Fusion Bomb - Concrete Jungle
Chronique
Fusion Bomb Concrete Jungle
Alors que le changement climatique semble désormais au cœur des discussions politiques et sociétales, y a-t-il plus à propos qu’un album de Thrash pour accompagner ces fichues vagues de chaleur qui semblent vouloir s’installer durablement sur toute la France ? Si votre réponse est "non", je vous invite alors à poursuivre votre lecture car ce qui suit devrait normalement vous intéresser au plus haut point.
Originaire de la petite ville de Noertzange au Luxembourg, Fusion Bomb voit le jour en 2010. Il faudra cependant attendre 2016 avant que le groupe ne se décide à faire ses premiers pas le temps d’un EP baptisé Pravda. La jeune formation enchaîne alors deux ans plus tard avec la sortie numérique d’un single qui va lui permettre d’accrocher un deal avec les Allemands d’Iron Shield Records (Indian Nightmare, Thrash Bombz, Voltax...) pour la sortie en janvier dernier de son premier album intitulé Concrete Jungle.
Si mon introduction ne laisse évidemment planer aucun doute sur ce qui vous attend à l’écoute de ces dix titres, l’artwork haut en couleurs de Devon Whitehead doit de toute façon vous avoir déjà mis la puce à l’oreille. Oui, c’est bien de Thrash dont il est question aujourd’hui. Un Thrash largement influencé par la scène de San Francisco avec en tête de lice un certain Exodus mais aussi par des groupes comme Nuclear Assault, D.R.I. et plus récemment Municipal Waste. On laissera donc de côté la question de l’originalité qui, encore une fois, n’a pas spécialement lieu d’être pour nous intéresser à la qualité et l’efficacité de ces quelques compositions.
Servi par une production puissante et moderne dont le mixage et le mastering ont été confiés au producteur américain Zeuss (Hatebreed, Overkill, Suffocation, Municipal Waste...) qui d’ailleurs de ces guitares rugueuses et incisives à cette basse ultra métallique me rappelle celle d’un certain Tempo Of The Damned, Concrete Jungle bénéficie d’une force de persuasion particulièrement élevée. Toutefois, celle-ci ne serait finalement pas grand-chose si les compositions imaginées par les quatre luxembourgeois n’avaient pas autant d’atouts à faire valoir. Encore une fois, il n’y a là rien de bien original à se mettre sous la dent mais si comme moi vous êtes clients de ce genre de Thrash à l’ancienne, ultra vindicatif et tout en riffs, je vois mal comment vous pourriez ne pas succomber aux charmes radioactifs de Fusion Bomb.
L’un des principaux atouts de ce Concrete Jungle est très certainement l’énergie et l’intensité qui s’en dégagent. De ces riffs nerveux et hyper abrasifs à cette batterie ultra volontaire qui va alterner son jeu entre séquences Punk/Hardcore menées le couteau entre les dents, cavalcades effrénées et passages mid tempos écrasants en passant par ce chant arraché, tout en tension et en urgence, cette basse explosive ou bien encore ces quelques moments davantage orientés Crossover, le Thrash de Fusion Bomb s’appuie sur l’essentiel pour prêcher la bonne parole. Difficile en tout cas de rester de marbre face à de telles compositions aussi efficaces et rondement menées. Car les baisses de régime ne sont pas nombreuses et se font essentiellement lors de breaks taillés pour briser des nuques ("Zest Of Scorn" à 0:53, 2:13 et sa conclusion hyper Rock’n’Roll que n’aurait pas renié un certain Every Time I Die, , "You’re A Cancer To This World" à 1:05 et 2:02, "Blazing Heat" à 2:06, etc) ou bien le temps de titres ou de séquences au groove absolument redoutable ("Zest Of Scorn" à 2:39, "Knuckleburger" et ses premières secondes particulièrement badass, "Concrete Jungle" en brûlot mid-tempo à se taper la tête contre les murs, "You’re A Cancer To This World" à 0:36, "Blazing Heat" à 0:38, "T.M.N.A." à 0:57, les premières secondes de "Bird Of Prey", "Nyctophobia" à 3:11, la dernière partie de "Slam Tornado").
L’autre atout de ce Concrete Jungle c’est bien évidemment la qualité de son riffing et des solos qui ponctuent le premier album d’un groupe qui a bien compris que pour jouer du Thrash dans les règles de l’art il fallait le faire sans compromis, la tête dans la guidon, le verbe acerbe. Inutile de vous dire que ça shred comme il se doit grâce à un duo de guitaristes qui entend bien marquer les esprits tout au long de ces trente-six minutes particulièrement intenses. Un jeu tendu, nerveux et incisif qui n’invente rien mais se montre d’une efficacité à toute épreuve car encore une fois, difficile de ne pas s’enthousiasmer face à des riffs comme ceux de "Zest Of Scorn", "Knuckleburger", "Concrete Jungle", "Blazing Heat", "Bird Of Prey" ou bien encore "Nyctophobia". Même constat pour ces excellents solos rapides, mélodiques, maîtrisés sur le bout des doigts et surtout débordants de ce feeling typique de ces groupes de Thrash de la fin des années 80 et du début des années 90 ("Zest Of Scorn" à 1:46, "Concrete Jungle" à 2:33, "Nyctophobia" à 2:28 ). Dommage qu’il n’y en ait pas plus car ces derniers sont vraiment d’excellentes factures.
Concrete Jungle se termine par une reprise des Californiens d’Excel, groupe de Thrash/Crossover de la fin des années 80 malheureusement relégués depuis toujours au second-plan à cause des plus célèbres Suicidal Tendencies, Nuclear Assault, D.R.I., S.O.D. et autre M.O.D.. En reprenant ce morceau, Fusion Bomb va ainsi pouvoir conclure sur une note un peu plus légère cet album mené jusque-là pied au plancher, la bave aux lèvres mais également rappeler que le groupe luxembourgeois n’est pas seulement influencé par le Thrash plus agressif de la Bay Area mais aussi par celui plus mélodique et définitivement plus Punk/Hardcore de Venice Beach et New-York. Un joli petit clin d’œil à un groupe qui mériterait sûrement d’être davantage citer en référence lorsque l’on parle de Crossover.
Redoutable d’efficacité du début à la fin, ce premier album de Fusion Bomb s’impose sans aucun mal comme l’une des meilleures sorties Thrash de l’année. Une chouette découverte qui, si elle s’inspire essentiellement d’Exodus, Heathen ou Testament, puisse aussi un bout de son inspiration du côté de groupes comme Nuclear Assault et autres Suicidal Tendencies. Concrete Jungle est tout simplement un disque taillé pour l’été et les jours de canicule ou de farniente. Un disque qui dégueule de riffs ultra efficaces, au groove absolument imparable et à l’énergie et à l’intensité débordantes. Bref, un disque de Thrash dans sa forme la plus pure et la redoutable.
| AxGxB 26 Juin 2019 - 1616 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Ça donne envie ! À checker dès que possible. |
citer | Un album vraiment excellent ! Pure petite bombe thrash ultra jouissive avec une palanquée de riffs tous plus headbanguants les uns que les autres et qui réussit à apporter une petite touche crossover sans tomber dans le trop fun à bermuda qui - perso - finit par devenir plus vite fatiguant. Une belle progression par rapport à l'EP qui était sympa mais encore un peu vert.
Bref ça déboite ! |
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2 COMMENTAIRE(S)
26/06/2019 21:47
26/06/2019 21:17
Bref ça déboite !