Déjà culte depuis la sortie du légendaire
Show No Mercy deux ans auparavant, Slayer ne va pas pour autant se reposer sur ses lauriers. 1984 marque ainsi l'arrivée de deux nouvelles offrandes sataniques, l'EP
Haunting The Chapel qui poursuit la métamorphose des Américains en groupe de pur thrash et
Live Undead, faux live regroupant des titres du full-length et de l'EP plus "Aggressive Perfector".
Hell Awaits, deuxième album des Californiens, débarque en septembre 1985 et représente un tournant important dans l'histoire du groupe, son évolution, et celle du metal extrême en général.
C'est en effet sur
Hell Awaits que Slayer trouve son style définitif qu'il n'abandonnera jamais plus. On sent déjà une différence au niveau de la production, plus professionnelle, plus mature, avec un meilleur équilibre entre les instruments, notamment une basse bien audible. ll faut dire que contrairement à
Show No Mercy, le gang d'Huntington Park a l'appui financier de Metal Blade et son boss Brian Slagel qui co-produit l'opus avec le groupe, une équipe complétée par Ron Fair (enregistrement/mixage), Bill Metoyer (à nouveau au mixage) et Burnie Grundman (mastering) qui se succèdent respectivement à l'Eldorado, au Track Records et aux Burnie Grundman Studios. Par contre pour la pochette, pas beaucoup d'amélioration! Mais c'est surtout musicalement que la différence se fait. Terminées les influences heavy (à part peut-être encore sur le très bon "Crypts Of Eternity", titre le plus mélodique de la galette), Slayer fait désormais du thrash metal pur et dur. Dave Lombardo s'en donne ainsi à cœur joie au niveau de la double pédale et du chuka-chuka qu'il sort à tout bout de champ. LA rythmique officielle du thrash metal, basique et binaire mais tellement jouissive, parfaitement incarnée dans ces deux brûlots que sont les énormes "Praise Of Death" et "Necrophiliac" qui tabassent tout du long. Plus rapide, plus violent,
Hell Awaits se fait aussi logiquement moins mélodique. Araya, au timbre plus mûr, crie comme un damné, se laissant seulement quelques rares occasions de jouer les castrats psychopathes ("Kill Again"). King et Hanneman mettent eux de côté les riffs mélodiques et les plans heavy, place à des riffs véloces et sombres et des solos chaotiques torturés au vibrato qui infestent toutes les compositions. Mais
Hell Awaits a beau être beaucoup moins catchy que son prédécesseur, on retrouve quand même quelques séquences mid-tempi headbangantes en Diable. Impossible de ne pas mentionner "Hell Awaits" et son riff ultra culte qui apparaît après une longue montée en puissance, une putain d'ouverture d'album reprise pour la fermeture sur "Hardening Of The Arteries". Citons aussi "Kill Again" et son riff d'intro mémorable ainsi qu'un "At Dawn They Sleep" hypnotique et vampirique qui s'installe en tempo modéré avant d'accélérer sauvagement.
Si l'accent a été mis sur la rapidité d'exécution, une petite place est aussi dédiée aux ambiances. Les titres de
Hell Awaits s'avèrent ainsi bien plus longs que ceux que proposait Slayer à ses début (plus de cinq minutes en moyenne dont "Crypts Of Eternity", morceau le plus long de toute la discographie des Américains qui culmine à 6'37). On ne parlera évidemment pas de progressif mais voilà une autre preuve de maturité. Au-delà des riffs sombres et des solos épileptiques, Slayer livre certaines séquences plus lentes, plus ambiancées à base de guitares menaçantes et de masturbation de vibrato qui contribuent à faire de cet opus le plus evil de la bande à Araya (intro de "Hell Awaits", "Crypts Of Eternity" à 0'37, outro de "Hardening Of The Arteries"). Sans parler de l'artwork aux couleurs infernales et des paroles largement dédiées à notre Maître à tous que le Chilien, une nouvelle fois bien possédé, hurle de son timbre caractéristique.
Qu'on soit bien clair. Je place
Hell Awaits dans les trois meilleurs albums de Slayer. Il contient des pures tueries (outre le cultissime "Hell Awaits", l'enchaînement "At Dawn They Sleep" jusqu'à "Crypts Of Eternity" est putain de bandant!), lance définitivement le groupe sur la voie du thrash et reste une influence majeure pour la scène extrême qui accueillera bientôt le death metal. Mais il y a pas mal de choses qui me chagrinent ici et qui font que malgré son statut de culte pour beaucoup,
Hell Awaits ne décroche qu'un 8.5/10 chez moi (une note qui reste excellente ceci dit). C'est en fait surtout dû à la comparaison avec
Show No Mercy. Si on peut louer l'évolution plus agressive et la grosse livraison de chuka-chuka, je regrette aussi le côté heavy, mélodique et catchy du premier album ainsi que son aspect spontané et DIY. Slayer trouve son propre son qui va en influencer plus d'un mais
Hell Awaits se fait moins mémorable que
Show No Mercy malgré tout un tas de riffs top qualité. Dans le même ordre d'idée, je pleure toujours les excellents solos mélodiques et construits. Les solos chaotiques et torturés collent évidemment bien au style du quatuor mais d'un point de vue strictement musical, c'est un peu la loose. Quant à des morceaux comme "Kill Again" ou "Hardening Of The Arteries" (le plus court de l'album), ils ne font pas vraiment partie de ce que Slayer a fait de mieux. Et concernant les ambiances et le côté evil, si ces aspects sont bien présents, ils n'ont rien d'extraordinaire. Un mois plus tard, Possessed offrira dix fois mieux.
Ne vous méprenez pas,
Hell Awaits reste un très bon album de thrash metal agressif et démoniaque mais il souffre en fait de sa position peu favorable entre ce que je considère comme l'apogée de la carrière de Slayer, à savoir un
Show No Mercy aux influences heavy foutrement jubilatoires et un
Reign In Blood en forme d'album de thrash ultime. Pris individuellement, on a quand même le droit à des pépites comme le titre éponyme à la construction intelligente, la très efficace "At Dawn They Sleep", le doublé radical "Praise Of Death"/"Necrophiliac" ainsi qu'un excellent "Crypts Of Eternity" froid et mélodique qui évoque parfaitement son titre. Et rien que ça, c'est déjà beaucoup!
The Gates of Hell lie waiting as you see
There's no price to pay just follow me
I can take your lost soul from the grave
Jesus knows your soul can not be saved
5 COMMENTAIRE(S)
08/08/2010 00:42
04/08/2010 20:07
Un bon album.
20/07/2010 18:40
20/07/2010 18:08
Vraiment pas ma préférée "Kill Again" à part le riff d'intro et certains plans. Et comme je l'ai déjà évoqué, je ne trouve pas les ambiances si prenantes que ça! Mais bon je dois être le seul ici à vénérer Show No Mercy de toute façon haha!
20/07/2010 16:38