Si les années passent et que les parutions s’enchaînent de manière régulière, la sortie d’un nouvel album de Darkthrone continue de constituer un petit évènement dans ce microcosme qui est le notre. Bien entendu, en adaptant sa formule au gré de ses humeurs et de ses envies, le duo norvégien a perdu quelques auditeurs pourtant dévoués en cours de route. Seulement voilà, après trente-cinq ans de carrière faite de hauts et de bas, qu’y a-t-il de plus normal que des amours qui se font et se défont ?
Un an et quatre mois après le sympathique
Eternal Hails……, Darkthrone signe donc son retour avec la sortie relativement inattendue d’
Astral Fortress, un vingtième album paru fin octobre sur le label anglais Peaceville Records. Probablement conscient qu’il est devenu depuis quelque temps déjà une vaste fumisterie aux yeux de certains, Darkthrone a décidé de leur donner du grain à moudre en faisant le choix d’illustrer ce nouvel album à l’aide d’une photographie en noir et blanc particulièrement cocasse sur laquelle figure non pas seulement un homme en train de pratiquer du patin à glace sur le lac gelé de Kolbotn mais un homme arborant également un sweat aux couleurs de l’album
Panzerfaust. Plus qu’une fabrique à "memes" (merci Fenriz), Darkthrone excelle donc également dans l’art de troller son prochain.
Enregistré une fois de plus au Chaka Khan Studio sous la houlette des producteurs et techniciens Ole Øvstedal et Silje Høgevold,
Astral Fortress bénéficie pourtant d’une production plus équilibrée que son prédécesseur avec notamment des guitares plus abrasives, une batterie plus en retrait, une basse moins brouillonne pour un rendu général finalement plus harmonieux là où
Eternal Hails…… se montrait beaucoup plus compact et étouffé.
Pour le reste, pas de grosse surprise à l’horizon puisque Fenriz et Nocturno Culto récidivent avec ce proto-Black / Doom / Heavy Metal qu’ils perfectionnent depuis maintenant quelques albums. Le spectre de Celtic Frost continue donc de planer lourdement sur ces sept nouvelles compositions, que ce soit à travers ces riffs rudimentaires et répétitifs ou bien par les lignes de chants âpres d’un Nocturno Culto fatigué mais toujours aussi charismatique. Pour autant, si la formule reste effectivement inchangée,
Astral Fortress ne souffre pas des mêmes maux que son prédécesseur. Certes, le caractère lancinant et primitif de l’ensemble rend l’appréciation toujours aussi périlleuse et délicate mais ces impressions de longueurs parfois excessives qui émanaient de
Eternal Hails…… ne se font pas vraiment sentir aujourd’hui... Pourtant, de "Caravan Of Broken Ghosts" à "Impeccable Caverns Of Satan" en passant par "Stalagmite Necklace" ou "The Sea Beneath The Seas Of The Sea", le rythme général se montre plutôt lent et processionnaire avec ces riffs de quelques notes répétés ad-nauseam, cette batterie en apesanteur et cette voix nonchalante qui termine d’enrober le tout. Seulement voilà, Darkthrone a quelque peu revu sa copie, offrant ici davantage de titres (plus trois) pour une durée pourtant plus courte (quarante minutes contre quarante-deux pour son prédécesseur). Se faisant, les Norvégiens évitent de faire trainer les choses en longueur et renforcent au passage l’efficacité de leurs compositions.
Une efficacité qui doit également à ces nombreuses variations salutaires qui ponctuent plus ou moins significativement chaque composition. L’auditeur bercé par cette dynamique plombée et répétitive pourra en effet se délecter de ces quelques accélérations vraiment tranquilles menées sur "Caravan Of Broken Ghosts" à 3:03 et 4:16, "Impeccable Caverns Of Satan" à 1:06 et 2:57, "The Sea Beneath The Seas Of The Sea" à 4:13, "Kevorkian Times" à 2:10. De la même manière, on ne serra pas sans se réjouir de ces délicieux arrangements (l’introduction acoustique de "Caravan Of Broken Ghosts", ce mellotron et ces nappes de synthétiseur fantomatiques sur "Stalagmite Necklace", ce flanger sur "The Sea Beneath The Seas Of The Sea"...), leads, solos et autres variations thématiques ("Caravan Of Broken Ghosts" à 5:33, "Impeccable Caverns Of Satan" à 2:00, "Stalagmite Necklace" à 3:08, "The Sea Beneath The Seas Of The Sea" à 6:00...) qui ponctuent ce vingtième album et apportent à leurs manières toutes ces nuances nécessaires à sa bonne appréciation.
Au final, même si un titre comme "Kolbotn, West Of The Vast Forests" pourra interroger sur sa pertinence (courte composition instrumentale menée par un piano désaccordé et dissonant qui n’apporte pas grand chose si ce n’est un peu d’air vicié entre les deux titres qui l’entourent),
Astral Fortress se révèle rapidement comme un très bon cru de ce Darkthrone à la sauce "mid/late 80’s". Bien entendu, Celtic Frost demeure l’influence la plus évidente, celle qui vous saute aux yeux et oreilles mais ce clin d’oeil fait par Darkthrone à l’album
Panzerfaust n’est pas non plus tout à fait anodin puisque l’on retrouve effectivement ici et là de nombreux éléments évoquants notamment des titres tels que "Triumphant Gleam", "The Hordes Of Nebulah", "Beholding The Throne Of Might" ou "Quintessence". Bref, si nous savions Darkthrone résolument tourné vers le passé, nous avions peut-être tendance à oublier que ce virage rétrograde, il l’avait déjà amorcé plus subtilement il y a déjà près de trente ans. Naturellement, cette version primitive proto-Black / Doom / Heavy Metal de Darkthrone ne fera jamais l’unanimité parce qu’il ne s’agit pas du Darkthrone qui a marqué de son sceau l’histoire du Black Metal. Il n’empêche pour autant que ce
Astral Fortress est dans son genre une belle réussite avec des titres certes rudimentaires et primitifs mais néanmoins prenants et addictifs.
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