Alors que je parlais il y a quelques jours du (relativement) lumineux « Le Diable Est Ma Raison », voici donc le deuxième versant nettement plus sombre de S.V.E.S.T., duo français émérite et méconnu. Première chose, « Urfaust » est sold-out absolument partout alors n'espérez pas trop vous le procurer par des moyens légaux, à moins d'avoir quarante euros minimum à placer dans un disque ou d'attendre une hypothétique ré-édition (messieurs de chez NoEvDia / End All Life, s'il vous plaît...). Il est assez amusant de constater la différence textuelle de ces deux sorties, entre un
« Veritas Diaboli Manet In Aeternum » résolument orienté vers une beauté absolue en forme de pureté spirituelle palpable et cet unique full-lenght qui se focalise sur une noirceur totale, dépourvue d'une once de positivisme. Et si le groupe ouvre son dernier EP sur « Et La Lumière Fut », « Urfaust » s'ouvre quant-à-lui sur une « Putréfiance Rédemptrice », soit un concept qui en dit long sur le climat poisseux qui sera développé ici.
On se retrouve donc encore une fois nez à nez avec une production à mi-chemin entre Les Légions Noires, « A Blaze In The Northern Sky » et un fuzz très sincèrement dégueulasse doublé d'une voix saturée probablement enregistrée sur radiocassette Fisher Price. Et vous voulez que je vous dise : on en rien à secouer puisque cette qualité sonore qu'il est presque injuste de qualifier de « qualité », n'empêche pas ce disque de rester un des – si ce n'est LE – meilleurs du True Black. Une créativité immense, une émotion à son paroxysme et un classique qui reste cependant encore trop méconnu du public Black Metal (il n'y a qu'à comparer le nombre de chroniques du Split portant sur la face Deathspell Omega avec celles portant sur la partie de S.V.E.S.T.). Je le conçois. Et même, d'une certaine manière, je l'admets : la formation peut sembler par instants ridicule, noyée dans une masse de sorties typiquement Raw Black au son moisi mais quiconque à déjà un tant soit peu posé une oreille attentive sur les trois titres gargantuesques proposés ici se rendra bien vite compte de l'évidence.
Peu de groupes de Black Metal ont une recherche musicale aussi poussée que celle que propose Darkkarma, unique compositeur du combo (rappelons que Spica s'occupe du chant). Écoutez ces riffs descendants sur « Nuit De Walpurgis » ou encore cette tonalité de basse titanesque sur « Putréfiance Rédemptrice ». Chaque passage, chaque bribe de riff ou même chaque petit break fait mouche grâce à un travail de composition sur les guitares exemplaire. Dieu sait que peu de musiciens arrivent à captiver l'attention de l'auditeur sur un format oscillant entre dix et vingt minutes par morceau, le tout saucé par un rendu sonore complètement à l'antithèse du bon goût léché des productions actuelles et incontestablement « Urfaust » y arrive avec une facilité déconcertante. Et malgré mes propos précédents sur le son de cet opus, je tiens tout de même à préciser quelque chose. J'ai vu un commentaire sur Last.fm il y a quelques temps à ce sujet qui disait :
« Urfaust is a really weird, "big", sounding BM album ». En effet, cette affirmation est on-ne-peut-plus-juste : malgré son enregistrement des plus nuls techniquement parlant, on retrouve mystérieusement une espèce de toute puissance musicale. Pour être clair, cet album sonne du feu de Dieu. En partie grâce au Fuzz évoqué ci-dessus qui confère à la basse et aux guitares une résonance de cave mettant à genoux l'auditeur, une rondeur étouffante donnant cette impression que le groupe joue live, juste devant notre nez avec pour seule balance les potards de l'ampli poussés à fond.
Croyez-moi, il est bien difficile de résister longtemps aux trois monstrueux morceaux que propose cette galette. Cependant, je n'ai aucun doute sur le fait que S.V.E.S.T rebutera certains d'entre vous, pour son aspect volontairement sans concessions, jusqu'au-boutiste dans sa pratique de l'art noir. On ne peut pas dire que cet album dense propose des instants de repos ou des « pauses bienvenues » : si vous vous engagez dans « Urfaust », soyez bien sûr que vous n'en sortirez pas indemnes et que la formation vous malmènera pendant ces quarante minutes de pur occultisme. « Urfaust » est un poil masochiste, il faut bien l'avouer, et plonger dans ses trois compositions, c'est accepter une difficulté d'accès et une puissance dévastatrice parfois si grande qu'elle en devient déstabilisante. Cependant, dès la première écoute, le groupe sait disposer à sa guise de passages mémorables qui restent en tête et permettent à l'auditeur de se créer un déclic qui donne immédiatement l'envie de remettre le disque dans la chaîne. On remarquera au bout de quelques temps toutes les subtilités du style S.V.E.S.T, notamment sur les lignes de basse qui s'offrent le luxe d'être très travaillées, incorporant des influences psychédéliques palpables (le passages vers dix minutes sur le premier titre et son lot de guitares tournoyantes en bonus) avec une technique de jeu proche de la « basse chantante », emplie de groove. Comme vous vous en doutez déjà, « Urfaust » est un classique que tout fan de Black Metal se doit d'avoir écouté au moins fois et je peux vous assurer que vous n'êtes pas prêt de vous en remettre.
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