Délétère - Songes d'une nuit souillée
Chronique
Délétère Songes d'une nuit souillée
Je suis les Québécois depuis leurs débuts. Leur musique archi typique de la scène de nos illustres cousins l’a toujours emballé, à l’image des Forteresses, Monarque et consorts. J’aime leur touche, leur inspiration, leur univers. Les heures de la peste comme De horae leprae ne faiblissent jamais vraiment. Leurs deux EP non plus. Combo brillant, Délétère est également un groupe patient, qui sait prendre son temps avant de proposer du nouveau matériel, presque toujours donc pour le meilleur.
Songes d’un nuit souillée débarque ainsi 5 ans après De Horae Leprae et 4 ans après leur dernier EP, Theovorator : Babelis Testamentum. 43 minutes, 8 titres, un bel artwork et une musique dans la droite ligne des deux précédents efforts, pour notre plus grand plaisir.
Chasse obscène monte ainsi en puissance doucement, ouvrant les hostilités au gré d’une musique enlevée, bourrée d’emphase, comme à l’accoutumée, dans laquelle la structure se tord, chargée d’informations diverses et variées, comme d’arrangements tournoyants. Ce premier titre annonce la couleur : la musique du combo québécois sera fournie, dense, pleine de rebondissements (les chœurs qui s’installent d’un coup par exemple ; les changements hyper rapides de tempo, passant de l’accélération à la rupture mid-tempo en une fraction de seconde) et de mélodies tapissant l’arrière-plan. Sacre de la Perversion, Foutredieu et Messe scandaleuse sont construits sur des bases similaires, à ceci près que leur départ est nettement plus menaçant avant de s’emballer de nouveau dans des tempi élevés d’où l’emphase et les mélodies suintent littéralement. Ces morceaux sont encore conçus comme un mélange dense de rythmiques échevelées et de cassures ultra brutales d’où s’échappent des mélodies tournoyantes magnifiques (ou de beaux arrangements, comme l’orgue en pont central sur Sacre de la Perversion ou les chœurs sur Foutredieu). C’est majestueux, ça rappelle les meilleures heures de Serment, de Forteresse… et le tout plonge l’auditeur dans leur univers sans aucune difficulté. Messe scandaleuse amorce néanmoins une rupture, qui se pose en morceau bien plus violent que les précédents. Situé en plein milieu de la tracklist, il semble introduire la seconde partie de l’album.
Sonata Impudicitiae est en effet un délicat morceau au piano, qui offre une respiration avant de basculer vers les trois derniers titres. Une sorte d’interlude qui introduit Lex Syphilii, morceau plus dense à nouveau, très enlevé, axé sur le même type de mélodies que la première partie mais avec une voix plus solennelle, plus grave, plus cérémonieuse. L’emphase est accentuée, jusque dans la voix, qui renvoie une impression de cavalcade sonore en même temps que de descente dans les profondeurs, pour un résultat surprenant. Le Labour des chairs s’inscrit dans la même veine de rythmique très enlevée et de mélodies ultra rapides. Le refrain est cette fois-ci plus accentué, tout comme la reprise de thèmes identiques à intervalles réguliers.
La nuit souillée ferme le ban sur un tout autre style, avec une musique plus posée, plus lente, très profonde, dotée d’un son presque ouaté, menaçant et bourré d’arrangements : chœurs, travail sur les mélodies… qui accélère au fur et à mesure. La voix trainante se fait plus agressive mais sans dénaturer la profondeur du titre.
Songes d’une nuit souillée, tu l’auras compris, n’amoindrit en rien la discographie sans faille de Délétère. Pierre après pierre, le combo québécois gagne ses titres de noblesse et s’impose comme un cador de la scène BM canadienne.
| Raziel 25 Novembre 2023 - 923 lectures |
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