500. 500 putain de chroniques! Si quelqu'un m'avait dit lors de mon intégration chez Thrashocore en février 2005 que j'arriverai presque 7 ans plus tard à un tel compte, je lui aurais répondu que je me lasserai sans doute bien avant! Mais de lassitude il n'a en fait jamais été question et c'est avec la même passion mais avec une culture bien plus conséquente que je continue aujourd'hui d'écrire mes articles. Qu'ils intéressent un millier de gens ou deux pèlerins d'ailleurs, même si c'est malheureusement souvent la deuxième option! Et quel meilleur groupe que Metallica pour fêter l'événement? Celui par qui tout a commencé pour moi et qui trône encore très au-dessus des autres. En plus, ça fait des années que je promets de refaire la chronique de
Ride The Lightning, deuxième album des Américains sorti en 1984...l'année de ma naissance! C'était écrit!
Revenons donc en 1983. Un jeune groupe de Los Angeles fraîchement débarqué à San Francisco à la demande du bassiste Cliff Burton sort son premier album sur Megaforce Records après une apparition sur la célèbre compilation Metal Massacre et des démos remarquées. Baptisé par défaut
Kill 'Em All, celui-ci résonne comme un coup de tonnerre dans une scène thrash de la Bay Area qui n'en est encore qu'à ses balbutiements. Plus vite, plus fort et plus violent que tout le monde, Metallica enterre la concurrence dès son premier full-length. Doté d'une rage et d'une spontanéité communicatives issues du punk, délivrant des riffs aussi simples que mémorables inspirés par la NWOBHM en pleine effervescence dont le batteur Lars Ulrich est un très grand fan (Diamond Head, Holocaust, Satan...), le quatuor semble avoir déjà un train d'avance. Mais ce n'est que le commencement...
Voyant le succès du combo, Megaforce (encore son label pour peu de temps), Music For Nations (la maison de disque anglaise qui détient les droits en Europe) et Q Prime (management) décident de mettre la main à la poche et d'envoyer Metallica enregistrer un deuxième album au Danemark, le pays d'origine de Lars, au printemps 1984 sous la houlette de Flemming Rasmussen aux studios Sweet Silence de Copenhague. Les Four Horsemen vont dès lors bénéficier de davantage de moyens financiers et d'un producteur plus accompli que Jon Zazula. Mais le groupe aura aussi son mot à dire. Mieux que ça, c'est finalement lui-même qui produira la bête, assisté du danois. D'un point de vue technique, le résultat sera sans commune mesure avec
Kill 'Em All, bien plus professionnel.
Ride The Lightning sortira le 15 août 1984 et rencontrera logiquement un succès supérieur à son prédécesseur. Quatre mois plus tard, Metallica signera sur Elektra, une des plus grosses maisons de disques, qui rééditera aussitôt l'album.
L'ascension fulgurante de Metallica ne doit rien au hasard. Le groupe a quelque chose en plus que les autres, quelque chose qu'on percevait déjà sur
Kill 'Em All mais qui va sauter aux oreilles sur son successeur. Car ce n'est pas uniquement grâce à sa production géniale, très claire et métallique (et à ce jour toujours ma préférée) que
Ride The Lightning fait partie du panthéon thrash. James Hetfield et Lars Ulrich, compositeurs principaux de
Kill 'Em All avec Dave Mustaine, vont recevoir l'aide de Kirk Hammett et Cliff Burton, débarqués trop tard pour participer à l'écriture du premier assaut. Kirk apporte ses riffs agressifs composés pour Exodus, son ancien groupe, et Burton ses influences variées allant du classique au jazz en passant par le rock psyché qui vont pousser Metallica à se surpasser. Les huit compositions de
Ride The Lightning s'avèrent ainsi plus longues, plus travaillées, plus techniques, plus diversifiées, sans trop concéder à la violence. Bref, Metallica maîtrise davantage son sujet, à l'image d'un James Hetfield qui commence à muer et prendre un ton plus grave. Sa voix part encore en couilles sur quelques passages comme les "fight fire with fire" criés de plus en plus vite et fort à la fin du titre d'ouverture du même nom mais le bonhomme a clairement plus d'assurance. On sent déjà le grand chanteur qu'il va devenir. Et dire qu'à la base il ne voulait pas prendre le micro! Plus sûr de lui, le grand blond va également plus loin dans ses paroles. Terminé ou presque les slogans d'adolescents rebelles de
Kill 'Em All,
Ride The Lightning fait place à des lyrics plus matures. Si les mots restent forts, James commence à utiliser des métaphores et à se faire plus introspectif. Le Californien n'a ainsi pas peur de transmettre des émotions autres que la haine et la rage. La meilleure preuve se trouve sur la fabuleuse "Fade To Black", lettre de suicide poignante. Un titre qui va cependant coûter cher à Metallica...
Une ballade sur un album de Metallica?! C'en est trop pour les fans les plus radicaux qui accusent déjà le groupe d'avoir retourné sa veste. Eh oui, Metallica faisait déjà polémique en 1984! Si je peux comprendre cette réaction épidermique que j'aurais sans doute eue moi aussi si j'avais connu cette époque, "Fade To Black" n'en reste pas moins une chanson magnifique avec une lead mélodique superbe en intro qui voit l'agressivité faire place à l'émotion. James ne crie pas mais chante, et plutôt bien même, sur des couplets joués en acoustique. Power ballade oblige, la tension monte sur la fin des couplets et une deuxième partie plus énervée tout aussi délectable, grâce notamment à un solo dantesque de Kirk qui shredde avec un feeling incroyable. J'ai des frissons sur tout le corps à chaque fois que je mets ce morceau et pourtant, il y en a eu des écoutes! La marque des grands albums sur lequel le temps n'a aucune emprise.
Car ce
Ride The Lightning est bel et bien un grand album, ballade ou pas. Et puis ce n'est pas comme si la musique de Metallica était devenue toute mielleuse! On reste dans le thrash et pas le plus mignon! Certes, l'opus s'ouvre sur les quelques accords acoustiques calmes et mélodiques de "Fight Fire With Fire". Mais cette intro est juste géniale et à 0'42 arrive la transition brutale entre la guitare acoustique et un riff électrique dévastateur, sans doute l'un des plus rapides de l'époque, qui me rend toujours dingue. Une pure tuerie qui enchaîne sur des couplets très virulents chantés par un James Hetfield sans pitié, soutenu par un Lars Ulrich à fond sur le tchouka-tchouka et la double pédale. Destructeur! Des passages et des morceaux de la sorte,
Ride The Lightning en est rempli. Rien à jeter dans cette œuvre quasi parfaite! Il est des albums où vous avez l'impression que chaque riff est encore plus bandant que le précédent, que chaque note transcende celle d'avant.
Ride The Lightning est de ceux-là. Face à l'agressivité directe de "Fight Fire With Fire", "Ride The Lightning" ne se décourage pas en choisissant de contourner l'obstacle. Un titre long (plus de 6 minutes) à l'intro groovie (basse!) qui balance ensuite un riff ultra headbangant auquel il est impossible de résister. Un riff gigantesque qui, en passant, a beaucoup plu à Helloween puisque les Allemands le reprendront tel quel l'année suivante pour "Gorgar" sur son
Walls Of Jericho! "Ride The Lightning" ne s'arrête pas là. Non content de groover, il va accélérer jouissivement à la 2ème minute sur une mélodie de voix prenante (
I don't want to diiiiie!) avant de livrer un long solo posé absolument génial. Puis ça ré-accélère par la frappe bien lourde de Ulrich, accompagné de solos de dingue, pour finir sur le même plan qu'au début. C'est ce qu'on appelle un vrai morceau à tiroirs écrit par un groupe au talent de composition indéniable, d'autant qu'il ne s'agit là que de son 2ème essai. À noter que même si Dave Mustaine s'est fait virer comme un malpropre deux ans avant, Metallica continue d'utiliser ses créations. Le roux parti fonder Megadeth se retrouve ainsi crédité sur ce title track et "The Call Of Ktulu".
"For Whom The Bell Tolls" ne se démonte pas et propose rien de moins qu'une des intros les plus cools qui soient. Une cloche qui sonne, un riff lent et menaçant rehaussé par les coups réguliers de grosse caisse, et une basse distordue d'un Cliff Burton en plein dans son délire, voilà une ouverture grandiose qui se conclue sur un riff très sombre avant d'envoyer une lead mélodique splendide. Puis l'un des meilleurs riffs mid-tempo de l'histoire, tout simplement. Le reste est porté de main de maître par les paroles anti-guerre d'un James plus inspiré que jamais. Il n'y a pas la vitesse certes mais "For Whom The Bell Tolls" reste un véritable hymne mid-tempo en puissance, un incontournable en live. On saute la sublime "Fade To Black", déjà examinée, pour deux titres souvent boudés, "Trapped Under Ice" et "Escape", qui ne sont jamais joués en concert et la plupart du temps oubliés par les fans. Pourquoi, je me le demande, car ce sont deux morceaux thrash foutrement efficaces. Plus simples, courts et directs que les merveilles "Ride The Lightning", "Creeping Death" ou "The Call Of Ktulu" mais sûrement pas inintéressants! Le solo endiablé sur du tchouka-tchouka à 0'33 ou le refrain puissant de "Trapped Under Ice", ainsi que pour "Escape" le chorus chanté ("Life is for my own to live my own waaaay") et le break lourd et sombre à 2'36 suivi d'un solo magistral puis d'un riff on ne peut plus headbangant sur une sonnette d'alarme apocalyptique en final, devraient pourtant en remuer plus d'un. Le morceau suivant, lui, fait l'unanimité. Comme "Ride The Lightning", "Creeping Death" et sa thématique sur l'Égypte antique est un titre étiré aux multiples plaisirs dont les riffs légendaires, le refrain ultra culte ("So let it be written so let it be done...") et les solos somptueux (à 3'30 quand ça tournoie, je mouille toujours ma culotte!) ne sont pas les moins jouissifs. Mais c'est surtout la suite et ses "die, die, die" en chœurs (toujours un grand moment en live!) ainsi que la lead à partir de 5'25 dont la mélodie reste à jamais gravée dans ma tête qui me transportent. Et je ne parle même pas du solo qui suit! Vraiment un monument! Mais comme si ce n'était pas suffisant,
Ride The Lightning se termine sur l'une des meilleures compositions des Mets, j'ai nommé la lovecraftienne "The Call Of Ktulu". Des arpèges sombres et mélancoliques sur le vent qui souffle en ouverture à la lead merveilleuse qui transperce le ciel à 7'25 avant de finir comme il avait commencé, "The Call Of Ktulu", du haut de ses 9 minutes, est un pur chef-d'œuvre instrumental épique bourré de feeling et d'émotion. Même dénué de paroles, il raconte une histoire et est construit comme un film avec une vraie intensité dramatique. À écouter au casque dans le noir pour s'imprégner de l'atmosphère et savourer les lignes de basse extra-terrestres de Cliff Burton. Qui aurait cru quelques mois auparavant que ce groupe de rebelles boutonneux allait composer un tel joyaux? La perfection existe, elle s'appelle Metallica.
Ce final grandiose montre bien que Metallica était destiné à devenir bien plus qu'un simple groupe de thrash. Et ce long track by track (désolé pour le pavé mais Metallica est un sujet qui me rend intarissable!) prouve la qualité exceptionnelle de
Ride The Lightning et l'évolution des Four Horsemen aussi foudroyante que la pochette culte de la chaise électrique. Plus mature, plus varié, plus travaillé, ce deuxième album des Mets lève certes un peu le pied mais garde un niveau d'agressivité suffisant (mon Satan ce "Fight Fire With Fire"!) et fourmille de séquences inoubliables. Toujours du thrash mais on sent déjà que le combo veut aller plus loin.
Master Of Puppets ne fera que confirmer ce désir. Je garde cela dit une légère préférence pour
Kill 'Em All, son immaturité attachante et sa rage adolescente contagieuse. Mais les quatre premiers Metallica sont de toute façon intouchables en ce qui me concerne. Il faut pourtant bien établir une certaine forme de hiérarchie, sinon j'aurais mis 10/10 à tous les quatre tant ils représentent pour moi. Car seul Metallica arrive à me transporter de la sorte, à me toucher au plus profond de moi-même. Ça sonne gay? Rien à foutre, on est sur Terre pour vivre de telles émotions après tout, non?! À chaque fois que j'écoute les Américains, je ressens cette impression unique que si j'avais su jouer avec talent d'un instrument, c'est exactement cette musique que j'aurais composée. C'est pourquoi les die-hard fans ont souvent cette tendance égoïste à s'approprier la musique d'un groupe. En physique, la théorie des cordes définit les particules élémentaires non pas comme des points mais comme des cordes dont les vibrations trahissent leur nature. Eh bien les cordes de Metallica, elles vibrent pour moi.
24 COMMENTAIRE(S)
14/06/2023 11:27
17/11/2016 20:38
27/07/2016 21:29
27/07/2016 13:49
27/07/2016 13:21
Si "Kill'em All" montrait déjà un très gros potentiel celui-ci explose littéralement à la face du monde, le bond en avant est gigantesque et plus de trente après sa sortie les morceaux restent toujours des classiques absolus qu'on ne se lasse pas d'écouter.
Le meilleur album des Four Horsemen !
15/06/2016 21:26
06/03/2015 22:09
10/12/2011 15:31
09/12/2011 19:10
Pas grand chose à ajouter sinon. Album dantesque après un "Kill'em All" jouissivement punk et juvénile. Un travail de composition énorme qui annonce le grand "Master". Je me demande si c'est pas le premier Metallica que j'ai écouté d'ailleurs...
09/12/2011 18:33
09/12/2011 18:18
09/12/2011 12:50
29/10/2013 16:30
25/06/2009 16:18
Voilà quelque chose que je pourrais faire effectivement mais encore faut-il l'autorisation des Grands Anciens...
Cthulhu et Shub-Niggurath ont déjà approuvés ta démarche avec leur tentacule droite; on attend encore l'aval de Nyarlathotep mais je pense que tu peux t'y coller dès maintenant mon ami...au pire je m'occuperais des sacrifices humains pour les apaiser (yahourt, tu fais quoi ce prochain millénaire?)
25/06/2009 13:56
Voilà quelque chose que je pourrais faire effectivement mais encore faut-il l'autorisation des Grands Anciens...
25/06/2009 13:40
30/12/2008 11:53
15/08/2005 13:36
13/08/2005 20:20
18/05/2004
Enfin Chris, pas de problème pour la chro, j'ai chroniqué mon Metallica favori, à vous d'encenser ou de descendre les autres, selon vos préférences.
18/05/2004
18/05/2004
17/05/2004
17/05/2004
un album que tout métalleux qui se respecte a déjà dans sa discothèque...