Dans un monde parallèle, nous sommes en 1998 et « At War With Reality » vient de sortir. Chris-tian, fan absolu du groupe et patron incontesté de Thrashocore, s’attaque à la chronique du nouvel album d’un de ses groupes cultes…Il secoue sa longue tignasse blonde et se met à rédiger son texte …
Dans notre réalité, en 2014, Chris-tophe, votre humble serviteur, fan absolu du groupe et patron incontesté de Thrashocore (certaines choses sont si puissantes qu’elles défient le temps et l’espace) s’attaque à la chronique du nouvel album d’un de ses groupes cultes…Il secoue son crâne chauve et se met à rédiger son texte…
Deux ans à peine après « Slaughter of the Soul », AT THE GATES nous revient enfin avec un nouvel album, poursuivant ainsi son petit bonhomme de chemin d’un genre désormais nommé « Göteborg Melodeath », aux côtés d’IN FLAMES et DARK TRANQUILLITY, dont les « Whoracle » et « The Mind’s Eye » ont déjà bien marqué les esprits lors de leur récente sortie….
Vingt ans à peine…après le désormais culte « Slaughter of the Soul », un split, une reformation, et une tournée mondiale, AT THE GATES nous revient enfin avec un nouvel album célébrant le retour du groupe légendaire, ayant initié toute une tripotée de clones…
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Bon OK c’est lourd d’écrire tout en double, dans ma tête ça rendait mieux en tout cas. Ce sur quoi je veux mettre l’accent ici dès le départ avec cette double narration, c’est que nous sommes confrontés à un cas d’école : un album qui sort si longtemps après une pierre angulaire du genre melodeath, voire même du genre métal tout court, est forcément attendu au tournant d’une façon toute différente que s’il était sorti dans la continuité de son prédécesseur (ça va, ça suit derrière ?). Autrement dit, si
« Slaughter of the Soul » n’avait pas eu un tel impact sur la scène, on aurait pas une telle attente, une telle attention, une telle envie, d’un groupe qui n’a jamais été aussi populaire que….quand il n’existait plus, passé le split de 1996 en grande partie dû au départ d’Anders quelques semaines après la fin de la courte tournée pour promouvoir l’album. Et je met d’emblée le doigt sur le point précis de discorde pour tout un chacun, à savoir que « SotS » n’était pas « culte » à sa sortie, mais l’est devenu des années plus tard, quand on s’aperçut de son influence en terme de riffing sur un nombre incalculable de groupes, qu’ils fassent du metalcore, du death mélodique, ou de la samba-pop-folk. Et c’est un peu pour cela que je trouve dommage de juger cet excellent (ça va, j’arrive à ma chronique) « At War With Reality » à l’aune de son auguste prédécesseur, alors que si ça se trouve, dans 20 ans, il sera encore plus culte que « SotS » (bon ok là ça a peu de chances d’arriver). Certains l’attendaient comme le Messie, capable d’inspirer une nouvelle génération de groupes dans le futur, ou comme un « Slaughter of the Soul 2 : le retour », avec 20 ans de maturité en plus…oh WAIT.
OUI
C’est ça !
C’est ça mon opinion là-dessus (on y arrive, elle démarre enfin cette satanée chronique ?). « At War With Reality » est pour moi exactement cela : une suite logique à « SotS », plus travaillée, plus fine, mais surtout, et c’est là le succès pour ma part, juste UN PUTAIN DE BON ALBUM DE MELODEATH AVEC DU GROS RIFF. On s’en fout que ça s’appelle AT THE GATES ou JOSETTE & LES MUSCLES, ce qui compte c’est quand même à la base, que derrière tout ça se cachent 11 compos (je met de côté l’intro et l’instru « City of Mirros ») qui soient remplis à bloc de bonnes idées, de courts solis qui font mouche, ou de rythmiques que t’aurais aimé avoir composé toi-même pour ton groupe. Rien que pour ça, on donne une bonne note, oui monsieur.
Ne vous fiez pas forcément aux deux titres mis en écoute en guise d’avant première, je ne trouve pas que « Death and the Labyrinth » et le titre éponyme soient parmi les meilleurs surprises de cet album, malgré leur déjà grande qualité. Mais sachez apprécier à sa juste valeur ces mélodies délicates, ces réminiscences de la puissance des riffs de 1996 (« Conspiracy of the Dead », qui ramène tout droit à « Unto Others », ou le riff d’intro de « Death and the Labyrinth » qui rappelle de qui EUCHARIST tient son héritage), le chant braillard toujours unique de Tompa, et cette nette touche de mélancolie, cette ambiance un brin dépressive, qui se dégage de l’ensemble. Cet album a une couleur, une délicatesse, une sorte de magie que j’entrevois au travers de la tracklist, parfaitement équilibrée entre titres « punchy » (la plupart des titres ont un passage up-tempo) et ces plages d’accalmie, portés uniquement par les guitares (album garanti 100% sans plages orchestrales ni claviers, ouf), et qui vous hanteront longtemps après la fin de l’album. Le refrain de « The Language of the Dead », la 1ere des bonus tracks, qui sonne comme du WINDIR à la sauce Ikea, le solo magistral de conclusion de « Night Eternal » (voilà un titre de conclusion plus « propre » que ne l’était « Flames to the End » et sa BAR), la fin apocalyptique de « Eater of the Gods » (ce riff tout con à 3mn mais tellement ultime), la partie mélodique à 2mn43 sur « Circular Ruins », et bien d’autres, n’en jetez plus, cet album déborde littéralement de passages qui cassent des culs, et le fait bien mieux que bien des clones sortis avant ou à venir. Faites de la place, le patron est de retour.
N’oublions pas de féliciter également AT THE GATES pour avoir su faire preuve de
concision : il est devenu tellement rare de nos jours de tenir en 3 mn un titre qui ne comporte pas de riffs ou de passages « fillers » (= qui font office de remplissage), ou ne soit pas à contrario rempli jusqu’à la gueule de riffs (souvent ultra techniques « t’as vu comme mes doigts bougent trop vite) ; mais juste 3mn, éventuellement 4, de riffs authentiques, bien trouvés, qui sonnent et resteront, et où l’on sent que chaque note a été pesée réellement avant d’être retenu ou pas pour faire une apparition. Sans dire que l’album n’a pas un peu de passages moyens, ce serait vous mentir (je suis peu fan des mid tempos « Heroes and Tombs" et de la seconde bonus track « The Skin of a Fire »), mais je trouve qu’on est quand même face à un phénomène rare d’album qui ne contient dans son immense majorité que des passages accrocheurs et géniaux, si l’on aime le genre bien entendu.
La production a fait couler pas mal d’encre numérique elle aussi : certes, la prod sèche des studios Fredman de « SotS » manquera à certains, mais on est 20 ans plus tard, il est légitime qu’AT THE GATES ait voulu sonner actuel et moderne, tout en gardant un son de batterie (souvent le vilain petit canard des instruments niveau sonorité) somme toute très proche du « naturel ». Soyons exhaustif et parlons de l’artwork, je resterai fan absolu de la pochette de « SotS » (on en parle peu, mais je reste convaincu que cette superbe pochette a joué pour beaucoup dans le statut culte de l’album), et l’artbook fourni par le groupe si on se ruine comme moi dans l’édition collector top moumoute ne me fera pas changer d’avis : là c’est un léger regret, sans être moche pour autant.
Mais on est pas là pour sodomiser des coléoptères, ce n’est pas un artwork que vous allez acheter, mais un putain de bon come back, meilleur que celui de CARCASS, plus authentique que celui de METALLICA (sans blagues ?!!), et probablement le plus réussi de la scène métal depuis fort longtemps. « At War With Reality » ne marquera pas autant les esprits que
« Slaughter of the Soul », tout simplement parce qu’il n’apporte rien de fondamentalement nouveau au genre, alors que « SotS » était l’aboutissement du travail engagé sur l’EP
« Terminal Spirit Disease », qui présageait déjà du meilleur pour la suite ; mais en rappelant intelligemment que les frères Bjorler comptent parmi les tous meilleurs (et sous estimés) musiciens / compositeurs à 4 et 6 cordes de la scène métal, que Tompa a homologué SON type de chant criard associé au melodeath il y a des décennies de cela, et qu’Adrien Erlandsson perdrait vraiment son temps chez CRADLE OF FILTH (on pourrait dire pareil de son appartenance à PARADISE LOST, bien que le groupe bénéficie d’un regain de patate bienvenu depuis son arrivée) alors que c’est fondamentalement surtout un sacré bon batteur de thrash / death…(reprenez votre souffle, ma phrase était longue..).. AT THE GATES se rappelle soudainement à nous tous, se présente aux novices émerveillés et serre chaleureusement la main et le cœur des anciens qui en verseraient presque une larme, en affirmant son retour parfaitement orchestré d’un point de vue…médiatique (car je suis sur que vous étiez au courant de leur come back bien avant ma chronique, bande de petits impatients...)…et surtout musical. Et c’est ça qui nous importe.
11 COMMENTAIRE(S)
06/08/2024 10:25
Certes, on n'est pas au niveau de Slaughter of the Soul, mais on prend franchement son pieds sur ce skeud.
08/03/2015 01:49
J'avais oublié de laisser un petit mot ici et crom resume bien ma pensée. Enlevez Tomas et il ne reste qu'un death mélo en carton, avec juste quelques bonnes réminiscences du passé.
04/11/2014 18:26
04/11/2014 01:10
03/11/2014 17:22
Dommage que seule la voix arrachée fasse passer cette impression d'urgence punkisante, qui était avant portée aussi par la batterie voire les guitares/basse.
Du coup c'est mou du genou avec une voix arrachée... Mouais pas convaincu du tout.
03/11/2014 15:51
Un seul mot : ouiiiiiiii.....
02/11/2014 12:06
02/11/2014 11:33
Je pense qu'il y en aura un peu plus tard : perso j'ai pas encore eu le temps de le digérer pour pouvoir émettre un avis
02/11/2014 03:39
01/11/2014 10:37
Ca riff et ça lead avec une certaine mélancolie dans les mélodies sous l'impulsion d'un Tompa toujours aussi unique dans sa façon de chanter (monocorde diront certains). Les soli sont forts inspirés également et la pause Antikythera semble lui avoir fait un bien phénoménal.
Gros fan du titre The Book of Sand (The Abomination), pièce maîtresse de l'album et The Night Eternal qui conclue l'album de manière magistrale.
31/10/2014 01:05
Mention spéciale à l'instrumentale qui est vraiment touchante.