la période Comeau/Marino.
16/10/2011 22:25
16/10/2011 16:44