Abigor - Taphonomia Aeternitatis
Chronique
Abigor Taphonomia Aeternitatis
2023 a terminé dans une explosion de sorties intéressantes pour les amateurs de black metal. Beaucoup d’albums de qualité sont venus chambouler les classements de fin d’année, et l’on peut citer VARATHRON, HEIMDALLS WACHT, ABDUCTION, WHITE DEATH, RINGARË, VARGRAV, BANNERWAR, BERGRIZEN, AUKELS ou encore RIVERS LIKE VEINS... Feu d’artifice de folie qui serait incomplet si l’on ne citait pas ABIGOR et son 14ème album : Taphonomia Aeternitatis.
Quelle longévité ! La formation autrichienne fait véritablement partie des pionniers du black metal chaotiquement structuré. Et du black metal tout court d’ailleurs ! Il a été formé en 1993 et n’a connu un coup de mou qu’entre 2003 et 2006, lorsqu’il avait splitté momentanément. Il est relativement stable sinon, et les membres actuels se connaissent depuis 30 ans : T.T. (guitares, basse, batterie), P.K. (guitares, basse) et Silenius (chant). L’équipe a pris des automatismes et sait parfaitement se partager les rôles. C’est un véritable travail en commun qui permet de créer des pièces théâtrales ambitieuses, complexes, à la frontière de l’arrogance.
Cela fait un moment qu’ABIGOR joue un style alambiqué et difficilement accessible. Les compositions ne sont pas « musicales » et n’attrapent pas l’oreille du néophyte. Au contraire, elles ont toujours tendance à rebuter ceux qui veulent de l’immédiateté. Dès le premier morceau de ce nouvel album : « Halt the Wheel of Timeless Change », les caractéristiques du groupe sautent aux oreilles. Rien ne semble en place et pourtant tout y est. L’agressivité est dérangeante et pourtant elle soulage. Les sensations sont toujours aussi étranges, comme si des ballerines aux mouvements absurdes parvenaient à créer une harmonie en étant vues dans leur ensemble.
L’univers de l’Autrichien est éminemment complexe et volontairement surprenant. Il peut même être considéré comme illisible pour beaucoup. J’avoue de mon côté parvenir à pénétrer les morceaux à petites doses, et ne pas réussir à enchaîner les écoutes. Les 48 minutes m’en paraissent beaucoup plus. Par contre, j’aime décortiquer les pistes. Elles font toutes environ 6 minutes, et j’apprécie de n’en lancer qu’une, différente à chaque fois, et de l’écouter en regardant les paroles dans le livret. Là, je suis capable de mettre le titre trois ou quatre fois. J’ai alors l’impression d’observer un tableau cachant de nombreux détails et d’essayer d’en découvrir les secrets. Bref, j’ai comparé ABIGOR à du ballet et à de la peinture, ce qui suffit à faire comprendre que nous sommes devant une oeuvre artistique réelle, qui fera réagir et nécessitera de prendre parti pour lui ou non.
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