Fin 2016, Cultes Des Ghoules surprenait tout son petit monde avec la sortie d’une pièce colossale et particulièrement ambitieuse de plus de quatre-vingt-dix minutes intitulée
Coven, Or Evil Ways Instead Of Love. Un troisième album paru à la surprise générale puisqu’aucune communication n’avait été faite en amont, que ce soit par le label ou par le groupe. Contre toute attente, Cultes Des Ghoules était de retour l’année suivante avec un excellent split en compagnie de Sepulchral Zeal. Certes, le morceau dispensé par les Polonais n’était pas de première fraîcheur mais pour être honnête je ne m’attendais pas à les voir revenir aussi tôt. Et là, moins de deux ans après cette pièce de théâtre musicale aussi difficile à appréhender que réussie, voilà que Mark Of The Devil et ses compagnons d’infortune nous refont exactement le même coup avec la sortie encore une fois bien gardée de leur quatrième album intitulé
Sinister, Or Treading The Darker Paths.
Pour illustrer ce nouveau méfait, les Polonais ont une fois de plus fait appel à leur compatriote Mar.A. La demoiselle a pour l’occasion changé de registre avec un travail beaucoup plus sombre et sinistre que celui très coloré et aux formes beaucoup plus diffuses réalisé pour
Coven, Or Evil Ways Instead Of Love. Et si les yeux sont tout de suite attirés par cette main menaçante brandissant une dague ensanglantée, sachez tout de même que l’on distingue en arrière-plan un bébé à l’agonie (je me permets de vous le préciser car je ne l’ai moi-même vu pour la première fois que très récemment). On est ainsi bien loin des errements boisés suggérés par l’artwork du précédent album. De la même manière, et en dépit d’un titre reprenant la même syntaxe,
Sinister, Or Treading The Darker Paths n’entend pas réitérer l’exercice de l’opéra morbide mis en musique. Certes, il y a bien une idée de concept derrière ce nouvel album mais il n’y a cette fois-ci aucun personnage pour nous conter ces histoires de sorcelleries, de mort, de possessions et de Diable.
Redescendu sous la barre psychologiquement acceptable des soixante minutes, ce nouvel album se fait d’ores et déjà plus accessible. Cinq titres de plus ou moins dix minutes, rien de particulièrement choquant pour Cultes Des Ghoules habitué à ce genre de format allongés. Mais pourtant, les choses ne sont pas forcément plus faciles pour autant. En effet, les Polonais ouvrent leur quatrième album avec "Children Of The Moon", un titre lent et extrêmement répétitif pendant lequel Cultes Des Ghoules ne va faire que servir ad nauseam le même pattern entêtant. Une tactique de répétition qui a pour but d’entraîner l’auditeur dans une espèce de spirale psychologique infernale. La seule chose qui va alors un tant soit peu évoluer tout au long de ces sept minutes sera le chant toujours aussi exceptionnel de Mark Of The Devil. Je l’ai déjà dit mais je n’ai pas d’autre choix que de le répéter tant cette voix malveillante aux multiples personnalités est assurément l’un des principaux atouts du groupe. Un point sur lequel repose effectivement une bonne partie de l’identité de Cultes Des Ghoules grâce à cette aptitude à embrasser tous les aspects de la folie dans ce qu’elle a de plus sournois et de dérangeant. Il y a peu de voix dans le Black Metal capable de me coller de véritables frisson mais celle de Mark Of The Devil y arrive à tous les coups (même si je trouve sa prestation moins remarquable que sur
Henbane - tout le monde se souvient de ce "Vintage Black Magick" d’anthologie).
Parmi toutes ces petites choses qui caractérisent également Cultes Des Ghoules, on retrouve notamment la production du leader de Mgla qui signe ici un travail en tous points identiques à ce qu’il a pu faire précédemment sur
Henbane et
Coven, Or Evil Ways Instead Of Love. Une signature sonore marqué par ce caractère abrasif et faussement bancal qui confère au Black Metal des Polonais une impression très forte d’authenticité. Certes, on est ici un petit peu comme à la maison mais il y a toujours eu dans cette âpreté et ce son finalement assez naturel quelque chose de terriblement envoutant. Un charme à la fois désuet et pourtant si juste qui nourrit ces atmosphères sinistres portées par des compositions jamais vraiment très faciles d’accès. Car c’est une autre des particularités de Cultes Des Ghoules, penser ses morceaux comme un enchevêtrement de séquences n’ayant pas nécessairement entre elles de véritable cohérence. Ce choix qui n’est pas anodin va demander de la part de l’auditeur, qu’il soit un habitué ou non, un véritable effort d’engagement pour espérer pouvoir pénétrer l’univers sombre et tourmenté des Polonais. Encore une fois, il m’a donc fallu un certain nombres d’écoutes avant de pouvoir apprécier à sa juste valeur ce
Sinister, Or Treading The Darker Paths. Et pour être tout à fait honnête, il m’en a même nécessité davantage que son prédécesseur qui malgré sa durée excessive avait su m’attraper plus rapidement.
Outre ce premier morceau compliqué qui ne donne pas nécessairement envie d’aller voir plus loin et qui pourtant, par ce caractère répétitif assez repoussant, nourrit quelque chose de de terriblement fascinant, il faut reconnaître que les quatre autres autres morceaux ne m’ont pas autant séduits que ceux des deux albums précédents. Pourtant, le groupe fait preuve du même talent ainsi que de beaucoup d’originalité dans la construction de ses compositions, prenant soin de surprendre mais également de pousser l’auditeur dans ses plus profonds retranchements (comme par exemple ce break basse/batterie faussement jazz sur "Where The Rainbow Ends" à 2:13). Mais en fait il faut juste se rendre à l’évidence, alors que rien n’a fondamentalement changé, je trouve que ce
Sinister, Or Treading The Darker Paths est finalement un peu en deçà de ces deux prédécesseurs, probablement parce qu’il manque quelques moments vraiment marquants qui faisaient de
Henbane et
Coven, Or Evil Ways Instead Of Love des albums aussi forts. Car malgré tout le talent de Cultes Des Ghoules, tout le soin apporté une fois de plus par le groupe pour faire de cet album quelque chose de toujours aussi remarquable, je sans au plus profond de moi que l’enthousiasme n’est pas aussi grand qu’auparavant. Et cela, sans que je puisse vous dire que c’est ce soit la faute de compositions mal pensées, de riffs peu inspirés ou de mises en place hasardeuses… C’est juste que pour le coup, ça le fait moins, un tout petit moins.
Et pourtant, si ce
Sinister, Or Treading The Darker Paths n’est pas un album aussi intense et aussi séduisant que ces deux prédécesseurs à mes yeux, il reste un disque d’une grande richesse, ne se dévoilant qu’au fil d’un certain nombre d’écoutes attentives, nécessitant comme toujours de notre part une certaine exigence dans notre rôle d’auditeur. Il est également une fois de plus le reflet d’un groupe à la personnalité très forte, ne ressemblant finalement à rien d’autre dans le paysage Black Metal actuel ce qui, en soit, en fait déjà un vrai cas d’école sachant qu’il s’agit tout de même d’un groupe relativement récent. Bref, ce
Sinister, Or Treading The Darker Paths est un album une fois de plus très particulièrement bien ficelé sur lequel on retrouve tout ce qui faisait déjà le charme de Cultes Des Ghoules : cette âpreté dans le son, ce côté bancale dans l’exécution, ces atmosphères sinistres et saisissantes et cette voix absolument folle et inquiétante. Et pourtant, pour je ne sais pas quelle raison valable, celui-ci me fait tout simplement un peu moins d’effet. Rien de dramatique en soit mais à choisir,
Henbane et
Coven, Or Evil Ways Instead Of Love auront toujours ma préférence, enfin pour le moment...
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