Scolopendra - Citadel Of Torment
Chronique
Scolopendra Citadel Of Torment (EP)
Si le scolopendre (et sa myriade d’espèces) fait partie de la famille des mille-pattes il serait dommage de ne pas se pencher sur son cousin musical parisien, qui depuis 2006 pratique un Death moderne de très bonne facture particulièrement énergique et inspiré. Menée depuis ses débuts par le chanteur Thomas L’Hoir (GOHRGONE) la formation a vu défiler en son sein quelques vieux briscards de la scène de la capitale... mais ça c’était avant, et un grand ménage radical en interne. Car fin 2023 l’aventure a failli s’arrêter définitivement vu que tout cela a volé en éclats et provoqué ainsi la séparation du quintet... qui revient aujourd’hui finalement avec un nouvel album inattendu, où son vocaliste en a profité pour enregistrer également lui-même tous les instruments et cela de façon transitoire, vu qu’un nouveau line-up a depuis été mis sur pied et permettra ainsi de faire vivre ce disque sur scène. Il aurait été dommage effectivement que celui-ci ne prenne pas vie dans des conditions optimales et en public, et pour le moment ces six morceaux d’une durée générale assez élevée vont s’enquiller relativement facilement à défaut d’être franchement mémorables.
Car pour l’instant si tout cela reste sans prétentions et bien fait force est de reconnaître que c’est encore trop juste pour espérer mieux que le statut actuel où évolue l’entité, vu qu’il va falloir du temps pour bien s’imprégner du rendu global qui donne souvent la sensation d’être hermétique... tout en étant relativement semblable du côté de l’écriture comme de l’exécution. Du coup si l’on passe outre ces petits défauts récurrents on va réussir quand même à s’embarquer dans un voyage vers des contrées spatiales lointaines où science-fiction, froid extrême et isolement total sont de la partie... le tout porté par un tempo majoritairement lourd et lent, au groove intense et aux riffs généralement syncopés qui lorgnent parfois vers le Deathcore. Preuve en est le démarrage intitulé « Panic Epidemic » particulièrement remuant et entraînant qui dégage une légère chaleur au milieu de cette froideur absolue, où quelques accélérations bienvenues émergent de ce chaos ambiant. Bref tout cela s’écoute facilement et d’une oreille distraite vu qu’il est parfois difficile de trouver un point de repère où s’accrocher, et ce malgré les tentatives de variations rythmiques (qui restent néanmoins un peu trop discrètes malgré tout), pour ne pas donner l’impression d’avoir affaire à un bloc unique de musique. On ne trouvera donc pas surprenant que « Neuro Dissection » mise sur un versant plus simple et direct où quelques passages propices au tabassage apparaissent nettement pour booster un rendu déjà bien vivace du côté de l’énergie, ou que « Event Horizon » mise sur une facette plus lourde et rampante... sans pour autant se départir de son riffing largement découpé. S’alourdissant encore plus qu’entendu précédemment « Foreign Soul » va aussi accentuer la vision futuriste de l’ensemble sans véritablement lâcher les chevaux, tant la machine reste bridée et compressée en permanence... servant ainsi de tremplin au très bon « Mortal Torture II » particulièrement groovesque et où les plans remuants se font encore plus fortement entendre. Jouant ici plus sur l’équilibre des forces cette composition se montre plus variée que le reste et est ainsi immédiatement plus accrocheuse, ce qui en fait ainsi un des points d’orgue de cette galette qui va se conclure de très bonne façon là encore via le très long « Black Fortress » à la fois suffocant et écrasant.
Basée sur une répétition hypnotique et un bridage massif (où l’on est enserré sans espoir de s’en échapper) cette ultime étape à travers le cosmos et l’espace va être encore plus glaciale que les précédentes, tant cela semble avoir gelé le rythme qui n’a jamais été aussi massif que maintenant... rendant ainsi le tout particulièrement addictif vu qu’on se demande si tout cela va exploser un jour, ce qui n’arrive finalement jamais et s’en est presque dommage tant le potentiel pour aller plus haut était présent. Du coup quand on arrive au bout de cet EP on a un sentiment bizarre finalement... tant une légère frustration nous parcourt, vu que les choses auraient pu être encore bien meilleures si tout cela avait été un peu plus varié de par un léger manque d’alternance et un modernisme trop affirmé qui souffre parfois d’absence de chaleur et d’attractivité. Tout ça fait donc au final une réalisation agréable et sympathique mais dont il n’est pas certain qu’elle revienne régulièrement dans les oreilles, même les plus averties et motivées. Néanmoins avec l’expérience de sa tête pensante et des nouveaux membres qui l’ont récemment rejoint il n’y a pas de raison que cela ne soit pas plus addictif lors de la prochaine livraison, c’est tout ce qu’on peut souhaiter à la bande qui a les éléments et indications pour y parvenir... à elle désormais d’en faire bon usage et de savoir bien les utiliser.
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