Délétère - De Horae Leprae
Chronique
Délétère De Horae Leprae
Mine de rien, Délétère avance bien. De Horae Leprae est son déjà deuxième album en trois ans, sans compter les EP de qualité servant d’intermèdes. Groupe jeune, les québécois n’en sont pas moins attirants et talentueux. Leur premier effort, Les Heures de la Peste, m’avait bien emballé, moi qui suis de plus en plus rétif à la nouveauté, tu le sais, en BM comme en death, comme en doom… considérant que le copié-collé n’a que trop duré. Or, de ce point de vue, Délétère me paraît différent, des atmosphères développées aux structures proposées.
Il est d’abord à noter queDe Horae Leparae est un concept-album, écrit ans un français tout ce qu’il y a de plus correct, qui aborde l’histoire de Teredinis, un lépreux devenu prophète, la « préfiguration de la Peste incarnée ».
Divisé en 9 Cantus, cet album débute par un Cantus I - Teredinis Lepra violent mais déjà très ambiancé, au son organique et claquant. Sur une dynamique élevée, Délétère propulse l’auditeur dans un maelström de blast et de mélodies tournoyantes (Cantus III – Ichtus Os Tremoris également), mêlant intimement dans la structure guitares échevelées et arrangements de batterie à foison. Riche, l’architecture du titre l’est assurément, surtout quand, dès les 5’50, les guitares partent en soli ultra speed, ajoutant encore des informations à une structure gavée. Ce schéma constituera la vision de la presque totalité de l’album.
La force de Délétère n’est pas que de proposer des compos inspirées et riches ; elle est aussi de les baigner, en dépit de leur technique, dans une emphase quasi « médiévale » de premier ordre, sans perdre en violence pure. Cantus II - Sagina Caedendis, Cantus III – Ichthus Os Tremoris et Cantus IV – Inopia et Morbo présentent ainsi une synthèse de ces atours, le rythme dévastateur de la batterie soutenant la folie des guitares sans faillir. Et lorsque le rythme ralentit (Cantus III – Ichtus Os Tremoris), c’est pour mieux mettre en valeur le travail des grattes et le caractère quasi progressif de la structure. Pour autant, à aucun moment le groupe ne sacrifie la mélodie, soit fondue dans la masse (Cantus II - Sagina Caedendis, Cantus IV – Inopia et Morbo), soit clairement exposée dans un mid-tempo plus net (Cantus III – Ichtus Os Tremoris et son final).
A compter du Cantus V – Figura Dysphila, qui sert à mon sens de transition dans l’album, le rythme décroit sans que les ambiances en pâtissent. Sur une batterie aux « faux » rythme, Délétère déploie un titre plus rampant, plus menaçant mais fort d’atmosphères pesantes et austères… jusqu’à l’accélération qui dirige le morceau vers d’autres dynamiques, d’autres mélodies aériennes. Un grand titre, qui démontre la science de composition du groupe. Cantus VI – Barathra I et Cantus VII – Barathra II, quant à eux, forment davantage un duo de fin d’album, destiné à aérer la densité d’un album qui n’en manque pas, avec leurs espèces d’orgues funèbres qui tapissent l’arrière-plan (Cantus IX – Oratio Magna aussi), leur basse plus appuyée et les soli de guitares ultra mélodiques et enlevés, même si le final de chaque titre est absolument dantesque et brutal. L’emphase emporte tout sur son passage (le départ magnifique de Cantus VII – Barathra II), balayant l’auditeur comme la Peste balaie un village.
Fort d’idées en pagaille, De Horae Leprae finit sur des tempi plus nettement punk (Cantus VIII – Atrum Lilium) desquels la mélodie n’est encore pas absente, sans que le groupe ne perde en cohérence ou en attractivité.
De Horae Leprae confirme tout le bien que je pensais de Délétère, de son caractère à part dans la scène, de sa science de composition et de créateur d’ambiances. Il plaira à tous les amateurs exigeants de BM, désireux d’écouter autre chose que le dernier (malheureux) Darkthrone…
| Raziel 27 Juillet 2019 - 1395 lectures |
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