Délétère - De Ritibus Morbiferis
Chronique
Délétère De Ritibus Morbiferis (Compil.)
(Demo Compendium)
Pour célébrer la parution du premier opus de Délétère, le 7 avril prochain, Sepulchral Productions a décidé de faire les choses en grand. Le label québecois a eu en effet la judicieuse idée de sortir le même jour une compilation regroupant les deux demo du groupe, Inopia et Morbo (2012) et Sacrificium Necrothytum (2013), dont les éditions limitées en cassette ˗ réalisées par Les Productions Hérétiques ˗ ont rapidement été épuisées. Une chance pour les allergiques à ce format ainsi que toutes les personnes arrivées trop tard de pouvoir enfin mettre une main dessus, mais également un bon moyen pour les novices de découvrir l'univers blasphématoire et sordide de cette ténébreuse entité formée en 2009, menée par Atheos (Monarque, membre intérimaire) et Thorleïf (Valknacht, ex-Utlagr).
Divisée en deux parties, la compilation suit logiquement la progression du groupe en offrant une suite chronologique. Le disque s'ouvre donc par une messe noire avec « Credo », une introduction ambient d'où vous parvient ce doux et inquiétant tintement de carillon suivit par un orgue tant puissant que cérémoniel. Les voix s'élèvent clamant en latin la gloire au Centipède, prenant un ton plus agressif et empreint de folie au fil des minutes. Le groupe s'immisce vicieusement dans vos crânes avec ses volutes de fumées opaques et tremblotantes. Une forte odeur d'humus se fait sentir à l'écoute de cette première demo semblant avoir été enregistrée dans un caveau, ou quelques cryptes, tant la production est des plus primitives et crasseuses, renvoyant aux Légions Noires. Un côté très étouffant et hermétique malgré les quelques touches plus aériennes provenant de l'orgue ainsi que du carillon, dont est parsemé Inopia et Morbo.
Une demo rampante se faufilant avec toujours plus de lenteur, passé l'accrocheur « Une Lampée de Ciguë ». Un titre sonnant comme un hymne où les voix ne cessent de scander « Inopia et Morbo » unies par le même fanatisme aveugle, habitées par une ferveur montant crescendo. Un chant excellemment réalisé qui retranscrit au mieux le propos et dont la force et le charisme vous tient en haleine. Ces vocalises couplées aux riffs tant basiques qu'entêtants montrent que Délétère veut transcender l'auditorat, le fédérer. Cependant ce côté brut et aguicheur va rapidement s'estomper au profit de titres plus lents et ambiancés ponctués de mélodies dépressives et mélancoliques, notamment sur « Le Caveau ». Un aspect qui ne rend pas grâce à l'ensemble par de trop nombreuses longueurs ainsi qu'un manque cruel de variation, laissant un arrière goût d'inachevé. De même, un sentiment de confusion extrême semble régner tout du long, vous laissant telles des brebis égarées cherchant leur voie.
Néanmoins les Québecois laissent ici des repères par un savant mélange chant français/chant latin, un côté très occulte moyenâgeux et grouillant ainsi qu'une personnalité marquée ne demandant qu'à éclore. Une essence nocive, mise en abîme par une musique lo-fi, que vous retrouvez sur la deuxième demo Sacrificium Necrothytum où le duo s'affirme totalement, gommant les quelques défauts cités plus haut. Une évidence qui prend forme dès les premières notes de « Milites Pestilentiae », titre d'ouverture à la fois très frontal et empli de perversions sans nombre. Les ambiances sont désormais portées par des guitares tant nerveuses que grésillantes déversant des riffs percutants et briseurs de nuque sur les passages plus mid tempo comme sur « Sales Vestales ». Les moments lents et ambient se font des plus rares sur cette demo, de même que les effets passent au second plan.
Délétère ne s'encombre point, allant à l'essentiel par des titres incisifs mais sombres dont la forte odeur de charogne vous pique le nez et donne la nausée. Un sang noir et épais abreuve toujours les veines du groupe, irriguant leur cerveau malade. En découle une personnalité encore plus dérangée et morbide avec des morceaux plus longs, complexes et ensorcelants comme le démontre « Terveneficus » qui est une parfaite synthèse entre atmosphères glauques ritualistes et mélodies entraînantes. Le groupe se fend même d'une majestueuse outro instrumentale, clin d’œil à leur première réalisation, accaparant toute votre attention malgré une durée excessive, grâce notamment a des touches de synthé tant singulières que touchantes ainsi que l'orgue toujours aussi imposant et porteur de symboles.
Certes la compilation De Ritibus Morbiferis – Demo Compendium pêche par une certaine irrégularité, due à une première partie un cran au-dessous. Cependant, prise dans sa globalité, cette dernière est un petit monument de crasse et de noirceur. Une œuvre souterraine et modeste qui vous plonge dans l'univers dépravé à souhait de Délétère.
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