Occulsed - Crepitation Of Phlegethon
Chronique
Occulsed Crepitation Of Phlegethon
Formé en 2019 à Atlanta, Géorgie, Occulsed est la réunion de trois stakhanovistes de l’underground dont les curriculum-vitae mis bout à bout avoisinent à peu de chose près la soixantaine de formations actives ! Pourtant, on ne peut pas dire que les noms de Kenneth Parker et Jared Moran résonnent comme la promesse de moments particulièrement mémorables dans la mesure où, en tout cas à titre personnel et à l’exception de Paraphilia, aucun des groupes auxquels ils participent ou ont pu participer m’évoquent quoi que ce soit... Ne reste donc que l’infatigable Justin Stubbs (Encoffination, Father Befouled, Infestement, Saccular...) dont le nom va susciter davantage de curiosité à l’égard de ce projet.
Ainsi, après deux démos dont la très sympathique Ceremonial Lifelessness passée pourtant ici sous silence faute de temps, le groupe signera un contrat avec le label italien Everlasting Spew Records pour la sortie en septembre dernier de ce premier album intitulé Crepitation Of Phlegethon. Pour l’occasion, le trio américain va piocher dans le travail du peintre polonais Zdzisław Beksiński une oeuvre qu’il va néanmoins recadrer et retourner afin de mieux se l’approprier. Bien que largement manipulée, le résultat n’en reste mais poins engageant et devrait naturellement pousser à la découverte plus d’un auditeur curieux qui ne manqueront pas d’être séduits par ce visuel effectivement encourageant.
Pour commencer cette chronique, coupons court à tout suspens inutile puisque si vous êtes déjà clients des quelques projets dans lesquels évolue monsieur Stubbs, vous devez savoir que malgré la qualité générale de son travail, celui-ci n’est pas réputé pour être un musicien particulièrement inventif et que l’essentiel de son inspiration provient notamment d’un certain Incantation qu’il a déjà largement imité par le passé, que ce soit à travers Father Befouled ou bien Encoffination. Ce ne sera donc une surprise pour personne si je vous dis qu’il en est de même avec Occulsed dont le Death Metal doit là encore énormément à celui de John McEntee. Néanmoins, et malgré ce lien de parenté évident, Justin Stubbs et ses acolytes vont aborder cet hommage renouvelé d’une manière un petit peu différente en mettant notamment l’accent sur le caractère le plus primitif d’Incantation. À ce titre, un simple coup d’oeil à la durée de Crepitation Of Phlegethon (trente trois minutes) ou à celle de ses onze titres (pas beaucoup plus de trois minutes en moyenne à deux exceptions près) suffit pour comprendre qu’en effet, ce n’est pas du côté poisseux, lourdingue et trainant d’Incantation qu’Occulsed va verser mais bel et bien du côté le plus fracassant et punitif.
Passé cette très courte introduction, Occulsed va rapidement nous montrer de quoi est fait exactement ce premier album, reprenant comme on l’a vu à son compte une formule développée par d’autres il y a de cela plus de trois décennies. La première source de réjouissance à l’écoute de Crepitation Of Phlegethon est certainement cette production croustillante et dépouillée où ce growl profond, lointain et bardé de réverb’, cette batterie au naturelle avec notamment une caisse claire réglée aux petits oignons, cette basse épaisse et indescriptible et ces guitares abrasives vont nous ramener sans attendre à la fin des années 80 et au début des années 90. Un choix judicieux puisqu’évidemment sans être d’une grande fraîcheur, celui-ci participe néanmoins grandement à l’appréciation de cette petite demi-heure, aussi modeste soit-elle.
Autre source de réjouissance évidente, l’efficacité de ces compositions qui derrière une certaine simplicité et un attachement assez peu discret à un ainé de taille pouvant vite devenir encombrant cachent néanmoins tout ce qui fait le charme de ce genre de Death Metal. De ces riffs sombres et blasphématoires ("Unction Of Muliebrous Broth", "Peryphlegethonic Mindflaying", "Thou Butcherer Of Human Folly", "Lurid Placeless Echoes" et presque tous les autres à l’exception de ces deux titres instrumentaux ("Between Engorged Realities" et "The Glory Of Woe") à ces attaques brutales et intenses menées avec force et conviction (les entames en fanfare de "Unction Of Muliebrous Broth", "Peryphlegethonic Mindflaying", "Lurid Placeless Echoes", "Tendon Pandentum" ou "The Soul's Admonishment", "Concupiscence Of Frenzied Humors" à 0:42, "Death Of Ratiocination" à 0:32...) en passant par ces quelques ralentissements particulièrement écrasants ou au groove peu subtil ("Peryphlegethonic Mindflaying" à 0:54, "Thou Butcherer Of Human Folly" à 1:10, "Tendon Pandentum" à 0:21, "The Soul's Admonishment" à 1:32...), ces atmosphères infernales et fuligineuses et autres (courts) soli diaboliques ("Thou Butcherer Of Human Folly" à 1:58, "Lurid Placeless Echoes" à 0:57, "Concupiscence Of Frenzied Humors" à 1:54, "Death Of Ratiocination" à 1:36, "The Soul's Admonishment" à 2:01...), le cahier des charges est ici scrupuleusement respecté. Certes, personne n’ira se relever pour crier au génie de ces Américains et ça Occulsed le sait pertinemment. Pour autant, il faut bien se rendre à l’évidence que malgré toutes les ficelles utilisées par le trio pour arriver ici à ses fins, Crepitation Of Phlegethon s’impose sans difficulté comme un premier album particulièrement convaincant. Certes, l’ensemble manque évidemment de personnalité mais celle-ci est largement compensée par l’efficacité de ces onze compositions et par ces atmosphères sombres et suffocantes dans lesquelles elles trempent avec malice et diablerie.
Si vous n’êtes donc pas encore complètement saturés de tous ces groupes piochant allègrement chez Incantation l’essentiel de leur inspiration, il se pourrait bien que ce premier album d’Occulsed soit tout à fait votre came. Concentré sur l’essentiel (l’efficacité et l’ambiance) sans pour autant manquer de relief et de variété d’un seul point de vue dynamique, Crepitation Of Phlegethon constitue assurément une très bonne alternative pour quiconque voit aujourd’hui en Incantation un groupe à la gloire malheureusement descendante... C’est certains, le trio n’a rien inventé et le résultat, aussi agréable et convaincant soit-il, ne tient bien évidemment pas la comparaison face à une bonne partie de la discographie de John McEntee et consorts mais en l’état il reste une très bonne alternative que l’on s’enfilera malgré son manque de personnalité et une certaine facilité avec énormément de plaisir.
| AxGxB 21 Janvier 2022 - 1257 lectures |
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