Après une démo intitulée
« Sombre marche » (2021), qui avait bien marqué les esprits du fait de ses aspects bruts et « raw », le duo composé de
Sans-Visage (guitare, basse, batterie) et
Saros (chant, guitare, flûte, clavier) était revenu l’année dernière avec son tout premier album intitulé «
Douleurs ». Graphiquement parlant,
VIPÈRE joue la carte de la continuité puisque l’on retrouve la forêt, la tête de mort et ce logo mi-cendre mi-toile d’araignée, visuellement très efficace. Au moins, il y a un chemin directeur, une esthétique forte.
N'ayant pas écouté la première sortie discographique, je ne saurais dire si ce LP est dans la ligne directe des précédentes compositions mais, en termes de
black metal brut, mal dégrossi et malfaisant, les huit compositions (dont une reprise du « Profanation » du groupe français
EPHELES, actif entre 1998 et 2011 et auteur de deux démos, un EP et trois LP) font bien plus que de la simple figuration dans le panorama hexagonal. Bon, il faut dire que je connaissais déjà le talent de
Sans-Visage via son autre projet
PRIEURÉ (souvenez-vous de l’EP
« Nos prières ») mais l’on est ici sur un registre bien plus extrême avec un chant en français du meilleur effet, la qualité des textes y étant pour beaucoup. Il y a de la poésie chez
VIPÈRE (« Dans le vermeille suivant de son nez vers les pavés, il glisse dans son délire et fini par s’étouffer », extrait de « La bourgade et le Dandy »), jamais de la mièvrerie, le chant extrême venant contrebalancer le côté potentiellement trop littéraire. Petit bémol de la production rêche, les paroles sont trop souvent noyées dans la saturation, l’effort de rédaction étant légèrement gâché par ce menu défaut.
De toute façon, nous n’écouterons pas «
Douleurs » pour son caractère soigné, la formation ne recherchant ni le beau, ni le raffiné, ni le confort auditif de son auditeur. Avec ses moyens certainement sommaires (le label
Vetus Capra n’a sans doute pas des fonds illimités), le duo propose le meilleur de ce qu’il sait faire : un
black qui oscille entre une brutalité sans fard (les cinquante secondes de « Panique ») faite des riffs rapides et une dimension plus épique, pour ne pas dire mélodique, avec les furtives incursions de flûtes ou de claviers. Cela ne fait pas pour autant de l’album un truc folklorique ou pagan, cela sonne définitivement à mes oreilles comme un pur
black metal national (et non pas nationaliste) au sens de si folklore il y a, c’est bien celui de nos campagnes (« Il l'aimait son cheval de galère ; Sa bête de compagnie sa raison mère ; Aux labours ils partageaient les galères ; De la herse se tordant dans la terre », extrait de « Cheval »). Les mecs n’ont pas l’air de vouloir s’inventer un passé de Viking et ça c’est vraiment la chic idée.
Sans aller jusqu’à dire que
VIPÈRE a les deux pieds dans le lisier, il reste que son approche du
black est foncièrement rurale, dépravée et désenchantée (« Tout est chaos ; A côté », oui je cite du Mylène Farmer), c’est sombre sans jouer sur les facilités gothiques, l’absence d’artifices inutiles ne mettant que mieux en évidence la pureté du style et l’authenticité de l’exécution. Pas un grand disque sur un plan purement musical mais une démonstration supplémentaire de la richesse de notre pays et de sa ferveur à faire vivre les musiques obscures.
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