Blasphamagoatachrist - Black Metal Warfare
Chronique
Blasphamagoatachrist Black Metal Warfare (Démo)
Et la palme du nom de groupe le plus pourri de l’année 2018 revient haut la main et sans contestation possible à Blasphamagoatachrist. Un patronyme absolument ridicule qui n’est autre que la contraction des trois groupes dont sont issus les membres qui composent cette formation canado-brésilienne fondée en 2017.
Sont ainsi présents dans l’effectif monsieur Gerry Joseph Buhl aka Nocturnal Grave Desecrator And Black Winds, chanteur de Blasphemy, Sabbaoth et Virrugus Apocalli respectivement bassiste et guitariste de Goatpenis ainsi qu’un certain The Inciter Of Armageddon qui jusque-là était plutôt occupé à jouer du tambour chez les Canadiens d’Antichrist. Un line-up bien peu recommandable mais qui ne manquera pas d’éveiller l’intérêt de tous les Black Metal Skindheads et autres élitistes vouant un culte sans fin à la scène de Ross Bay (Conqueror, Revenge, Blasphemy, Death Worship...).
Sortie en juin dernier uniquement au format cassette, cette première démo intitulée Black Metal Warfare compte sept titres dont une introduction baptisée "Ze Blasphamagoatachrist Machine". Oui, vous avez bien lu : "Ze...". Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Où est-ce que l’on va si même des groupes un tantinet à cheval sur le respect des traditions et la longueur des cheveux commencent à utiliser ce genre de vocabulaire ? Décidément, il n’y a rien de sacré dans ce bas monde, pas même l’orthographe. Bref, sept titres pour vingt minutes d’un Black Metal toujours aussi peu subtil, lorgnant bien évidemment du côté de ces quelques groupes évoqués un peu plus haut.
Passé cette longue introduction mêlant samples de guérilla urbaine et délires tribaux synthétiques à la "Silvester Anfang", Blasphamagoatachrist rentre dans le vif du sujet avec un "Tyrannic Empire" pourtant relativement déroutant. Certes, les intentions du groupe sont claires grâce à une batterie particulièrement belliqueuse mais il y a quelque chose dans le riffing, notamment ces pointes de mélodies que l’on retrouve dispersées ici et là qui me font quelque peu tiquer, surtout parce que ce n’est pas forcément ce que l’on a l’habitude d’entendre sur un disque de ce genre. Moins surprenant mais terriblement efficaces, les autres morceaux renvoient à tous ce que l’on connait des Conqueror, Blasphemy et autre Revenge. Un Black Metal particulièrement frontal, aussi primitif qu’expéditif (les morceaux sont tous relativement courts si l’on omet les quelques introductions que l’on retrouver ici et là), fait de riffs à trois notes ultra speed posés sur une batterie qui n’a de cesse de cavaler dans tous les sens, de solos chaotiques et complètement pétés et de ralentissements taillés pour briser des nuques à la chaîne. Alors non, ça ne respire pas la grosse intelligence mais au moins ça à le mérite de défouler.
On retiendra également que cette démo de Blasphamagoatachrist est le premier véritable enregistrement studio depuis 1993 sur lequel on retrouve Nocturnal Grave Desecrator And Black Winds. Et oui, si Blasphemy jouit d’une excellente réputation dans les milieux autorisées, il est bon de rappeler que les Canadiens n’ont sortis que deux albums dont le dernier date tout de même d’il y a vingt-cinq ans... Depuis, la formation capitalise sur son statut de groupe culte, ne proposant à ses fans que quelques albums live, compilations, boxset et autres rehearsal tapes datant d’il y a déjà plusieurs années. Pas de quoi s’extasier donc. Alors c’est vrai, le grand gaillard a également participé au premier EP de Death Worship mais sa contribution était alors bien maigre puisqu’il ne s’est occupé que des lignes de chant additionnelles. Le retrouver ici derrière le micro sur un enregistrement capté en studio ne devrait pas manquer d’interpeller tous les amateurs de Blasphemy. Et si les années on fait leur effet sur la personne de Gerry Joseph Buhl, notamment en live où une impression de je-m’en-foutisme persiste, le résultat se montre ici à la hauteur des attentes que l’on peut avoir pour un disque de ce genre. Bon, c’est vrai qu’il n’a pas grand chose d’autre à faire que de hurler mais au moins, les choses sont faites ici correctement, avec ce timbre et ce phrasé facilement identifiable qui a marqué les albums Fallen Angel Of Doom... et Gods Of War
Réservée à un public d’initiés ne jurant que par ces groupes de Black bestial bas du front, Black Metal Warfare ne devrait pas avoir trop de mal à trouver grâce à leurs oreilles même si en ce qui me concerne, les albums de Blasphemy et Antichrist gardent largement ma préférence (et non, malgré un nom très sexy, je ne suis pas du tout familier de la musique de Goatpenis). Les autres, ceux qui regardent de loin cette scène en se marrant devant ces pseudonymes improbables, n’y verront que la même rengaine, encore et encore.
| AxGxB 30 Novembre 2018 - 1482 lectures |
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