J’ai bien tenté de rattraper mon retard il y a déjà un petit peu plus d’un an mais il faut croire que je n’étais pas assez motivé pour poursuivre ce travail de (re)mise à jour. C’est donc une fois de plus à la bourre que je vous reviens histoire cette fois-ci de me mettre complètement d’équerre avec la discographie de ces Norvégiens dont j’avais pourtant bien suivi le rythme des premières publications...
C’est en décembre 2022 que paraît
Ritual Death, premier album de Ritual Death sorti quatre ans et demi après un EP intitulé
Ritual Death qui lui même succédait à un autre EP baptisé également
Ritual Death... Une "blague" qui court depuis malheureusement beaucoup trop longtemps mais que l’entité originaire de Trondheim continue pourtant de perpétuer avec un malin plaisir. D’ailleurs, c’est évidemment sans surprise que l’oeuvre choisie pour illustrer ce premier longue durée est la même que celle utilisée pour les deux précédents EPs du même nom. Bref, il y en a sûrement que ça fait marrer mais en ce qui me concerne je pense qu’il serait temps (et c’est un euphémisme) de passer dorénavant à autre chose...
Après Terratur Possessions chez qui la formation aura sorti tout ses premiers enregistrements (à l’exception de cette compilation CD intitulée
El Señor De La Tumba parue en 2020 sur le label allemand Death Revelations), c’est désormais chez Shadow Records (Eschatology, Grafvitnir, Mephorash, Ultra Silvam...) que Ritual Death a trouvé refuge. Pour marquer le coup, le quatuor (en tout cas au moment des faits puisque depuis H. Tvedt semble avoir quitté le navire) nous revient avec neuf nouveaux morceaux pour une durée qui n’excède pas les trente-et-une minutes soit juste ce qu’il faut pour ce genre de Black Metal lancinant et répétitif.
Enregistré et mixé par Kenneth Ahzari Jørgensen (Beyond Man, Saligia, Trivax...) et masterisé par Marco Salluzzo (Abhorration, Demonomancy, Grave Infestation, Malokarpatan, Mayhem, Thulsa Doom...),
Ritual Death se caractérise par une production toujours assez abrasive mais aux contours désormais moins rudimentaires et définitivement plus propres. Un son qui s’avère finalement plus équilibré et probablement un poil moins clivant.
Pour ce qui est du reste, pas de changement à signaler puisque le groupe mené par Björn Erik Holmedahl aka Luctus aka Wraath poursuit ici son chemin au son d’un Black Metal ritualiste dont la répétitivité d’un grand nombre de séquences (qu'elles soient menées le couteau entre les dents ou bien de façon plus posées) ainsi que ce goût particulièrement prononcé pour les passages lancinants n’est pas sans évoquer des groupes tels qu’Archgoat, Beherit, 13th Moon ou Void Meditation Cult. Ainsi, c’est sur la base de riffs simples et d’une section rythmique volontaire mais elle aussi relativement limitée que vont se construire chacun de ces neuf nouveaux morceaux. Des titres partagés, on l’a vu, entre accélérations bestiales jamais bien compliquées mais toujours aussi efficaces et jouissives ("Ancient Devil Worship" à 0:50, "Black Metal Terror" à 0:33 une fois passé ce sample de Ralph Fiennes dans Red Dragon, "Morbid Veils Of Kharon" à 0:19 et 2:02, l’entame en fanfare de l’excellent "Nothingness Without Emptiness Within") et passages nettement plus sinistres (certains plus mid-tempo que d’autres) avec notamment ces riffs décharnés et particulièrement lancinants ("Vermin", "Lunae", "Salomes Dance", "Darkness Of Death", "Pale King"). Une dualité que Ritual Death a toujours cherché à entretenir et qui lui réussit plutôt bien puisqu’elle permet d’estomper la sensation de répétition qui peut très vite s’instaurer à l’écoute de ce Black Metal brut et primitif.
L’autre élément fort du Black Metal des Norvégiens et plus précisément de ce premier album éponyme est la présence de cet orgue poussiéreux qui participe largement à la construction et au développement de ces atmosphères lugubres dans lesquelles trempent chacun de ces neuf morceaux. Une utilisation quasi systématique qui, bien qu’en filigrane afin de ne jamais prendre le pas sur le reste des instruments (à moins qu’on lui laisse l’opportunité de le faire comme par exemple pour conclure un titre), va tout de même permettre d’accentuer cette impression de rituel diabolique et occulte qui est en train de se jouer dans nos oreilles à chaque nouvelle écoute. De "Ancient Devil Worship" à "Vermin" en passant par "Salomes Dance", "Darkness Of Death", "The Pale King" ou "Nothingness Without Emptiness Within", cet orgue donne le ton et nous plonge au plus profond de cryptes étranges, humides et interdites.
Comme son titre et son illustration le laissent grandement supposer, ce premier album de Ritual Death n’est en rien une surprise puisqu’il s’inscrit en effet dans la continuité des précédents travaux de la formation. Les Norvégiens poursuivent ainsi leurs aventures au son d’un Black Metal primitif et entêtant qui à défaut d’innover a pour lui une certaine efficacité et surtout de sacrées ambiances. De fait, si vous n’étiez déjà pas client de la musique de Wraath et sa bande, il n’y aucune raison pour que cela change aujourd’hui. Un disque à réserver aux seuls amateurs de Ritual Death et à ceux qui y trouvent leur compte chez les quelques groupes évoqués plus haut.
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