Abigor - Supreme And Immortal Is The Art Of The Devil

Tous en choeur :
« Est-ce que vous aimez ABIGOR ?
_ Ouais !
_ Je n’entends rien ! Est-ce que vous aimez ABIGOR ???
_ OUAIS !
_ Et est-ce que vous aimez les EP de 2 titres qui ne dépassent pas les 10 minutes ?
_ Non !
_ Je n’entends rien !
_ NON !!! »

Bon, je sais que ce n’est pas un problème propre à ABIGOR, mais je n’ai jamais été féru de ces EP si courts qu’ils se terminent alors qu’on est encore en train de décapsuler sa bière... C’est vrai que si l’auditeur est prévenu, c’est son choix et son droit d’aller mettre ses deniers dans ce genre de sortie et je ne crie donc pas au scandale, mais tout de même ce n’est pas vraiment ma came. Et même si je comprends la démarche lorsqu’elle vise à faire patienter avec de nouveaux titres avant un album, je la trouve bien moins légitime lorsqu’on ne nous propose que deux anciens morceaux oubliés ou inconnus, comme c’est le cas ici. Jusqu’à maintenant, il n’y a guère que le Lost Tales de SUMMONING qui m’ait convaincu dans ce style et je préfère de loin que ce genre de morceaux se retrouvent en bonus sur un album... À part cela, l’autre problème de cet EP est qu’il sorte en vynil. Là encore c’est un problème personnel, car c’est ma faute si je n’ai plus mon mange-disque des années 80 et que je n’ai pas encore succombé à la mode BM qui veut que l’on écoute principalement sur ce format là désormais. Bien sûr je me mords les doigts et hésite à racheter du matériel afin de pouvoir profiter de ce genre de beau produit « destiné aux vrais fans ! », numéroté à la main et limité à 500 exemplaires. Je semble rouspéter, et pourtant je suis habitué à ce genre de sorties avec ABIGOR, qui en a sorti des brouettes des EP ! La qualité a parfois été de mise, comme sur le classique Apokalypse, mais à d’autres coups, on se retrouvait avec une grande énigme comme sur Structures of Immortality et ses deux morceaux instrumentaux.

Et bien, ce Supreme and Immortal is the Art of the Devil se situe entre les deux. Il ne part pas vraiment gagnant puisqu’il ne dure que 10 minutes mais musicalement il est convenable. Il propose des ambiances propres au groupe lorsqu’il s’était libéré de la mélodicité des ses trois premiers opus. Normal, les deux titres ont été composés en 1997 lorsque le groupe entrait dans l’orthodoxe, qu’on ne nommait pas encore orthodoxe du reste. Ils sont agressifs et tortueux, changeant constamment de rythme et proposant de bonnes palettes d’émotions haineuses, mais n’entrent jamais dans les recherches trop extrêmes et complexes des sorties de ces dernières années. Alors si vous n’avez pas aimé Fractal Possession ou Time is the Sulphur in the veins of the Saints, vous pourrez tout de même tenter votre chance ici. Comme on s’y attendait avec le titre qui y fait référence, cet EP est ainsi plus proche de Supreme Immortal Art, mais aussi de Channeling the Quintessence of Satan. Par conséquent c’est parmi ce qu’ABIGOR a fait de plus diabolique dans sa carrière. Il faut vraiment avoir le goût du « laid » pour apprécier ces deux morceaux qui nettoient en profondeur les oreilles. D’autant que si les guitares et la batterie sont d’époque, la production a été retravaillée et les vocaux ont été réenregistrés par le vocaliste des années 90 : Silenius (cela me fait le lien avec SUMMONING dont je parlais plus haut, youpi !). Il montre qu’il n’a rien perdu de ses capacités dans un registre evil. Rien à dire de ce côté-là, il assure et nous emporte au pays des immondices !

Sans surprise, cette sortie n’est pas indispensable à cause de sa très courte durée. C’est par contre un petit objet sympathique qui permet également de fêter les 20 ans de carrière du groupe. Pour l’occasion on aurait aimé un contenu un peu plus fourni mais bon, ce sera sûrement une autre fois. La note est sévère mais si cela vous convient de n'avoir que 10 minutes, vous pouvez ajouter un point et demi...

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