Si 2018 avait été marquée par le retour très attendu d’Obliteration, beaucoup espéraient encore que Sindre Solem et Arild Myren Torp reprennent du service au sein de Nekromantheon. Particulièrement actif entre 2007 et 2012, période durant laquelle la formation de Kolbotn aura tout de même sorti deux albums, deux splits et un EP, les Norvégiens n’avaient plus donné signe de vie depuis 2013 et la parution d’une autre collaboration en compagnie cette fois-ci de Deathhammer, Töxik Death et Carniwhöre. Une absence extrêmement longue qui touche aujourd’hui à sa fin puisque le groupe tombé pour certains dans l’oubli s’apprête à sortir d’ici quelques jours son troisième album intitulé
Visions Of Trimegistos.
C’est sur Indie Recordings, Blasphemisia Produktionen (pour la version cassette) mais également Hells Headbangers Records que celui-ci voit le jour avec en prime une très chouette illustration signée du talentueux polonais Zbigniew Bielak (Darkthrone, Deicide, Deströyer 666, Ghost, Immolation, Vader, Watain...). Une oeuvre intense et chargée évidemment en lien avec le titre de ce troisième album qui emprunte cette fois-ci de manière un peu plus spécifique au personnage d’Hermès Trismégiste (ou trois fois grand), figure mythique de l’Antiquité gréco-égyptienne à qui l’on prête de nombreux traités mystico-philosophiques. Bref, tout un programme...
Mais qu’en est-il vraiment de ce nouvel album qui comme on l’a vu marque le retour de Nekromantheon après presque dix ans d’absence ? Et bien pour être tout à fait honnête, celui-ci aurait très bien pu sortir quelques mois seulement après
Rise, Vulcan Spectre tant les deux partagent le même ADN. En effet, cette presque-décennie ne semble avoir eu aucune incidence sur la fougue et l’intensité dont fait preuve une fois encore le trio norvégien. C’est ainsi pied au plancher que Nekromantheon mène ici ses huit nouvelles déflagrations au son d’un Thrash toujours aussi virulent et impitoyable dont les origines reste ancrées du côté des premiers albums de Slayer, Sepultura et Kreator.
Comme souvent avec ce genre de Thrash particulièrement sauvage, la formule est marquée par l’utilisation de riffs d’une efficacité absolument redoutable. En la matière, le trio n’a rien perdu de sa superbe et n’a donc certainement pas à rougir de la concurrence qui elle n’a pas attendu près de dix ans pour se manifester. De "The Visions Of Trismegistos" à "Seven Rulers Of Fate" en passant par "Faustian Rites", "Neptune Descent", "Dead Temples" et "Thanatos", pas un instant ne passe sans que l’on se fasse maltraiter par ce riffing nerveux et abrasif aux relents Black typiques de la fin des années 80. De la même manière, ces nombreux leads dispensés avec fougue tout au long de ces trente-deux minutes nourrissent une espèce d’hystérie collective particulièrement jouissive qui fatalement donne envie de taper du air guitar comme un demeuré ! Enfin, cette formule toujours aussi foutrement intense ne serait pas complète sans le jeu ultra dynamique de Christian Holm qui entre quelques descentes de toms à la sauce 80’s va balancer du blasts à la mitraille et bien évidement tout un tas de séquences de tchouka-tchouka bas du front aussi radicales qu’efficaces.
Mais Nekromantheon est plus malin qu’il n’y paraît, aussi les instants plus subtils sont tout de même relativement nombreux. Ces derniers se manifestent sous la forme de breaks et autres transitions toujours particulièrement bien senties qui comme souvent dans ce genre de cas vont apporter ce qu’il faut de relief pour accentuer cette dynamique qui caractérise le Thrash des Norvégiens. Outre quelques moments particulièrement brise-nuques ("The Visions Of Trismegistos" à 2:31, "Seven Rulers Of Fate" à 1:02, "Dead Temples" à 1:15), on va également trouver deux ou trois passages tout simplement moins soutenus comme pour mieux tenter d’apaiser (temporairement) les esprits (les premières secondes plus mélodiques de "Neptune Descent" ou un peu plus loin à partir de 2:23, la première minute de "Scorched Earth", "Zealot Reign" à 2:07).
Pour ce retour naturellement très attendu, Nekromantheon ne déçoit pas. Certes, on ne peut pas dire que l’on soit surpris par quoi que ce soit mais au moins, on retrouve les Norvégiens comme on les a quittés il y a de cela presque dix ans c’est à dire extrêmement virulents et habités par cette même envie d’en découdre, tout le temps et cela sans jamais faiblir.
Visions Of Trimegistos répond ainsi largement aux attentes que l’on peut avoir pour ce genre d’album sensé être mené le couteau entre les dents. À ce titre, le Thrash de Nekromantheon est effectivement d’une sauvagerie sans nom et ne devrait en aucun cas décevoir tous ceux qui attendaient de pied ferme un retour en grande pompe des seigneurs de Kolbotn.
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23/04/2021 11:17