Mercredi 19 février 2012, les Combustibles, Paris. Première fois que je vois en live Mercyless, un des fleurons du death metal made in France dans les années 1990 et reformé l'année précédente pour refaire parler la poudre. Tuerie. Le chanteur/guitariste Max Otero m'annonce que l'album comeback du groupe devrait sortir à la rentrée. J'accueille cette nouvelle avec une grande joie, d'autant que l'opus marquerait un retour aux sonorités âpres de
Abject Offerings. Mais ce que Max avait omis de préciser, c'est la rentrée de quelle année. Ce n'est ainsi que fin octobre 2013 que
Unholy Black Splendor verra le jour sur Trendkill Recordings après d'incessants reports. Qu'est-ce que ça doit être frustrant pour des artistes de voir leur nouvelle œuvre exposée au public plus d'un an après son enregistrement! Même chose pour les fans. À force d'attendre ce nouveau disque, on aurait presque fini par oublier qu'il devait sortir! Mais la voilà enfin la bête, emballée dans un digipack noir sobre mais classe et orné d'une jolie pochette anti-cléricale qui promet une bonne partie de religion bashing. Alors, l'attente en valait-elle le coup? Mercyless a-t-il eu raison de se reformer? Vous le saurez en lisant le prochain paragraphe.
Oui. Trois fois oui! Mercyless avait annoncé vouloir rejouer du death à l'ancienne, comme il avait su si bien le faire sur ses deux premiers albums
Abject Offerings (1992) et
Coloured Funeral (1993) et on l'a bien vu en concert puisque les Alsaciens, désormais composés du duo originel Max Otero (chant/guitare) et Stéphane Viard (guitare) épaulé des nouveaux venus Matthieu Merklen (Obszön Geschöpf) à la basse et Laurent Michalak (Hollow Corp, Jizzlobber) derrière les fûts, ne jouent que des morceaux issus de cette période, voire plus vieux, ainsi que des nouveaux titres se fondant parfaitement aux classiques. Encore fallait-il confirmer tout ça sur la galette entière. Les Français n'ont effectivement pas menti sur la marchandise.
Unholy Black Splendor aurait ainsi tout à fait pu sortir entre
Abject Offerings et
Coloured Funeral. Seul la production cristalline, un peu trop propre pour le style d'ailleurs (mix et mastering realisés par Dan Swanö en passant), trahit la date de sortie. Pour le reste, ça transpire la sincérité old-school. Mercyless ne s'est certes pas embêté avec des morceaux courts allant droit au but pour un album dépassant de peu la demi-heure mais la qualité est au rendez-vous. Au-delà d'une efficacité imparable résultant de cette simplicité relative, c'est une belle leçon de death metal que nous enseigne le combo de Mulhouse. Pas besoin de se la jouer méga occulte, de singer la vieille scène de Stockholm, de blaster à tout va ou de balancer 20 notes à la seconde pour faire du bon death metal comme voudrait nous le faire croire la plupart des groupes d'aujourd'hui. Ce qu'il faut, c'est jouer avec ses couilles et son cœur. Et avoir un minimum de talent. Au risque de me répéter, la base du metal, extrême ou non, ce sont les riffs. En tant que vétéran de la scène, Mercyless le sait très bien. La qualité du riffing sur
Unholy Black Splendor fait, une nouvelle fois, toute la différence. Chaque morceau est introduit par un riff label noir qui accroche de suite, souvent grâce à une légère mélodie ("God Is Dreaming", "Swallow My Soul"...) et donne envie de continuer l'écoute. En commençant par le furieux "I Vomit This World", qui, après la courte introduction "At The Coming Of Dawn" et ses chants d'Église, démarre en trombe sur des blast-beats et les growls virils de Max qui n'a pas trop perdu de son timbre puissant et rageur entre le old-Schuldiner et Mameli (le refrain de "Absent Belief", moins guttural, surprend un peu toutefois). On sent déjà que ça va être bon! La suite ne sera qu'enchaînement de bombes DM brutales, sombres et variés, des vrais morceaux composés intelligemment et naviguant entre mid-tempo groovy, tchouka-tchouka thrashy, partie plus pesante et quelques blasts, avec des solos chaotico-mélodiques réguliers. Rien de révolutionnaire, que du classique rappelant l'époque dorée du débuts des années 1990 (Morbid Angel, Death, Pestilence, Morgoth...), mais c'est fait avec un talent et une maturité indéniables!
Aussi bien fait que
Abject Offerings et
Coloured Funeral? Non.
Unholy Black Splendor reste un petit cran en-dessous de ces deux classiques du death metal français. Les compositions, malgré des qualités certaines, ne peuvent se hisser à la hauteur des "A Message for All Those Who Died", "Without Christ", "Burned At The Stake" et autres "Mirrors Of Melancholy" entrés au panthéon. Outre un son trop soigné,
Unholy Black Splendor manque peut-être également d'un soupçon de folie. Mais, honnêtement, je n'attendais pas du tout de Mercyless qu'il nous sorte une nouvelle référence. Le contexte n'est plus le même. Ce que j'attendais vraiment par contre, c'est que la formation nous ponde du vrai bon death metal histoire de faire oublier une deuxième partie de carrière moins glorieuse et de nous rappeler plutôt au bon souvenir des deux premiers full-length. Et ça, Mercyless y est arrivé haut la main. Je n'aurais pas pensé prendre autant mon pied sur des titres tels que "I Vomit This World", "God Is Dreaming", "Goat Of Mendes", "Infamy", "Probably Impure" (solo d'entrée de jeu, ça c'est old-school!), "Absent Belief" ou "Bless Me Father". Toute la tracklist en fait! Simple, efficace et avec plein de bons riffs,
Unholy Black Splendor marque donc un retour réussi pour Mercyless qui fait plaisir à entendre. Comme quoi ce n'est pas si compliqué de faire du bon death, putain de merde!
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